Human Rights Watch a publié hier le rapport « L’Éducation prise pour cible 2024 », en collaboration avec la Global Coalition to Protect Education from Attack (GCPEA), en français Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques. Le document renseigne que les attaques contre l’éducation en période de guerre se multiplient à l’échelle mondiale notamment dans des pays comme l’Uktraone, la Palestine, le Yemen, le Nigéria, le Burkina Faso, etc. A noter que le conflit en Palestine et d’autres conflits majeurs sont à l’origine d’une grande partie de cette augmentation selon la GCPEA.
Attaques contre l’éducation et utilisation militaire des écoles et des universités dans les pays étudiés, 2022-2023
Le document a évoqué le cas des affectés. Selon les chercheurs ont documenté 10 à 199 incidents d’attaques contre l’éducation ou d’utilisation militaire d’établissements d’enseignement, ou bien 10 à 199 élèves et membres du personnel de l’éducation blessés par des attaques contre l’éducation.
Pour le cas des lourdement affectés, le rapport souligne que 200 à 399 incidents d’attaques contre l’éducation ou d’utilisation militaire d’enseignements, là où il y a au moins 400 incidents d’attaques contre l’éducation ou d’utilisation militaire d’établissements d’enseignement, ou bien au moins 400 élèves et membres du personnel de l’éducation blessés par des attaques contre l’éducation, pour le cas des très lourdement affectés.
Les principales constatations du rapport de HRW
Les attaques contre l’éducation ont été fréquentes et généralisées en 2022 et 2023. La Coalition mondiale pour protéger l’éducation contre les attaques (Global Coalition to Protect Education from Attack, GCPEA) a identifié environ 6 000 attaques signalées contre des élèves, des éducateurs, des écoles et des universités, ainsi que des cas de parties à un conflit utilisant des établissements éducatifs à des fins militaires.
Les attaques contre l’éducation et l’utilisation à des fins militaires ont augmenté de près de 20 % en 2022 et 2023, par rapport aux deux années précédentes. Plus de 10 000 élèves et éducateurs auraient été tués, blessés, enlevés, arrêtés ou autrement affectés par des attaques contre l’éducation en 2022 et 2023. Le nombre d’élèves, d’enseignants, de professeurs et de membres du personnel éducatif tués ou blessés a augmenté de plus de 10 % par rapport à 2020 et 2021, période couverte par le dernier rapport l’Éducation prise pour cible.
Les attaques ont également endommagé ou détruit des centaines d’établissements d’enseignement, entraînant des fermetures temporaires ou permanentes, et des semaines ou des mois de perte d’apprentissage. Certains élèves ont également eu besoin d’un soutien psychosocial après des attaques contre leur école ou leur université, ou ont craint de retourner à l’école après des attaques.
En 2022 et 2023, le plus grand nombre d’attaques contre l’éducation a été enregistré en Palestine, en Ukraine, en République démocratique du Congo (RDC) et au Myanmar. Dans chacun de ces pays, des centaines d’écoles ont été menacées, pillées, incendiées, ciblées par des engins explosifs improvisés (EEI), ou touchées par des bombardements ou des frappes aériennes. Au cours de ces mêmes années, l’Inde, le Pakistan, la Palestine et l’Afghanistan ont fait état d’un nombre élevé de personnes blessées ou tuées lors d’attaques contre l’éducation. Dans certains cas, des élèves ou des enseignants ont été blessés ou tués lors d’attaques contre des écoles et des universités, tandis que dans d’autres, ils ont été la cible d’enlèvements ou d’arrestations, ou ont été blessés alors qu’ils se rendaient à l’école ou à l’université ou en revenaient.
Deux pays non inclus dans le rapport précédent sont présentés dans celui-ci, l’Égypte et le Kirghizistan. L’Égypte a été impliquée dans un conflit avec un groupe armé affilié à l’État islamique dans la péninsule du Sinaï, où plus de dix cas d’utilisation militaire d’écoles ou d’universités ont été identifiés. Pendant ce temps, le Kirghizistan était engagé dans un conflit armé international le long de sa frontière avec le Tadjikistan, au cours duquel plus de 20 écoles ont été endommagées ou détruites lors d’une brève escalade des hostilités en septembre 2022.
Les attaques contre l’éducation ont augmenté en Ukraine, au Soudan, en Palestine, en Syrie et au Nigéria en 2022 et 2023, par rapport aux deux années précédentes. L’escalade de la guerre en Ukraine s’est traduite par une augmentation significative des attaques contre les écoles et les universités après février 2022, dont bon nombre impliquent des bombardements d’artillerie, des roquettes et des frappes aériennes. Après l’éclatement du conflit au Soudan en avril 2023, les attaques contre les établissements d’enseignement et leur utilisation à des fins militaires se sont multipliées. En Palestine, les attaques contre l’éducation ont culminé en octobre 2023, à la suite de l’escalade des hostilités. En Syrie, des enfants ont été recrutés sur le trajet de l’école, et les écoles ont été de plus en plus attaquées en 2023 et, au Nigeria, l’utilisation militaire des écoles a augmenté la même année.
En République centrafricaine (RCA), en Libye, au Mali et au Mozambique, entre autres pays, les attaques contre l’éducation ont diminué au cours de la période considérée, par rapport à 2020 et 2021. Ces pays ont connu des changements dans la dynamique du conflit, notamment une désescalade du conflit. À l’échelle mondiale, les incidents d’utilisation militaire d’écoles et d’universités ont augmenté en 2022 et 2023 par rapport à 2020 et 2021, pour atteindre plus de 1 000 incidents. Les rapports ont été plus fréquents en Afghanistan, au Myanmar et au Nigéria, où les forces armées ou des groupes armés non étatiques ont occupé des écoles et des universités pour les utiliser comme bases, casernes et dépôts d’armes, entre autres fins non éducatives. Des filles et des femmes auraient été prises pour cibles en raison de leur genre lors d’attaques contre l’éducation dans au moins dix pays. Dans certains contextes, comme en Afghanistan et au Pakistan, les élèves filles et les enseignantes ou leurs établissements d’enseignement ont été pris pour cible dans le but de les empêcher de recevoir une éducation. En outre, les parties au conflit ont perpétré des violences sexuelles contre des femmes et des filles dans les écoles ou les universités, ou sur le chemin de celles-ci.
Toujours selon le rapport, les élèves handicapés, les élèves lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) ainsi que les élèves issus de communautés autochtones et de minorités ethniques ont été confrontés à une plus grande vulnérabilité et ont été particulièrement touchés par les attaques contre l’éducation. Des armes explosives ont été utilisées dans environ un tiers de toutes les attaques signalées contre l’éducation en 2022 et 2023. Ces attaques comprenaient des frappes aériennes, des roquettes et des bombardements d’artillerie, ainsi que l’utilisation d’engins explosifs improvisés et de mines antipersonnel. Au cours de la période considérée, la GCPEA a identifié l’utilisation d’armes explosives dans un nombre important d’attaques contre l’éducation en Colombie, au Myanmar, en Palestine, au Soudan, en Syrie, en Ukraine et au Yémen. Entre la publication de l’Éducation prise pour cible 2022 et février 2024, six nouveaux pays ont approuvé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, avec un total de 119 pays s’engageant désormais à protéger l’éducation dans les situations de conflit armé. Le Secrétaire général des Nations Unies (ONU), le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, ainsi que d’autres dirigeants mondiaux ont souligné l’importance de la Déclaration. Les 9 septembre 2022 et 2023, l’ONU a célébré la troisième et la quatrième Journée internationale pour protéger l’éducation contre les attaques. Les gouvernements et les agences de l’ONU ont également progressé dans la mise en œuvre de la résolution 2601 du Conseil de sécurité de l’ONU sur la protection des écoles dans les conflits armés.
L’Éducation prise pour cible
Le rapport souligne que les attaques contre l’éducation ont été fréquentes et généralisées en 2022 et 2023. La GCPEA a identifié environ 6 000 attaques signalées contre des écoles et des universités, des élèves et des éducateurs, ainsi que des cas d’utilisation militaire d’établissements d’enseignement au cours de la période considérée. Au moins 10 000 élèves, enseignants, professeurs et membres du personnel éducatif ont été tués, blessés, enlevés, arrêtés ou autrement affectés lors de ces attaques. En comparaison, en 2020 et 2021, la GCPEA a collecté plus de 5 000 incidents signalés d’attaques contre l’éducation et d’utilisation militaire qui ont touché plus de 9 000 élèves, éducateurs et membres du personnel. Par exemple, au Soudan, plusieurs obus ont frappé le dortoir pour femmes de l’université d’El Geneina et ses environs à El Geneina, dans l’ouest du Darfour, en juin 2023. Le bombardement a rendu borgne une femme.
Au Myanmar, le village de Buanlung, dans l’État de Chin, a été attaqué avec des armes explosives en octobre 2022, tuant deux élèves du primaire qui rentraient de l’école et blessant un autre enfant. En mars et avril 2022, les forces russes ont utilisé une école du village de Yahidne, dans la région de Tchernihiv, en Ukraine, comme base militaire et centre de détention, détenant dans le sous-sol plus de 350 villageois, dont au moins 70 enfants. Une école a été touchée dans le camp de réfugiés d’al-Maghazi, dans la bande de Gaza, en Palestine, lors de frappes aériennes israéliennes en octobre 2023 ; la frappe a causé des dégâts structurels à l’école, qui était gérée par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). En Colombie, un groupe armé aurait pénétré dans plusieurs écoles de la municipalité de Cimitarra, dans le département de Santander, en avril et mai 2023, menaçant au moins 20 enseignants pendant leurs cours. En réponse, les écoles auraient suspendu les cours pendant deux semaines et transféré certains enseignants dans d’autres écoles.6 Ces exemples montrent les morts, les blessés et les dégâts causés par les attaques contre l’éducation, ainsi que leurs impacts sur l’apprentissage. Ils montrent également que les attaques ne sont pas exceptionnelles. En moyenne, huit attaques contre des établissements d’enseignement ou cas d’utilisation militaire ont été enregistrés quotidiennement au cours des deux dernières années.
Le rapport l’Éducation prise pour cible 2024 présente les 28 pays en conflit armé qui ont été les plus touchés par les attaques contre l’éducation en 2022 et 2023. Bien que les attaques contre l’éducation se soient multipliées à l’échelle mondiale au cours de la période de référence, des dynamiques de conflit complexes se sont produites entre et au sein des pays, avec des taux d’attaques en hausse dans certains endroits et en baisse ailleurs. L’Aperçu mondial et les profils de pays fournissent un aperçu des facteurs contextuels à l’origine de ces attaques, ainsi que des tendances annuelles et des rapports d’incidents.
Tendances des attaques contre l’éducation et utilisation militaire des écoles et des universités en 2022-2023
La GCPEA suit cinq catégories d’attaques contre l’éducation et d’utilisation militaire des établissements d’enseignement. Voici les tendances mondiales pour la période de référence 2022-2023 pour chacune de ces catégories.
Pour les attaques contre des écoles, le rapport souligne qu’elles ont été la forme d’attaque contre l’éducation la plus répandue au cours de la période considérée, représentant plus de la moitié de tous les incidents signalés d’attaques contre l’éducation et d’utilisation à des fins militaires.
En 2022 et 2023, la GCPEA a collecté des rapports faisant état de plus de 3 250 attaques contre des écoles dans 27 pays étudiés. Ces attaques comprenaient des frappes aériennes, des bombardements, des incendies criminels, des pillages et des menaces ; elles ont causé la mort ou des blessures à plus de 725 élèves et enseignants, ainsi que des dommages à des centaines d’établissements scolaires et une perte d’apprentissage importante.
En 2022 et 2023, l’Ukraine et la Palestine ont été les pays les plus touchés par les attaques contre les écoles, l’Ukraine ayant connu environ 700 attaques et la Palestine au moins 640. En Ukraine, la majorité des attaques contre les écoles ont eu lieu dans les régions du sud et de l’est et impliquaient des armes explosives, notamment des frappes aériennes et des bombardements. En Palestine, entre l’escalade des hostilités d’octobre et décembre 2023, l’ONU a signalé qu’au moins 352 écoles ont été endommagées dans la bande de Gaza, ce qui représente plus de 60 % de toutes les écoles. Le Burkina Faso, la RDC, le Myanmar et le Yémen ont également été fortement touchés par des attaques contre les écoles.
Alimatou SARR (Avec HRW)