Si Ousmane Sonko ne veut pas lâcher du lest par rapport à l’interdiction de port du voile dans les étalements privés, le Conseil National du Laïcat ne cesse aussi de dénoncer la posture du chef du gouvernement. Dans une note d’information, cette structure qui représente les différentes couches sociales de l’Eglise, regrette « la persistance dans l’erreur » du leader de Pastef à considérer les écoles privées catholiques comme des « écoles étrangères ».
C’est à la grande surprise pour les responsables de l’école privée catholique que le Premier ministre est revenu à la charge sur le très sensible sujet de l’interdiction du port de voile dans certains étalements scolaires.
Alors qu’on pensait avoir enterré ce sujet exquis, le Premier ministre Ousmane Sonko, lors d’une réunion interministérielle tenue jeudi dernier à la Primature, a encore soulevé l’affaire quand il dévoilait les 30 mesures prises visant à assurer le bon déroulement de la rentrée scolaire et académique 2024-2025. Le Premier ministre a rappelé son engagement pris lors d’une cérémonie au Grand Théâtre, où il avait dénoncé l’exclusion d’élèves en raison de leur tenue vestimentaire, en particulier le voile. Sonko a fermement réaffirmé que ce type de discrimination ne serait plus toléré dans le pays. Lors du conseil interministériel, il a demandé au ministre de l’Éducation de préparer rapidement un arrêté pour encadrer cette question et mettre fin à ces pratiques discriminatoires.
En attendant la mise en exécution par le ministère, cette nouvelle réglementation en vue pourrait faire face à des oppositions. Déjà dans une note d’information rendue publique ce weekend, le Conseil National du Laïcat a montré toute son indignation par rapport à ce qu’il qualifie d’acharnement de la part du chef du gouvernement. Le Laïcat catholique sénégalais a voulu ainsi rappeler que ces écoles sont ancrées dans la Constitution du pays et qu’elles contribuent depuis des décennies à la formation de générations d’élèves, toutes confessions confondues. Le CNL exprime ainsi « son inquiétude quant à la stigmatisation récurrente de ces établissements, qui pourrait fragiliser la cohésion sociale dans un contexte déjà sensible à l’approche de la rentrée scolaire 2024-2025 ».
« Le CNL invite le Chef du Gouvernement à faire preuve de davantage de respect et de considération envers l’enseignement privé catholique, qui repose sur des valeurs évangéliques. Les menaces ne sont pas efficaces. L’Église ne connaît pas la peur. Elle marche dans la Vérité, la Justice et la Paix. L’Église est républicaine et, en matière d’éducation et de formation, elle s’appuie sur la CONSTITUTION. Son engagement ne saurait être entaché par un arrêté », indique encore la note signée par le président du Conseil, Dr Philippe Abraham Birane Tine. Le CNL appelle « à plus de respect et de considération pour ces institutions jouent un rôle fondamental dans l’éducation nationale sénégalaise ».
Si le sujet suscite encore de nombreux débats auprès de la population, depuis qu’il a encore été remis au gout du jour par le premier des ministres. C’est pourquoi dans sa note, le Conseil National du Laïcat « invite tous les fidèles chrétiens, tous les frères et sœurs de toutes confessions religieuses et tous les citoyens épris de justice et de paix, à demeurer vigilants face à ces signaux alarmants qui tendent, à s’y méprendre, à ostraciser la communauté catholique et, partant, à fragiliser la cohésion sociale… ». Pour le CNL, « les chrétiens du Sénégal ne sauraient être considérés comme des citoyens de seconde zone ».
Cette structure qui représente les différentes couches sociales de l’Eglise catholique sénégalaise à se concentrer sur les urgences de l’heure. « Le CNL engage le gouvernement à ne désormais conjuguer de VERBE que celui de l’ACTION pour le bien-être des populations sénégalaises dont il tient le mandat », conclu le texte.
Jacques Victor GOMIS