Le 23 janvier 2023, 25 kilogrammes de lingots d’or, consignés au nom de la société ETS SOSIM SARL, embarqués à Dubaï le même jour à 20h32 en direction de Conakry, ont été réceptionnés par le même Laye Traoré à la date du 24 janvier 2023.
Le 19 avril 2023, une autre quantité d’or de 15 kg a été réceptionnée sur la base d’une attestation signée par le sergent-chef Kemo Condé, un autre membre de la garde rapprochée du général Amara Camara. Ces différentes réceptions d’or par des éléments proches du ministre secrétaire général à la présidence font un total de 58 kg d’or fin, dont la valeur actuelle est estimée à 6 millions 205 mille 524,98 dollars américains, soit 53 milliards 678 millions 760 mille francs guinéens. Au-delà de cette affaire de lingots d’or, notre équipe d’investigation a pu consulter une autre série de pièces matérielles attestant de mouvements bancaires, de correspondances internes et de documents d’exportation illicites.
Ensemble, ils révèlent les contours d’un vaste réseau de blanchiment d’argent, solidement implanté au sommet de l’État guinéen depuis plus de trois ans. Après avoir été informés par nos soins de cette affaire, un membre de la garde présidentielle nous déclare ouvertement : « Tout ce que je sais, c’est que les jeunes qui assurent la protection rapprochée du général Amara Camara sont plus aisés que les autres éléments du groupement, hormis ceux qui occupent des fonctions. » À la question de savoir si les deux militaires de la garde du patron de la campagne politique, actuellement en cours pour la candidature du général Mamadi Doumbouya, sont issus du groupement des forces spéciales, un autre militaire du palais Mohamed V nous confie : « Parmi les éléments de la garde du général Amara, il y a pas mal de fantassins avec lesquels il était lorsqu’il était directeur de l’EMIA.
Une fois affectés derrière lui, vu qu’il est à la présidence, ces jeunes arborent les uniformes des Forces spéciales, sauf qu’ils ne portent pas le béret rouge ni nos écussons.
Mais à vue d’œil, si ce n’est pas un militaire, il n’est pas facile de déceler leurs unités, car ils ne portent pas leur béret vert par complexe et préfèrent se cagouler ou porter des képis. Sinon, les éléments du GFS qui marchent avec lui sont planifiés juste pour le besoin de chaque mission, et ils sont souvent coiffés par un capitaine. » Au regard de ce qui précède, il y a lieu de poser un certain nombre de questions. En quoi ces jeunes militaires sont-ils si importants pour bénéficier d’une telle quantité d’or, ou faut-il dire qu’ils ne sont que des pions ? Qui serait donc le destinataire final de ces lingots d’or ? Inutile de chercher bien loin : cette quantité d’or n’était autre que le butin du général Amara Camara, ministre secrétaire général à la présidence.
Voilà pourquoi cette affaire, et d’autres que nous savons, expliqueraient-elles la non-judiciarisation du scandale d’or pour lequel Tidiane Koïta et le gouverneur de la BCRG avaient été arrêtés pendant des jours et libérés au nom d’un « règlement à l’amiable » ? Cette implication du secrétaire général de la présidence, le général Amara Camara, doit permettre de comprendre davantage l’ampleur du désastre économique et financier entretenu par ceux qui tiennent des discours de bonne gouvernance et de moralisation de la gestion publique. N’est-ce pas une bonne raison pour eux de souhaiter la continuité du CNRD au pouvoir ? Ce qui est certain, c’est que le voile commence à se lever sur un système criminel aux ramifications tentaculaires. C’est une vérité qui dérange, mais qu’il devient impossible de taire. Wait and see !!!
À suivre…
Équipe d’investigation :
Mamoudou Babila KEÏTA
Abdoul Latif Diallo
Sékou Koundouno