juillet 27, 2024
LA SOCIÉTÉ "MY MEDIA GROUP " SOCIÉTÉ ÉDITRICE DU QUOTIDIEN "DAKARTIMES" DERKLE CITE MARINE N° 37. EMAIL: courrierdkt@gmail.com. SITE WEB: www.dakartimes.net.
Politique

L’OPPORTUNITÉ À SAISIR POUR ÊTRE PREMIER : Une voie de développement pour nos États africains

Pour paraphraser la Bible (Marc, X, 31), nous pouvons dire que le dernier peut devenir le premier s’il a conscience de ses possibilités concrètement et de ses virtualités absolument. Ce temps, que nous vivons, semble être celui de l’Afrique et des Africains. N’est pas « maître » du monde qui veut et ceux qui dirigent la planète sont issus de peuples unis. Nous devons nous unir et c’est là où nous interpellons l’UA. Un ensemble de propositions audacieuses mais réalistes s’impose alors. L’Union Africaine doit, maintenant, être un organe de conciliation et de réconciliation, l’outil efficace par l’intermédiaire duquel l’unité africaine, dans toute sa plénitude, devient une réalité concrète. En conséquence, la coopération Sud-Sud, un partenariat qui s’impose, par l’ordre et par la force des choses, ne se dit plus seulement mais se vit. Dans cette perspective, l’Union africaine nous servira de socle sur la base de laquelle nous nous appuierons pour :

– mettre en place un réseau des universités réunissant les institutions universitaires africaines anglophone, arabophone, francophone, germanophone, hispanophone, lusophone, etc. ;

– créer de grands ensembles de laboratoires spécialisés et mixtes, fondamentaux et appliqués, gage d’un développement durable, avec des critères objectifs qui organiseront les conditions de sélection des lieux choisis pour accueillir lesdits laboratoires sur la base de la qualité de l’enseignement et de la valorisation des activités de recherche en phase avec les besoins de la communauté, aussi bien dans les Sciences de l’Homme et de la Société que dans les Sciences dites « dures » ;

– octroyer des bourses africaines aux meilleures thèses et projets de thèse en rapport avec le développement du continent ;

– asseoir un système d’accompagnement en ligne en relation avec les pays, en travaillant avec les États-membres en vue de lutter contre la fracture numérique qui rend difficile, voire quasi impossible, le partage des connaissances, les échanges et la mutualisation des pratiques savantes des chercheurs africains africanistes, y compris ceux de la diaspora, du public et du privé (rapport de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED), 2019 : 27% de la population africaine connectée ; 90% en Amérique du Nord et en Europe ; 9 des 10 pays du monde les moins préparés aux activités commerciales en ligne sont africains). Ce dont nous sommes sûr, c’est que les TICs se développent de plus en plus en Afrique (Afrique du Sud, Nigeria, Maroc, Tunisie, Rwanda, etc.). Elles s’imposent partout comme des facteurs incontournables de transmission rapide de savoirs, de « savoir-faire », de            « savoir-être » et de « savoir-devenir », surtout quant à l’enseignement technologique et professionnelle. L’expertise de tous les États africains est nécessaire. Tous les pays africains doivent collaborer et mutualiser les moyens car le développement accéléré du continent est une urgence ;

– promouvoir la recherche orientée vers la valorisation de la « Médecine traditionnelle » dont l’Afrique regorge de spécialistes de haut niveau, héritiers de la pratique médicinale ou formés à travers les facultés de Médecine du monde (Afrique, Amérique, Chine, Europe). Sous ce rapport, nous pouvons nous appuyer sur le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Guinée, le Niger et le Sénégal…

Il existe des rêves qui sont réalistes et réalisables. Nous devons croire que le développement de l’Afrique peut, en grande partie, passer par la volonté des États qui se donneront la vocation de rehausser les capacités scientifiques de leurs chercheurs devant prouver ce dont ils sont capables en vue de gagner l’adhésion de nos gouvernants qui, convaincus, mettront les moyens pour une « Recherche-développement » efficace et durable (Afrique :18% de la population mondiale, soit 1,4 milliard en 2022, 2% des résultats de la recherche et 1% de capacité au niveau mondial, WATHI, 2019).

Mais, Pouvons-nous sentir l’odeur du développement, nous ouvrir au développement, nous développer, si la recherche n’est pas valorisée ? Tous les pays cités en référence se sont développés par la stimulation des enseignements et de la recherche « décomplexés et innovants » en privilégiant la formation universitaire, la recherche scientifique et l’innovation technologique et en étant au diapason avec celles-ci, éléments-clés de tout développement durable.

Les universités africaines sont classées parmi les moins performantes au monde, s’il faut en croire les résultats des systèmes de classements mondiaux. En 2014, Shanghai, en se fondant sur un ensemble de critères, si discutables soient-ils, a répertorié cinq cents (500) universités considérées comme étant les meilleures au monde parmi lesquelles cinq (05) sont africaines dont quatre (04) sud-africaines. Toutefois, nous précisons que même si, en terre africaine, la recherche est en souffrance, en mal de vie, la fatalité ne doit pas être de mise. Car l’aptitude ne manque pas, les compétences, non plus.

Reconnaissons aussi que, conscients de plus en plus de leurs responsabilités, les chercheurs africains, malgré le manque de moyen, s’engagent dans une « recherche-action » et dans une « recherche-développement », gages de l’essor du continent. Ainsi, doivent-ils orienter leur recherche vers les nouvelles connaissances portées, aujourd’hui, par des dynamiques de complexité et de pluralité.

Car, évidemment, la recherche doit tenir compte de l’économie de la connaissance et des plus-values de la recherche des pays et des universités africains par des politiques de structuration de la gouvernance de la recherche, d’amélioration de l’environnement de recherche, de financement de la recherche, des droits de propriété intellectuelle et de la valorisation des résultats de la recherche.

De la sorte, et par souci d’efficacité, les chercheurs africains sont appelés à encourager et à favoriser la « coopération Sud-Sud » qui se réalise par l’harmonisation des pratiques et le partage des expériences. À ce propos, l’UA doit s’organiser de manière à renforcer le partenariat et les collaborations scientifiques sous-régionales et régionales qui ont été victimes de l’influence des chercheurs étrangers sur les activités et sur la définition des thématiques de recherche en Afrique mais surtout de la dépendance des unités de recherches africaines en termes de moyens matériels et financiers, expliquant leur sous-équipement et leur sous- financement.

​ Nous ne doutons pas de la présence des enseignants-chercheurs et des chercheurs africains dans les appels d’offres internationaux et nationaux. Toutefois, nous devons préciser que ces fonds compétitifs ne financent pas les équipements scientifiques. Eu égard à cette situation, le financement de la recherche, aussi bien public que privé, doit être accru afin que nos institutions et nos laboratoires de recherche disposent suffisamment de moyens, aux bénéfices de nos talents affichés ou cachés, connus et/ou reconnus.

L’environnement matériel de travail du chercheur doit, de ce point de vue, être amélioré pour permettre aux institutions d’absorber les talents confirmés et de produire des connaissances de niveau international. Ce que nous remarquons, c’est que la recherche, quelle que soit la volonté annoncée pour son épanouissement, demeure le parent pauvre des politiques pour un développement assuré de nos États.

À cet égard, pour ce qui est du Sénégal, les ministères impliqués dans la formation et dans la recherche – tous les ministères d’ailleurs –, soucieux de l’avenir du pays, devront participer à ce projet en soutenant la recherche et la formation pour préparer notre jeunesse aux métiers d’aujourd’hui et de demain qui peuvent participer favorablement à notre développement. Ce faisant, les talents connus ou cachés, seniors et juniors, des mondes du « formel » et de l’« informel » doivent être mobilisés, encouragés et encadrés. Cette invite à l’union des forces, faudrait-il bien le savoir, ne peut se réaliser que si, et seulement si, elle est accompagnée d’une volonté politique réelle, consciente des priorités et des enjeux du moment. Ainsi, les ministères, les directions générales, les grandes entreprises du privé et du public et autres mécènes pourront octroyer une partie de leur budget ou bien de leurs épargnes à ce programme ; les fonds collectés étant logés à la présidence de la République ou à la primature qui en assurera la meilleure gestion. Surtout que l’actuel Chef de l’État du Sénégal, M. Diomaye Faye en appelle à la solidarité gouvernementale, sous le contrôle de son Premier ministre, M. Ousmane Sonko.

​ Le moment est alors venu de faire de l’Afrique occidentale un « Pôle Recherche-Innovation-Technologie » et, de ce point de vue, le Sénégal peut jouer un grand rôle, celui d’« État-orchestre », par sa diplomatie, son ouverture, sa capacité à dialoguer, son esprit de partage et la qualité reconnue, sur le plan international, de sa représentation diplomatique, du commerce facile qu’on lui reconnaît, de  ses intellectuels, de ses chercheurs, de ses savants de tous bords, de l’intérieur et de l’extérieur, qui, s’ils sont bien guidés, ne demanderont, à leur Nation, qu’une seule chose, la servir avec loyauté et déférence.

La création de ce pôle est un défi majeur et constitue la véritable rupture qui va maintenir les acquis et replacer le centre de gravité de l’institution, axée sur la qualité de l’enseignement et de la formation, pour l’orienter résolument vers la recherche et l’innovation qui vont nourrir un enseignement de qualité et accélérer le développement. Cet appel à la collaboration des États de l’Afrique de l’Ouest, si, toutefois, elle est réussie, devrait pouvoir s’élargir et s’étendre au niveau africain.

Ce faisant, l’Afrique, avec son capital de matière grise à laquelle il faut rattacher celle de la diaspora, se fondera sur ses laboratoires, ses unités de recherche, ses groupes de recherche, ses équipes de recherche, etc. réunis en fonction des compétences et de leurs affinités disciplinaires pour répondre à « L’Agenda 2063 » de l’Union Africaine.

Ainsi, en mobilisant des ressources prévues par les États constitutifs de l’UA pour financer la « Recherche-développement », nos différents pays pourront, désormais, se consacrer à des activités de recherche qui répondront aux exigences pour leurs progrès. Et, certainement, en mobilisant nos ressources humaines et en décidant de prendre notre destin en main, nous ne dépendrons plus du blé ukrainien ; autrement dit, de l’importation massive et coûteuse des produits vitaux de premières nécessités. Car la dépendance vis-à-vis des pays occidentaux et/ou asiatiques pèsent lourdement sur nos épaules déjà bien fragilisées  par le paiement des dettes et les subventions servant à amortir la cherté de la vie sans qu’elles fassent la preuve de leur efficacité.

En guise de conclusion non conclusive, nous nous proposons de retrouver, pour terminer, John Stuart-Hase, en ces termes :

« Pour ceux qui croient, aucune preuve n’est nécessaire.

Pour ceux qui ne croient pas, aucune preuve n’est suffisante ».

 

 

Lamine NDIAYE

Professeur titulaire de Classe exceptionnelle

Ancien coordonnateur des Écoles doctorales

Actuel directeur de l’Institut Confucius

Université Cheikh Anta Diop de Dakar

Leave feedback about this

  • Quality
  • Price
  • Service

PROS

+
Add Field

CONS

+
Add Field
Choose Image
Choose Video
X