Le retrait du Sénégal de la catégorie des Pays les Moins Avancés (PMA) peut avoir des implications significatives sur les plans économique, social et géopolitique. Ce passage à un statut de pays en développement reflète, en règle générale, des progrès en termes de développement humain, économique et institutionnel, mais il entraîne également des défis majeurs, notamment par rapport à la nouvelle vision SENEGAL 2050.
C’est pourquoi les nouvelles autorités sénégalaises qui n’étaient pas encore en place au moment où le processus qui a abouti à cette décision a été enclenché, se doivent de faire une analyse approfondie de cette nouvelle situation avant la mise en place d’une éventuelle stratégie devant accompagner la phase de la transition, au terme de laquelle, la décision de sortie de la catégorie des PMA sera effective.
En attendant de revenir sur cette question que nous ne manquerons d’explorer avec les outils de l’Intelligence Économique (IE) pour ressortir les différentes perceptions qu’il est possible d’en avoir, pour pouvoir échafauder des hypothèses quant aux perspectives, en particulier, en corrélation avec la vision SENEGAL 2050, le CEDS de Dakar partage avec ses auditeurs, les principales conséquences possibles, qui sont inhérentes à cette information, dans le contexte géopolitique actuel :
Réduction des aides et préférences commerciales
• Perte d’aides au développement : Les PMA bénéficient de nombreuses aides financières internationales, souvent sous forme de dons ou de prêts concessionnels à taux avantageux. Le Sénégal pourrait voir ces aides diminuer, ce qui pourrait compliquer le financement de certains projets de développement.
• Fin des préférences commerciales : Le Sénégal pourrait perdre l’accès préférentiel aux marchés des pays développés (exemptions douanières, quotas) dans le cadre de régimes spécifiques tels que l’Initiative “Tout sauf les armes” (TSA) ou les systèmes de préférences généralisées (SPG).
Augmentation de la compétitivité internationale
• Le Sénégal devra être plus compétitif pour maintenir ses exportations face à des pays bénéficiant toujours du statut de PMA. Cela pourrait encourager une diversification économique et un développement accru des infrastructures et des industries locales.
Renforcement de son attractivité économique
• Investissements étrangers : Ce changement de statut peut envoyer un signal positif aux investisseurs étrangers, suggérant que le Sénégal a stabilisé ses institutions et renforcé son économie.
• Développement de partenariats : Le Sénégal pourrait attirer davantage de partenariats bilatéraux et multilatéraux, notamment dans des secteurs stratégiques comme les énergies renouvelables, les technologies numériques ou l’agriculture.
Repositionnement géopolitique en Afrique
• Leadership régional : Le Sénégal pourrait se positionner comme un modèle de réussite dans la région, ce qui renforcerait son rôle diplomatique et politique au sein de l’Union africaine et des organisations régionales comme la CEDEAO.
• Pressions accrues : En revanche, un pays non classé PMA est souvent considéré comme plus stable et mieux structuré, ce qui pourrait entraîner des pressions internationales pour qu’il prenne davantage de responsabilités dans les initiatives régionales et globales, comme la gestion des crises migratoires ou climatiques.
Défis internes accrus
• Inégalités persistantes : La sortie de la catégorie des PMA ne signifie pas une disparition des inégalités sociales ou économiques. Le gouvernement devra gérer les attentes croissantes des populations, surtout si les aides diminuent.
• Transition difficile : Le Sénégal devra trouver des alternatives à l’aide internationale pour continuer à financer son développement. Cela exigera une gestion rigoureuse des ressources nationales et des réformes structurelles plus hardies que celles annoncées.
Opportunités diplomatiques
• Accès aux clubs économiques mondiaux : Le Sénégal pourrait prétendre à une participation accrue à des forums économiques internationaux, comme le G20, en tant que représentant des économies africaines émergentes. Mais pour quels gains ?
• Partenariats Sud-Sud : La sortie de la catégorie des PMA peut également renforcer la coopération avec d’autres pays émergents, en particulier dans des cadres tels que le BRICS ou d’autres initiatives similaires.
Adaptation aux nouveaux enjeux globaux
• Transition écologique : En tant qu’économie en développement, le Sénégal devra s’impliquer davantage dans les engagements climatiques mondiaux. Cela pourrait renforcer son attractivité pour des financements verts, mais augmenter aussi la pression pour des réformes dans ce domaine.
• Gestion des migrations : Avec la perception d’une amélioration économique, le Sénégal pourrait être confronté, entre autres, à des pressions diplomatiques accrues pour gérer les flux migratoires, notamment vers l’Europe.
CONCLUSION
Le retrait du Sénégal de la catégorie des PMA, pour autant qu’il soit validé « in fine » par les nouvelles autorités, après une analyse approfondie du processus des résolutions dont il découle, marquera une étape importante de son développement, mais il impose des défis complexes à surmonter. Pour minimiser les impacts négatifs, le pays devra adopter une stratégie proactive pour diversifier son économie, renforcer ses institutions, et s’assurer que cette transition profite à l’ensemble de la population. Sur le plan géopolitique, cela peut représenter une opportunité unique de repositionnement en une puissance régionale émergente.
LA DIRECTION GÉNÉRALE DU CEDS DE DAKAR