octobre 21, 2025
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Mali: Une armée en ruines à cause d’une junte à l’agonie.

L’une des conséquences malencontreuses de la faillite de l’Etat du Mali causée par la junte au pouvoir, c’est la mise à mort programmée et accélérée des FAMA. Les casernes sont abandonnées à l’incertitude et les soldats livrés à la mort, au quotidien. La pénurie de carburant semble porter le coup de grâce. C’est bien plus que la manifestation d’une crise économique et financière aiguë, c’est la triste expression d’un Etat frappé dans son cœur, d’un grand corps malade.
Les casernes de l’intérieur du pays payent le prix fort la défaillance ambiante. Leur état est le symbole glaçant de la vulnérabilité d’une nation qui se délite et plie face à la menace terrorriste.

C’est un euphémisme que de dire que les FAMA sont enterrées vivantes. Telle est la vérité cruelle qui crève les yeux. Tous les indicateurs d’une armée nationale en perdition sont réunis : tous les maillons de la chaîne de commandement sont rompus, la hiérarchie militaire est décapitée, la logistique ne suit pas…bref, les FAMA ont cessé de croire aux faux mythes de Bamako et aux marchands d’illusions qui tiennent les rênes de l’appareil d’Etat.

L’armée malienne, déjà affaiblie et affectée par la succession de défaites dissimulées et inavouables est aujourd’hui vidée de son sang. Elle ne peut se mouvoir ni opérer sans le carburant qui se fait rare. Sans mobilité, communications fiables, une armée ne peut se déployer encore moins livrer bataille. Elle devient une coquille vide.

Les forces armées maliennes ( FAMA), dans un passé récent, garantes de la souveraineté et de l’intégrité territoiale ainsi qu’un rempart contre les agressions ne sont plus qu’un champ de ruines. Elles s’enlisent dans les dunes de sable du nord, périssent dans le désert, delaissées par une junte insouciante et arrogante. Tessalit, Aguelhok, Kidal, Anefis, Tombouctou, Gao, Ansongo, Tenenkou, Douentza, Menaka…Ces villes garnisons, isolées, nécessiteuses, privées de carburant et dépourvues de munitions ont perdu tout espoir. Ce ne sont plus des bastions mais les ventres mous d’un pays plongé dans l’abîme. Des tombeaux, à ciel ouvert.
Bamako, cœur, prétendument, battant de la nation est dans un état stationnaire, maintenu dans un coma artificiel. Tout le Mali, isolé et sous l’étouffoir, vit à l’heure des pénuries et bascule dans le chaos.

La junte, dans son élan de folie, aveuglée par l’orgueil, et retranchée dans ses fausses certitudes a abandonné l’option de la paix pour faire le pari risqué de la guerre tous azimuts.
Elle a renvoyé la Minusma, coupé les ponts avec l’Algérie, tourné le dos à la CEDEAO, engagé un bras de fer aussi inutile que suicidaire avec la communauté internationale. Elle s’est acoquinée avec des mercenaires toxiques.
Toute seule, elle a creusé sa propre tombe. Il n’y a plus d’Armée opérationnelle ni Etat viable. Se sentant trahis et désespérés, les soldats pactisent avec l’ennemi pour assurer leur survie. Le Mali, s’effondre, précipité dans le gouffre par ses dirigeants du moment, putschistes, sans colonne vertébrale et apatrides.

Des casernes forcées à une lutte pour la survie.

A Tessalit, Aguelhok, Kidal, Ansongo, Tenenkou, Douentza, Tombouctou, Menaka, le climat est délétère et confine à l’impasse. Les camions citernes se font attendre. Les hélicoptères sont absents. Aucun renfort ni appui espéré.
Dans le Nord profond, les bases ont vécu. Les routes minées et confrontées au harcèlement des djihadistes ne sont plus accessibles ni fréquentables. Les convois de ravitaillement dans le meilleur des cas traînaient des jours, semaines durant, avant d’arriver à leur destination. Sinon étaient interceptés ou carrément anéantis. Aujourd’hui, il n’y en a plus aucun, faute de carburant. En plus, l’armée a perdu le contrôle de tous les axes de ravitaillement. Les routes, les ponts sont bloqués. Les stocks sont épuisés. Les patrouilles qui avaient un effet de dissuasion se limitent à des rondes restrictives autour des camps sous l’œil vigilant du JNIM en ordre de bataille.
Dans certaines casernes :

– Les véhicules sont immobilisés faute de carburant.
– Les groupes électrogènes ne tournent plus que quelques heures, par jour,au ralenti
– Les transmissions radio tournent à une fréquence réduite et par intervalles irréguliers
-Les stocks de munitions sont utilisés avec parcimonie.

– Les malades succombent à cause de difficultés rencontrées pour leur évacuation.

L’armée souffre d’énormes insuffisances logistiques. Or, une armée sans une logistique assurée se meurt. Elle se réduit à une colonne d’hommes en treillis livrés à la fatalité.
Le moral des troupes en prend un coup. « Bamako nous a vendus », rouspètent des troupes piégées , rongées par la peur et le dénuement total.
Les FAMA n’ont plus aucune capacité intrinsèque de mener et conduire des opérations militaires. L’armée malienne a perdu tous ses lauriers et ne peut désormais revendiquer aucun fait d’armes, incapable de subvenir à ses besoins primaires et de faire face à ses obligations regaliennes : aucun moyen de communiquer, se défendre et s’approvisionner. Or, la guerre, de nos jours, se gagne avec une logistique adéquate et des moyens de communication modernes.
Chaque garnison doit désormais décider seule s’il faut tenir, négocier ou abdiquer. C’est la désagrégation organisée d’un appareil d’Etat qui a orchestré une purge fatale à l’armée.

Bamako, démissionnaire.

La capitale a fui ses responsabilités. Friande de propagande à la limite de l’hystérie, la junte s’échine à convaincre l’opinion qu’elle « maîtrise la situation  » en paradant devant 200 ou 300 citernes. On prend l’accessoire pour l’essentiel, s’attarde sur les détails en ignorant les urgences.
Bamako n’a plus rien à offrir à une population désabusée et outragée. Il faudra plus que des artifices et des effets de manche pour rétablir une confiance perdue, un espoir évaporé. Quelques gouttes de carburant ne suffisent pas à compenser une gouvernance mortifère. Les stocks stratégiques sont épuisés. La logistique du pays est partie en fumée. Les routes sont coupées, les frontières,aussi, les corrodors minés.

La junte a perdu tous ses relais régionaux, rompu avec tous ses partenaires, provoqué son isolement par des crises et ruptures politiques et diplomatiques insensées. Elle s’est brouillée avec ses voisins, alliés et soutiens potentiels. Elle jette son dévolu notamment pour combler ses besoins d’approvisionnement sur des mercenaires qui n’arrivent pas à assurer la sécurité sur une route commerciale, à plus forte raison, former un verrou, inviolable.
Replié sur lui-même, submergé par les défis sécuritaires, le pays manque de tout : carburant, munitions, pièces détachées. Bamako n’est plus à même de ravitailler ses garnisons. Elle n’a pas le choix. Elle n’en dispose pas des capacités. Malgré tout, la junte continue de faire la politique de l’autruche en montrant ses muscles alors qu’elle est défaite et réduite à néant.
Bamako, à l’image de tout le Mali, est un géant aux pieds d’argile qui vit ses derniers instants.

Fin du mythe d’une montée en puissance militaire clamée à cor et à cri.

La junte ne lance plus aucune opération militaire d’envergure. Il n’y a plus de répondant dans une armée, transie et impuissante.
Il n’y a plus assez de carburant pour mettre en mouvement les troupes combattantes. Le pays ne dispose plus de corridors securisés et viables.

Les FAMA ont subi une grande saignée : les officiers les plus valeureux ont été remplacés par une galaxie de fidèles, jugés plus fiables surtout corvéables et taillables, à merci.
En conséquence, il n’y a plus de coordination des unités ni efficacité du commandement.
Dès lors, chaque garnison se bat, seule, sans plan de bataille concerté et commun, sans doctrine, en l’absence de tout renfort.

La junte, architecte de la débâcle

Les putschistes maliens sont comme le serpent qui se mord la queue. Ils sont les authentiques fossoyeurs du Mali.
La junte, par bêtise et ignorance, arrogance aussi, a refusé la paix qu’elle aurait pu ramener à Kidal sans avoir eu besoin de tirer un seul coup de feu. Le processus de réconciliation initié dans le cadre du dialogue inter-maliens était la meilleure option. Elle a préféré pousser vers la sortie la Minusma qui était un tampon logistique et sécuritaire fort utile. Par vanité, elle a perdu un partenaire stratégique comme l’Algérie. Pareillement pour la CEDEAO, par extension, la communauté internationale. Ainsi, le Mali est-il devenu un Etat parias. La junte a poussé loin la stupidité en sous-traitant la sécurité du pays avec une horde de mercenaires russes dont les crimes abominables ont alimenté et favorisé le recrutement de volontaires pour le djihad.

Chaque pas, décision, acte et invective a scellé le sort des putschistes et précipité le Mali dans les méandres et les abysses de tous les malheurs. On a entretenu l’illusion qu’un drapeau planté à Kidal suffirait à rétablir l’honneur perdu des Maliens et la souveraineté nationale compromise.
Une guerre est une œuvre de longue haleine qui requiert de la logistique, de la cohésion, de la légitimité. Tout ce que les putschistes se sont attelés à saccager, méthodiquement.

Le Mali est au bord du précipice. D’ici 15 à 30 jours, les parcs automobiles s’immobiliseront, les bases du Nord seront ostracisées, les pénuries d’eau et de nourriture s’aggraveront.
D’ici trois à six semaines, les accrochages sporadiques se transformeront en raids et offensives fulgurants. Les patrouilles seront abandonnées, les positions avancées seront desertées. Le JNIM, patient n’aura pas besoin de se découvrir ni d’anticiper la guerre : il lui suffira d’attendre que les FAMA s’effondrent, perdent leurs bases, l’une à la suite de l’autre, ses soldats, l’un après l’autre.

Des redditions attendues et inéluctables.

Le plus inquiétant dans le désastre malien reste à venir. Deux options s’offrent aux soldats désemparés et en sursis :

– Mourir inutilement dans une base assiegéé
– Ou prêter allégeance après des négociations avec les seigneurs de guerre pour garantir leur survie

Les premiers cas de reddition sans combats se font déjà sans bruits ni tapages. Des positions sont abandonnées, des armes rendues, des accords conclus entre communautés armées et soldats épuisés.
Le Mali vit un basculement stratégique irréversible. Les FAMA ne sont plus une force nationale capable d’initiatives. Elles ont été vaincues par l’incurie de la junte, son goût immodéré pour la propagande et sa vacuité stratégique.

En résumé : une armée disloquée, des soldats démobilisées, des familles flouées, un pouvoir mythomane et grandiloquent, un pays mourant dans un contexte de défaites militaires et de désertion du front, tel est le tableau apocalyptique du Mali sous une junte qui est la seule à ne pas savoir qu’elle a lamentablement échoué et ne pourrait survivre à ses turpitudes.

Quand Dieu veut perdre quelqu’un, il le rend fou. Lorsqu’il veut punir un pays, il lui envoie des dirigeants criminels.
Puisse Dieu sauver le Mali de ses démons.

Samir Moussa

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