Plus de 63.000 personnes ont péri ou disparu sur les routes migratoires à travers le monde entre 2014 et 2023, la plupart des décès étant dus à la noyade, a déclaré mardi l’agence des Nations Unies pour les migrations, relevant qu’un décès de migrant sur trois est lié à des pays en guerre ou comptant un grand nombre de réfugiés.
Le rapport, intitulé « Une décennie de documentation des décès de migrants », revient sur les dix dernières années, avec plus de 63.000 décès et disparitions documentés pendant la migration au cours de cette période – et plus de décès enregistrés en 2023 qu’au cours de n’importe quelle année précédente.
Le document de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) montre ainsi que la majorité des décès et des disparitions – 28.854 – ont eu lieu en Méditerranée.
La noyade, première cause de décès
Près de 60 % des décès documentés étaient liés à la noyade, et plus d’un tiers des personnes identifiées étaient originaires de pays en conflit, notamment l’Afghanistan, le Myanmar, la Syrie et l’Éthiopie.
Le rapport insiste sur la nécessité de renforcer les capacités de recherche et de sauvetage pour sauver des vies en mer et souligne l’importance de collaborer avec les gouvernements pour faciliter la mise en place d’itinéraires de migration plus sûrs. Ces mesures devraient également inclure une intensification de la coopération internationale contre les réseaux de passeurs et de trafiquants sans scrupules.
Malgré les engagements politiques et l’attention des médias, le nombre de décès de migrants est en hausse. Les données de l’OIM montrent que l’année la plus meurtrière pour les migrants au cours de la dernière décennie a été 2023, année au cours de laquelle 8.541 décès ont été enregistrés, en partie en raison d’une forte augmentation du nombre de décès en Méditerranée.
1 décès sur 3 lié à des pays en guerre ou comptant beaucoup de réfugiés
L’augmentation des décès est probablement liée à l’augmentation des départs et, par conséquent, des naufrages, au large des côtes tunisiennes », détaille le rapport, ajoutant qu’au moins 729 personnes sont mortes au large des côtes tunisiennes en 2023, contre 462 en 2022.
Depuis le début de l’année, les tendances ne sont pas moins alarmantes. Rien qu’en Méditerranée, si les arrivées sont nettement moins nombreuses cette année (16.818) qu’au cours de la même période en 2023 (26.984), le nombre de décès est presque aussi élevé que l’année dernière.
Par ailleurs, le rapport montre que plus d’un tiers des migrants décédés dont le pays d’origine a pu être identifié proviennent de pays en conflit ou comptant un grand nombre de réfugiés. Selon l’OIM, cela met en évidence les dangers auxquels sont confrontés ceux qui tentent de fuir les zones de conflit sans disposer de voies d’accès sûres.
5.500 femmes ont péri au cours des dix dernières années
L’une des principales conclusions du rapport est le nombre élevé de décès non identifiés. Plus de deux tiers des migrants dont le décès a été documenté ne sont toujours pas identifiés, laissant les familles et les communautés aux prises avec la perte ambiguë de leurs proches.
Autre enseignement du document, plus de 37.000 personnes sont décédées sans que l’on dispose d’information sur leur sexe ou leur âge, ce qui indique que le nombre réel de décès de femmes et d’enfants est vraisemblablement beaucoup plus élevé.
Malgré les nombreuses vies perdues dont l’identité reste inconnue, l’agence onusienne note que près de 5.500 femmes ont péri sur les routes migratoires au cours des dix dernières années. Dans le même temps, le nombre d’enfants identifiés s’est élevé à près de 3.500.
« Le tribut payé par les populations vulnérables et leurs familles nous incite à transformer l’attention portée aux données en actions concrètes », a déclaré dans un communiqué, Ugochi Daniels, Directrice générale adjointe de l’OIM pour les opérations. De Onu Info