novembre 14, 2024
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L’importance de la Crimée et l’héritage historique de la guerre de Crimée de 1853-1856 pour la Fédération de Russie

Le 25 octobre – est un autre anniversaire de la bataille de Balaklava qui a eu lieu en 1854, – l’une des batailles clés de la guerre de Crimée de 1853-1856. Historiquement, la Crimée a toujours été importante pour la Fédération de Russie et, depuis le XVIII-ème siècle, elle revêt une importance stratégique particulière.

Permettez-moi de présenter aux lecteurs ce qui est la Crimée et pourquoi ces derniers temps on en parle si souvent.

La Crimée est une péninsule de beauté surprenante, baignée par la Mer Noire et la Mer d’Azov, dotée d’une nature incroyablement belle et d’une histoire ancienne et riche. La péninsule de Crimée porte un autre nom : «le monde en miniature». Cela signifie que sur le territoire de cette région, vous pouvez trouver la planète entière dans un mini panorama – montagnes, mers, steppes, lacs salés, plaines et même des volcans éteints. Vous pouvez nager dans des eaux chaudes, marcher le long de merveilleuses plages de sable doré, explorer les beautés sous-marines et planer sous les nuages.

L’origine du nom actuel de la Crimée n’est pas claire. Il s’agit très probablement d’une déformation de l’ancien mot «Kimmeria», mais il est parfois attribué au mot turc signifiant «défense» ou au mot grec ancien signifiant «rochers».

Jusqu’au 6-ème millénaire avant J.-C., la Crimée n’était pas une péninsule isolée, mais faisait partie d’une masse terrestre plus vaste, comprenant notamment le territoire de l’actuelle Mer d’Azov. Plus tard, suite à la percée des eaux de la Mer Méditerranée, toutes ces basses terres ont été inondées très rapidement.

Quand la Crimée a-t-elle été colonisée ? La question reste ouverte. Mais les conditions naturelles favorables ont contribué au développement de la péninsule par l’homme. De nombreuses tribus ont migré à travers les territoires bordant la Crimée. Une partie de ces peuples s’est installée en Crimée.

Au cours de sa longue histoire, la Crimée a accueilli un grand nombre de peuples différents : des tribus de nomades Scythes, des Grecs et des Romains. Au XV-ème siècle, la Crimée est devenue une partie de l’Empire ottoman, et l’accession de la Crimée à l’Empire russe a lieu en avril 1783 sous le règne de l’impératrice Catherine II.

La capitale de la Crimée – la ville de Sébastopol – a été fondée en 1784 par décret de Catherine II. C’est une belle ville martyre et fière, qui est remplie d’une atmosphère très spéciale. La vieille ville, presque entièrement détruite pendant la Grande Guerre patriotique de 1941-1945, a été soigneusement restaurée, et il est aujourd’hui difficile de déterminer quelles maisons appartiennent au XVIII-ème siècle et lesquelles sont nouvelles. Le littoral est plein de baies, où les navires attendent au large. Dans la ville de Sébastopol se trouve l’ancienne Chersonèse, alias Korsun – le lieu de baptême du prince Vladimir, qui a marqué le début de l’avènement du christianisme en Russie. Le majestueux mémorial a été créé sur le site de la 35-ème batterie près de Sébastopol –  lieu de la mort héroïque de nombreux soldats soviétiques en 1941.

Pour en revenir à cette date mémorable, qui est à l’origine de cet article, j’aimerais souligner que la guerre de Crimée de 1853-1856 a été très lourde et sanglante pour la Russie. La Russie était alors opposée à la France, à la Grande-Bretagne, à la Turquie, au Royaume de Sardaigne, à l’Autriche et au Prusse.

Au cours de l’été 1854, la flotte ennemie s’est approchée de Sébastopol. En septembre, plusieurs milliers d’hommes de l’armée anglo-française ont commencé à débarquer sur le rivage de la ville d’Evpatoria.

La première grande bataille de la guerre de Crimée a lieu sur la rivière Alma. La bataille a été sanglante, l’armée franco-britannique et ses alliées étaient plus nombreux et disposaient de beaucoup plus de pièces d’artillerie. L’armée russe a été contrainte de battre en retraite. Les ennemis se sont emparés de la ville d’Evpatoria et ont commencé à avancer lentement.

Le premier bombardement de Sébastopol a eu lieu en octobre 1854. Les deux mois suivants ont été consacrés à des batailles sanglantes pour la ville, au cours desquelles les ennemis avancaient très lentement, subissant de lourdes pertes. Ce délai a permis de construire des fortifications à Sébastopol.

La bataille de Balaklava, qui a eu lieu en octobre 1854, n’a pas été décisive. Les Britanniques n’ont pas réussi à prendre Sébastopol par les pieds, et les troupes russes n’ont pas pu profiter de leur succès pour poursuivre leur offensive contre les positions des ennemis. Au cours de l’hiver 1854-1855, les opérations militaires se poursuivaient avec un succès variable. En février 1855, les troupes russes ont fait une tentative de libérer la ville d’Evpatoria, mais ont échoué.

Au printemps et au début de l’été 1855, la flotte anglo-française a bombardé à plusieurs reprises Sébastopol. Les ennemis ont pris la ville de Kertch, les navires russes enfermés dans le port de Kertch ont été brûlés, et la garnison s’est rendu en ville de Théodose.

Les batailles pour Sébastopol se poursuivaient tout au long de l’été 1855. Les pertes des troupes russes étaient énormes, mais ce n’est qu’en septembre qu’elles ont quitté la partie sud de la ville pour se diriger vers sa partie nord. La ville était incendiée, les caves à poudre étaient explosées et les navires militaires qui se trouvaient dans la baie étaient sabordés.

À la fin de l’année 1855, tous les belligérants se sont rendus compte que la poursuite de la guerre n’apporterait la victoire à personne, mais qu’elle ne ferait qu’accroître le nombre de victimes.

Le traité de Paris a été signé en mars 1856. Aux termes de ce traité, la Russie restituait à la Turquie la forteresse de Kars en échange de la partie sud de Sébastopol, cédait à la Principauté de Moldavie l’embouchure du Danube et la partie sud de la Bessarabie. L’autonomie de la Serbie et des principautés danubiennes étaient confirmées. La Mer Noire et les détroits du Bosphore et des Dardanelles étaient déclarés neutres: ouverts à la navigation commerciale et fermés aux navires militaires.

La guerre de Crimée a démontré, dès le XIX-ème siècle, la résistance obstinée des pays d’Europe occidentale au renforcement du rôle de la Russie et l’impossibilité de séparer la Russie et la Crimée.

Du point de vue de la mémoire historique mondiale, la guerre de Crimée du XIX-ème siècle est importante pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, l’écrivain russe mondialement connu Léon Tolstoï a participé aux combats et c’est pendant la guerre de Crimée que son activité littéraire a commencé : Tolstoï écrivait des articles sur ce qui se passait en Crimée et les envoyait au journal de Saint-Pétersbourg. Ces «Histoires de Sébastopol» ont suscité un intérêt extraordinaire chez les lecteurs.

Deuxièmement, le grand chirurgien russe Nikolaï Pirogov – académicien, professeur, auteur d’un atlas anatomique, fondateur de la chirurgie militaire russe a pris part à la guerre de Crimée.

Au début de la guerre de Crimée, Nikolaï Pirogov aux côtés d’un groupe de médecins et d’infirmières se sont rendus à Sébastopol. C’est là, en opérant les blessés, que Pirogov a appliqué pour la première fois un bandage de plâtre, grâce auquel il a sauvé de nombreux soldats et officiers de l’amputation.

Il supervisait la formation et le travail des infirmières de miséricorde. Il les répartissait selon leur spécialisation en quatre groupes: les infirmières faisant les pansements, les pharmaciennes, les hôtesses, ainsi que les sœurs de transport qui accompagnaient les blessés à l’hôpital.

Bien qu’il n’ait pas été le premier chirurgien en Russie ou dans le monde à avoir utilisé l’anesthésie générale, Pirogov a documenté trois cents opérations sous anesthésie et a été le deuxième au monde à avoir pratiqué l’anesthésie sur le terrain, et le premier au monde à la documenter.

La chirurgie militaire de campagne a été fondée par lui sous sa forme moderne à partir de l’expérience de la guerre de Crimée. L’innovation de Pirogov a été le tri des blessés. Il a été le premier au monde à avoir suggéré que tous les blessés soient classés en catégories en fonction de leur gravité :

– les blessés sans espoir et mortels – les médecins ne se laissent pas distraire par eux, ils sont réaffectés aux infirmières pour alléger leurs souffrances ;

– les blessés graves, dont l’état est prometteur, sont traités immédiatement et suivis : si leur état s’améliore, ils sont envoyés à l’hôpital ; s’il s’aggrave – ils sont confiés aux infirmières ;

– les blessés de gravité moyenne, qui doivent également être envoyés à l’hôpital ;

– les blessés légers, qui sont soignés sur place.

Grâce à cette méthode plutôt brutale, les médecins sauvaient beaucoup plus de vies. La médecine de catastrophe moderne est née de ce tri.

Troisièmement, en Crimée, le chirurgien Pirogov avait reçu et examiné le professeur du lycée de Simferopol, Dmitri Mendeleïev – futur grand chimiste et auteur du système périodique. Dans sa jeunesse, Dmitri Mendeleïev a connu des problèmes de santé: il était soupçonné d’avoir la consomption et la tuberculose. Pirogov a dissipé les craintes de son patient en lui promettant une longue vie. Qui sait, si le futur grand chimiste n’avait pas reçu à temps une aide médicale, la classification des éléments chimiques sous la forme que nous la connaissons aujourd’hui aurait été réalisée.

Ainsi, depuis le XVIII-ème siècle, la Crimée a toujours été russe. Cependant, en 1954, lorsque la Russie et l’Ukraine faisaient partie de l’Union Soviétique, il a été décidé de transférer la Crimée sous la juridiction de la République Socialiste Soviétique d’Ukraine.

L’idée de transférer la péninsule russe à l’Ukraine appartenait à Nikita Khrouchtchev, premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de l’Union Soviétique. Il s’agissait d’une décision volontariste du dirigeant soviétique. La légende veut que Nikita Khrouchtchev ait pensé à faire un tel «cadeau» parce qu’il était plus facile de construire le canal d’eau du nord de la Crimée à partir du réservoir d’eau Kakhovka sur la rivière Dniepr. Il s’agissait de travaux d’ingénierie hydraulique de très grande envergure, réalisés initialement dans deux républiques de l’Union à la fois, et la documentation s’est avérée très compliquée.

On avance également des arguments sur le désir de Nikita Khrouchtchev d’offrir un cadeau à la République Socialiste Soviétique d’Ukraine en l’honneur du 300-ème anniversaire de l’adhésion de l’Ukraine à la Russie.

Quoi qu’il en soit, selon les textes des documents officiels, l’URSS a transféré la Crimée à l’Ukraine en signe «d’amitié inviolable et d’amour fraternel des deux peuples». Mais même alors en 1954, les dirigeants de la Russie, qui était à l’époque l’une des républiques faisant partie de l’URSS, ont refusé de céder la Crimée à l’Ukraine. Et c’était Nikita Khrouchtchev qui l’a fait en prenant sa propre décision personnelle.

Après l’effondrement de l’URSS en 1991, le développement de la Crimée a commencé à ralentir, le grand potentiel de l’économie et de l’industrie balnéaire de la péninsule n’a pas été exploité. Malgré tous les efforts d’ukrainisation, plus de la moitié de la population de Crimée était Russe, environ 12 % étaient des Tatars et moins d’un quart étaient des Ukrainiens.

L’adhésion de la Crimée à la Fédération de Russie a été précédée par des mois d’émeutes dans les rues de l’Ukraine, le soi-disant «Maïdan», qui s’est transformé en véritable acte de banditisme. Tout cela s’est terminé par un coup d’État.

Les troubles à Kiev ont suscité une grande inquiétude parmi les habitants de la Crimée. L’écrasante majorité des Criméens s’est opposée aux nouveaux dirigeants de l’Ukraine.

Les députés du Conseil Suprême de la République autonome de Crimée ont démis le gouvernement précédent et ont nommé le chef du parti «Unité russe», Monsieur Sergueï Aksyonov, à la tête du nouveau gouvernement de la Crimée.

Le nouveau gouvernement de la Crimée a déclaré qu’il ne reconnaissait pas la Verkhovna Rada (parlement ukrainien), qui a pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État financé de l’étranger. Sergey Aksyonov, soutenu par l’écrasante majorité des Criméens, a demandé aux dirigeants russes «de l’aider à garantir la paix et la tranquillité sur le territoire de la République autonome de Crimée».

En réponse, le Conseil de la Fédération de Russie (Chambre Haute du parlement russe) a autorisé l’utilisation de troupes russes sur le territoire de la Crimée afin de maintenir l’ordre public. Le 16 mars, le référendum sur l’adhésion de la Crimée à la Russie a été organisé. «96,7 % des Criméens, y compris la majorité des Tatars de Crimée, se sont prononcés voté en faveur de l’adhésion.

Le 17 mars 2014, la République indépendante de Crimée a été proclamée et, le 18 mars, elle a signé avec la Russie le Traité d’adhésion à la Fédération de Russie.

La Crimée a désormais trois langues officielles – le russe, l’ukrainien et le tatar de Crimée – et il n’y a pas de division entre la nation «titulaire» et les autres.

La production industrielle de la péninsule est en pleine croissance. La construction navale et la viticulture se développent activement. Le financement de l’éducation, de la culture et des sports a considérablement augmenté. De nouvelles écoles maternelles et secondaires sont en cours de construction.

Sébastopol – la capitale de la Crimée – développe activement des relations économiques externes et des jumelages. En tant qu’Ambassadeur de Russie au Sénégal, j’ai le plaisir de constater que la Crimée souhaite également développer des liens avec le continent africain. Ainsi, du 30 juillet au 5 août 2024, une délégation de la ville de Thiès s’est rendue à Sébastopol. Au cours de la visite l’Accord entre le Gouvernement de Sébastopol et l’Administration de la ville de Thiès sur la coopération commerciale, économique, scientifique, technique, sociale et humanitaire ainsi qu’un Plan d’action pour sa mise en œuvre, ont été signés.

Il est encourageant de noter que l’on envisage de mettre l’accent principal sur la réalisation de projets concrets visant à l’aménagement de la ville de Thiès. Il s’agit notamment de l’aide à la conception, à la construction et à la mise en service d’une place dans la ville de Thiès ; de la fabrication et du transfert par la ville de Sébastopol d’aires de jeux à installer dans la ville de Thiès dans le cadre de l’assainissement du territoire ; de l’achat et du transfert de deux ambulances (avec un équipement complet) aux établissements de santé publique de la ville de Thiès; de l’envoi de spécialistes de santé publique (médecins, personnel médical, ambulanciers) de Sébastopol dans la ville de Thiès afin d’échanger des expériences dans l’organisation de soins médicaux de haute technologie; organisation de stages pour les étudiants et le personnel pédagogique des deux parties dans les universités de Sébastopol et de Thiès afin d’échanger des expériences dans les domaines actuels de la science pédagogique et de la pratique éducative; développement de la coopération dans le domaine de la jeunesse.

On espère que les partenaires sénégalais enverront prochainement des invitations officielles à Sébastopol et que l’arrivée de la délégation de la ville russe renforcera encore plus les liens établis.

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