En 2013, à la demande des autorités maliennes, la France s’est engagée en urgence dans la lutte contre les Groupes armées terroristes (GAT) au Mali. L’opération SERVAL s’est achevée le 31 juillet 2014 a permis de stopper l’offensive des GAT vers Bamako, éviter l’effondrement de l’État malien et la prise du pouvoir par des djihadistes. Depuis, la France est résolument engagée dans la lutte contre le terrorisme. Elle lance, le 1 er août 2014, l’opération BARKHANE afin de soutenir les forces armées du G5 Sahel dans leur combat contre les groupes djihadistes. La France a été rejointe par de nombreux pays européens et internationaux. Ensemble, ils ont aidé les forces partenaires à lutter contre les GAT et protéger la population locale.
A partir de 2020, à la suite des deux coups d’Etats successifs, et en raison de la position de rupture affirmée par la junte malienne et la dénonciation des accords signés avec ses partenaires, le cadre politique et les conditions nécessaires pour poursuivre la coopération sécuritaire avec les FAMan’étaient plus remplies.
En conséquence, le président de la République française a annoncé le 17 février 2022, en accord et en coordination avec nos partenaires africains et internationaux, la réarticulation de la force Barkhane hors du territoire malien. Les emprises de Gossi et Ménaka ont été transmises aux FAMa respectivement les 19 avril et 13 juin 2022. La base de Gao, plus grande base militaire française en Afrique, a été transférée le 15 août 2022, mettant ainsi fin à la présence de la force Barkhane sur le territoire malien. Cette ré-articulation a été conduite en sécurité, en bon ordre, en transparence et coordination avec les FAMa et l’ensemble de nos partenaires.
La profonde transformation de l’opération BARKHANE ne se réduit pas à la fin de la présence française sur le territoire malien. Dans une logique de coconstruction et à effectif maîtrisé (passage de 4 300 à environ 3 000 militaires français), le combat des armées françaises contre la menace terroriste continue aux côtés de nos partenaires africains et internationaux.
La lutte contre le terrorisme reste une priorité absolue. BARKHANE porte son effort contre les cadres des organisations terroristes pour les affaiblir.
• Décembre 2014 : neutralisation d’Ahmed El Tilemsi, membre fondateur du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et émir d’Al Mourabitoune au Mali
• Mai 2015 : neutralisation d’Amada Ag Hama alias « Abdelkrim le Touareg » et Ibrahim Ag Inawalen alias « Bana», deux des principaux chefs d’AQMI et d’Ansar Eddine
• 21 février 2019 : le chef d’un des principaux groupes armés terroristes sévissant au Sahel, Yahia Abou el Hammam, numéro deux du JNIM a été neutralisé
• Octobre 2019 : neutralisation d’Abou Abderahman al Maghrebi, considéré comme le numéro deux et leader religieux du RVIM
• 3 juin 2020 : neutralisation d’Abdelmalek Droukdel, « émir » d’AQMI, après avoir capturé, le 19 mai, le djihadiste Mohamed el Mrabat, cadre majeur de l’EIGS
• 10 novembre 2020 : neutralisation de Bah Ag Moussa, chef militaire au sein du RVIM
• Juin 2021 : l’EIGS a subi de lourdes pertes au sein de son encadrement : Dadi Ould Chaib, chef de groupe plus connu sous le nom d’Abou Dardar, et Sidi Ahmed Ould Mohammed, alias Khattab al-Mauritani, ont été capturés tandis que Almahmoud ag Baye, alias Ikaray, important cadre de l’EIGS, a été neutralisé
• Juillet 2021 : Issa Al Sahraoui, coordinateur logistique et financier de l’EIGS et Abou Abderahmane Al Sahraoui, second cadre de l’EIGS chargé de prononcer des jugements, ont été eux aussi neutralisés
• Août 2021 : Adnan Abou Walid al-Sahraoui, « émir » de l’EIGS a été neutralisé
• Octobre 2021 : neutralisation de Oumarou Mobo Modhi, chef de groupe important au sein d’Ansarul Islam
• Octobre 2021 : neutralisation de Saghid ag Alrhroro, chef de la Saryat Gourma et adjoint d’Abou Hamza al Chinguetti, émir du Gourma pour le RVIM
• Décembre 2021 : neutralisation de Soumana Boura, chef de groupe de l’EIGS et responsable de l’assassinat de 6 Français dans le parc de Kouré
• Juin 2022 : capture d’Oumeya Ould Albakaye, haut responsable de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS)
Avec la concentration, la coordination et la continuité de leurs efforts, BARKHANE et les forces partenaires ont permis de déstructurer l’EIGS et de considérablement affaiblir son influence dans la région des Trois Frontières.
Depuis 2013, la réalité des résultats obtenus est bien tangible. L’engagement des armées françaises aux côtés des partenaires a permis :
• d’empêcher l’effondrement du Mali,
• d’éviter la constitution de sanctuaires terroristes, en particulier la territorialisation de la menace et la création d’un califat dans la zone des Trois Frontières
• de porter des coups sévères à l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS)
• de priver les GAT de leadership
• de participer à la montée en puissance et à la consolidation des armées de la région
UNE STRATEGIE DE CO-CONSTRUCTION AVEC LES ARMEES PARTENAIRES
Face à une menace évolutive et volatile et à l’environnement complexe, l’opération BARKHANE se transforme. Les pays sahéliens et la communauté internationale font en effet face à des groupes terroristes dont l’agenda clair et assumé vise à soumettre les populations locales et à étendre leur zone d’actions vers le golfe de Guinée. Ils font collectivement face aux GAT, au premier rang desquels les deux principales organisations terroristes que sont Al-Qaïda et Daechauxquelles. Il doivent également faire face à la menace constituée par Boko Haram dans la région du lac Tchad. L’action des GAT visait initialement à prendre le contrôle de portions de territoires, notamment dans la zone des Trois frontières (entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso). Face à leur échec, ils cherchent aujourd’hui à se disséminer vers le sud et vers l’ouest. En conséquence, le dispositif militaire des armées françaises évolue et s’adapte à la menace.
L’évolution du volet militaire français s’inscrit dans un continuum large entre l’offre diplomatique, des partenariats rénovés et des actions de développement afin de bâtir, dans la durée, une intimité plus forte avec les armées africaines. Cette stratégie repensée répond aussi aux évolutions potentielles de la menace en Afrique de l’ouest, notamment aux nouvelles velléités territoriales des groupes terroristes dans les pays du Golfe de Guinée. L’intention de la France demeure inchangée : lutter contre le terrorisme en favorisant la collaboration avec nos partenaires africains et internationaux et participer à la stabilisation de la zone, en fonction des demandes des différents acteurs.
LE PARTENARIAT, CLE DE VOUTE DU DISPOSITIF MILITAIRE FRANÇAIS

Le partenariat permet de construire ensemble un outil de défense capable de lutter efficacement contre tout type de menace et d’être en mesure de protéger les populations locales, premières victimes des groupes djihadistes.
Plusieurs missions de partenariat sont ainsi conduites afin de proposer aux pays concernés le renfort adapté aux multiples menaces. L’appui à nos partenaires repose ainsi sur un dispositif à trois dimensions :
● partenariat militaire opérationnel (PMO)
● partenariat de combat (PMC)
● opérations de réassurance et appui
Partenariat militaire opérationnel
La préparation militaire opérationnelle des forces militaires des pays du G5 Sahel est une des dimensions de l’action de BARKHANE. Le PMO a pour objectif de proposer à nos partenaires des conseils et des formations adaptées afin de répondre au mieux à la menace terroriste. Le volet de la coopération est essentiel afin d’aider et conseiller les armées partenaires. Ce type de partenariat est renforcé et s’appuie sur le même dispositif présent à l’échelle régionale au sein des Éléments français au Sénégal (EFS), des Éléments français au Gabon (EFG) et des Forces françaises en Côte d’Ivoire (FFCI). Les PMO sont mis en œuvre en synergie avec nos partenaires africains. Cet investissement sur l’ensemble de la zone permet de proposer aux partenaires qui en font la demande, des actions de préparation à l’engagement opérationnel et des détachements d’instruction technique et opérationnelle.
En 2022, plus d’une quarantaine d’actions de formation ont été conduites conjointement avec les armées partenaires : détachements d’instruction opérationnelle ou technique, préparation d’opérations, patrouilles et opérations conjointes, instructions au tir, sensibilisation au droit international humanitaire etc. Dans le domaine aérien, depuis le début d’année, une soixantaine de militaires de pays partenaires ont participé aux formations de Guideur aérien tactique avancé (GATA), leur permettant de gagner en autonomie pour guider leurs appuis aériens. De plus, au mois de mai 2022, 45 parachutistes nigériens ont passé leur brevet de troupes aéroportées français.
Suite à l’obtention de cette qualification, une opération aéroportée conjointe a pu être conduite dans le Liptakonigérien. En 2022, les militaires français ont mené :
• au Tchad : 27 actions d’instruction ;
• au Niger : 8 actions d’instruction et 14 actions de partenariat de combat ;
• au Burkina Faso : 2 actions d’instruction ;
• au Bénin : 5 actions d’instruction.
Partenariat de combat
Les pays de la sous-région et la force Barkhane ont bâti conjointement un partenariat militaire de combat afin de soutenir les armées mobilisées dans la lutte contre la menace terroriste. Il répond aux volontés et besoins identifiés et exprimés par les partenaires africains. Ce partenariat permet de proposer aux forces partenaires un soutien dans le domaine des appuis aériens, du renseignement, de la santé et de l’aéromobilité. L’objectif est d’appuyer les partenaires au sein de leurs opérations quand ils le demandent. Les armées françaises restent engagées au Niger pour soutenir les forces armées nigériennes dans leur combat contre les GAT dans la zone des Trois frontières. Cela s’illustre également avec la création d’un Poste de commandement de partenariat (PCP) à Niamey, le 1 er mars 2022. Ce PCP permet de planifier et de conduire des opérations communes entre le Niger et la France. Au Tchad, les armées françaises maintiennent une présence significative, en particulier avec la base aérienne projetée de N’Djamena.
Le partenariat militaire de combat s’inscrit dans la durée. Il se concrétise déjà par des opérations bipartites, multipartites ou des opérations conjointes transfrontalières.
Opération de réassurance et d’appui
L’objectif est d’être en mesure d’assurer un soutien répondant à la demande des forces partenaires. Cette réassurance se fait notamment grâce aux capacités aériennes des armées françaises déployées au Niger. Nos partenaires bénéficient également du maintien de certaines capacités essentielles : santé, aéromobilité, force de réaction rapide. Le Tchad est un élément clé du dispositif avec le maintien d’une présence aérienne et terrestre significative, et orientée également vers la coopération avec les forces armées tchadiennes.
Les opérations conjointes de réassurance et d’appui menées avec les partenaires visent à soutenir les forces alliées ou partenaires, notamment dans les domaines des appuis aériens, du renseignement, de la santé et de l’aéromobilité.
Don de matériels aux forces armées
Les dons de matériels militaires, effectués en fonction des besoins et des demandes des pays de la sous-région, contribuent également au renforcement des capacités opérationnelles des partenaires. Une importante quantité a d’ores et déjà été remise aux unités des armées des pays africains avec qui nous coopérons étroitement, par exemple des véhicules et du matériel ou encore des postes de transmission assurant l’interopérabilité des contingents de chaque pays.
Au Niger : une cession de 43 palettes de matériel médical à destination du service de santé des armées nigérien a par exemple été livrée. L’équipement du 71e Bataillon de sécurité et d’intervention (BSI) de Dossi se poursuivra au mois d’octobre avec la formation de la 714e Compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI).
Au Tchad : 9 ERC-90 Sagaie avec des pièces de l’outillage et des munitions ont été cédées au bataillon tchadien de la MINUSMa. Parmi ces dons, 4 000 doses de vaccin ont également été fournis. Le bataillon amphibie a également reçu du matériel d’habillement, couchage, campement et ameublement.
Le soutien apporté par les armées françaises n’est pas seulement de nature militaire. Des actions civilo-militaires (CIMIC) sont également menées au profit de la population locale. Dans ce cadre, les armées françaises agissent en conduisant ou en soutenant des projets qui apportent une aide directe aux populations : accès à l’eau, à l’énergie, à la santé ou à l’éducation.
Ainsi au Tchad, depuis 2021, près de 100 actions ont été réalisées par la force Barkhane : nombreux dons de nourriture, de matériel scolaire, médical et sportif à Abéché, Faya et N’Djamena. BARKHANE a financé la rénovation d’une école à Abéché et d’une école du 2 e arrondissement de N’Djamena, la construction d’un maraichage à N’Djamena ou encore la rénovation de la maison des combattants de N’Djamena. En août 2022, près de 80 tonnes de vivres ont été livrées par les airs au profit des populations sinistrées et isolées par les pluies du village de Koukou Angarana, à la demande du gouvernement tchadien. En deux ans, BARKHANE, a financé pour près de 220M FCFA (220 000€) d’actions civilo-militaires. Grâce à la mise en œuvre des différents projets socio-culturels, menés conjointement avec les acteurs locaux, les armées françaises participent au renforcement des services publics et de la sécurité intérieure.
Les actions CIMIC constituent ainsi l’une des clefs participant à l’endiguement du djihadisme, en donnant des perspectives d’avenir aux jeunes générations, cible privilégiée des recruteurs des GAT.
FOCUS : la réarticulation de la force Barkhane hors du Mali

Le départ des derniers militaires français du Mali, après 9 années d’opération, s’est effectué conformément à la planification. Ce défi logistique majeur a été relevé en bon ordre et en sécurité, ainsi qu’en transparence et en coordination avec l’ensemble des partenaires, tout en continuant les missions de combat. Au bilan, la ré-articulation de la force Barkhane hors du Mali a nécessité d’évacuer environ 1 100 bungalows, 2 200 tonnes de fret et 1 250 véhicules. Le transport s’est fait à 90% par la route, par des convois entre la base de Gao et le Niger. Les 10% restant ont été réalisés par les ponts aériens mis en place par l’armée de l’Air et de l’Espace afin de désengager les matériels concernés directement vers la France.
La base de Gao a été rétrocédée aux FAMa dans la nuit du 14 au 15 août 2022, selon un processus rigoureux afin de transmettre un outil pleinement opérationnel conformément aux attentes exprimées par les FAMa. Ainsi, environ 500 bungalows, 10 000 m² de bâtiments et 4 forages d’eau ont été entretenus jusqu’au dernier moment et laissés en bon état afin que les FAMa puissent poursuivre la lutte contre les groupes armés terroristes depuis ce point d’appui. La majeure partie des véhicules et du fret acheminée vers le Niger n’a pas vocation à être employée au sein du nouveau dispositif de l’opération BARKHANE. La manœuvre logistique de réacheminement de ce matériel vers la France se poursuit : par les ponts aériens mis en œuvre directement entre la France et le Niger, mais également par les convois menés en direction de la République de Côte d’Ivoire et du Bénin, pour être ensuite acheminés par bateau en direction de la France.
LE DISPOSITIF

Le défi logistique de la force Barkhane est de pouvoir mener en permanence et de façon simultanée des opérations dans toute sa zone d’action. Dans un espace vaste comme l’Europe, au climat exigeant, le dispositif logistique de BARKHANE repose sur une planification fine, afin de ne jamais interrompre le soutien des unités ou ralentir le rythme opérationnel. Environ 3 000 militaires sont désormais déployés dans le cadre de l’opération BARKHANE. Depuis le 27 juillet 2022, ils sont placés sous le commandement du général de division Bruno BARATZ qui opère depuis le Poste de commandement interarmées de théâtre (PCIAT) stationné à N’Djamena au Tchad.
Le dispositif militaire français s’articule autour des deux points d’appui permanents : la base aérienne projetée de Niamey au Niger et la base aérienne projetée de N’Djamena au Tchad. Afin de pouvoir agir dans les zones les plus reculées, en soutien des armées partenaires, des détachements sont également déployés sur des bases avancées temporaires situées au Tchad : le camp Capitaine Michel Croci à Abéché, dans l’est du pays et le camp de Faya-Largeau, dans le nord. Le dispositif peut également compter sur quatre points d’appui maritime : Dakar, Abidjan, Douala et Cotonou. L’opération comprend également 8 hélicoptères (4 Tigre et 4 Caïman) constituant un DETALAT, 295 blindés, 360 véhicules de logistique, 6 avions de chasse, 5 drones et 5 à 6 avions de transport. Enfin, le dispositif s’appuie également sur les EFS, FFCI et EFG.
Par leur emplacement stratégique, les deux bases aériennes projetées jouent un rôle majeur au sein de l’opération BARKHANE. La présence d’avions de transport sur ces deux plateformes et la possibilité de ravitailler des chasseurs en vol permet de s’affranchir des élongations du théâtre et de rapidement atteindre tout point de la BSS. Dans ce cadre, des Livraisons par air (LPA) permettent de ravitailler les emprises les plus isolées. La présence d’avions de combat et de drones fait peser une menace permanente sur nos adversaires et permet de les frapper le cas échéant. La complémentarité des moyens chasse et drones contribue à la mise en place d’interventions coordonnées, en appui des opérations des forces terrestres notamment.
BARKHANE bénéficie également du soutien de ses partenaires notamment américain qui contribue dans les domaines du ravitaillement en vol, du transport stratégique, de transport intra-théâtre et du renseignement.
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