A quoi sert le stade Abdoulaye Wade de Diamniadio si ce n’est pour abriter les rencontres de l’équipe nationale A du Sénégal ? Depuis son inauguration en grande pompe en février 2022, seule l’équipe d’Aliou Cissé y a élu domicile ; et ses derniers matchs peinent à faire le plein. Cette infrastructure de dernière génération qui a couté une immense fortune au Sénégal (plus de 150 milliards) n’est toujours pas gérer convenablement encore moins rentabilisé. Un tel investissement ne doit pas juste signifier un prestige et une fierté nationale Il doit participer, comme souhaité, au rayonnement du sport sénégalais et faire du Sénégal, un hub sportif.
Depuis février 2022, au lendemain du premier sacre des Lions à la CAN (Coupe d’Afrique des Nations), le Sénégal tient un stade de renom et n’a plus rien à envier aux autres en termes de qualité (en attendant la quantité). Mais après l’après l’euphorie qui a accompagné l’acquisition de ce bijou à coup de milliards de F CFA, retour à la réalité sénégalaise : le souci de la maintenance et de la rentabilité.
Un stade très peu utilisé
Le stade Abdoulaye Wade est devenu, après son inauguration en grande pompe le 22 février 2022 en présence du président de la Fifa, Gianni Infantino, et celui de la CAF, Patrice Motsepe, ainsi que de plusieurs chefs d’État : le président allemand Frank-Walter Steinmeier, le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président rwandais Paul Kagame ou encore le président du Liberia, George Weah étaient tous aux côtés de Macky Sall pour couper le ruban. Il s’en est suivi le match de gala qui opposait d’anciennes gloires du Sénégal à un onze composé de stars africaines à la retraite.
Cet écrin de 50.000 places a accueilli pour la première fois, un match officiel le 29 mars 2022 contre l’Egypte en barrage retour pour le Mondial 2022 où il avait fait le comble. Depuis lors, seul une dizaine de matchs des Lions, deux finales de Coupe du Sénégal (2023 et 2024) et quelques rare apparitions des sélections de petites catégorie qui sont souvent envoyées au stade Lat Dior de Thiès. Même les matchs retour des préliminaires des compétitions africaines (Ligue des Champions et Coupe CAF) de Teungueth FC (contre le Stade d’Abidjan) et du Jaraaf de Dakar (contre l’East End Lions) sont délocalisés à Thiès au grand dam des supporters des deux représentants sénégalais. Cette enceinte ultra moderne qui peut revendiquer le titre de « pus beau stade d’Afrique » ne semble destiné, pour l’heure, qu’à l’équipe nationale A du Sénégal alors qu’elle devrait contribuer au rayonnement du sport sénégalais, en général et du football en particulier.
Pas accessible aux voisins
Aux dernières nouvelles, le match devant opposer la Gambie à la Tunisie (éliminatoires CAN 2025) n’aura finalement pas lieu au stade Abdoulaye Wade dont la location est jugée «exorbitante» par la Fédération gambienne. Notre confrère, Abdoulaye B Thiam qui a donné l’information hier, révèle par ailleurs, que le royaume chérifien qui est dans le soft power afin de devenir le Qatar de l’Afrique va accueillir la rencontre. La FRMF a d’ailleurs signé plusieurs conventions avec différentes fédérations en Afrique au Sud du Sahara avec à la prime des réductions tous azimuts (hébergement, transport, restauration, etc.). Rien qu’entre 2022 et 2023, le royaume chérifien a abrité plus de 62 matches des équipes africaines. Parfois contre ses propres adversaires. La somme de 35 millions de F CFA pour la location semble trop chère pour les pays voisins qui ont d’autres priorités. Du coup, le Sénégal perd un potentiel client qui pouvait lui devenir fidèle puisque n’étant pas encore prêt à construire un stade aux normes. La perte est aussi pour la Gambie qui se réfugie finalement au Maroc, alors qu’elle aurait pu mobiliser sa forte colonie présente au Sénégal voir même déplacer ses supporters en masse depuis la Gambie et par voie routière pour rejoindre Dakar et pousser les « Scorpions » à la victoire.
Outre la Gambie, plusieurs voisins du Sénégal dont la Guinée-Bissau, la Guinée entre autres préfère laisser le Sénégal (plus proche) pour aller recevoir leurs adversaires en terre marocaine. Ça ne sert à rien d’élever autant le coût de la location tant bien qu’il faut sauvegarder et assurer la maintenance, pour finalement ne jamais trouver preneur.
C’est beau d’avoir une infrastructure d’une telle qualité et commodité, reste la lancinante question de la gestion qui semble être le maillon faible des dirigeants sénégalais. Si l’entretien pour l’heure confié par la SOGIP (Société de gestion des infrastructures publiques des pôles urbains de Diamniadio et du Lac rose), il urge de penser aujourd’hui, à la rentabilité de ce bijou architecturale étant donné le cout de l’investissement (plus de 150 milliards de F CFA). Il ne faut surtout pas que tout l’investissement ne serve au finish qu’à accueillir une seule sélection.
Jacques Victor GOMIS