Ce sera la 4e édition des vespérales géopolitiques du CEDS de Dakar prévue ce 30 Janvier 2025 en webinaire sous le thème : «Géostratégie et géopolitique de l’implantation des bases militaires étrangères à travers le monde : controverses et résistances locales ».
Pour ce premier mois de l’année 2025, le Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques (CEDS) de Dakar a décidé d’organiser la quatrième édition de ses « Vespérales géopolitiques» portant sur l’étude des bases militaires étrangères à travers le monde. Selon les termes de référence, il s’agit «d’un sujet qui se situe au carrefour de la géopolitique, de la géostratégie de la sécurité , et des relations internationales ».
«Instrument d’influence, de positionnement stratégique et d’affirmation de puissance des États, les bases militaires étrangères constituent aujourd’hui un sujet d’attention accrue mais aussi de controverses au niveau des pays hôtes. En effet, elles peuvent être considérés à la fois comme des outils de dissuasion et de projection de force, mais aussi comme des plateformes de coopération et de domination » rappellent les termes de référence préparés par le CEDS.
Ils ont également rappelé que «leur implantation à travers le monde, de l’Europe à l’Asie en passant par le Moyen-Orient, l’Afrique à l’Amérique latine, constitue l’un des outils les plus visibles de la projection de puissance des États. Qu’elles soient terrestres, aériennes ou navales, elles répondent à des motivations diverses, potentielles, virtuelles, réelles ou supposées , souvent imbriquées », notamment, «la sécurisation des intérêts économiques, la lutte contre les menaces transnationales, le maintien de l’influence géopolitique, la réponse humanitaire et gestion des crises ».
Cependant il faut également souligner que «la présence de bases militaires étrangères suscite aussi des interrogations légitimes et croissantes ». Les termes de référence s’interrogent en ces termes : «ces bases doivent-elles être perçues comme des outils de coopération militaire, des instruments de prévention, de dissuasion et de lutte pour la, préservation de la sécurité ? Ou alors, seraient-elles perçues autrement, en quelque sorte comme des leviers de domination ou de négation de la souveraineté des pays hôtes ? »
Par ailleurs, «sur le plan politique est-ce que la coopération militaire avec présence d’une base militaire peut être une entrave à l’exercice et à la maitrise totale de la souveraine ? » poursuivent les TDR. « Au plan économique, es bases militaires étrangères ont-elles un coût prohibitif pour les pays d’accueil ? ont-elles des retombées économiques réelles pour ces pays qui sont souvent en situation de dépendance financière ou technologique ? Ces pays hôtes, peuvent -ils choisir l’alternative souveraine d’accepter la présence de ces bases militaires étrangère contre une forte compensation financière et une coopération militaire et stratégique multiforme, selon l’expression des besoins du pays d’accueil ? » se demandent-ils.
Et enfin «au plan social, comment les populations locales perçoivent-elles l’implantation de ces bases militaires, et dans quelle mesure influencent-elles la souveraineté nationale ? ».
A travers ces TDR, le Ceds rappelle que «de plus en plus de voix s’élèvent, que ce soit au sein des sociétés civiles ou des cercles académiques, pour remettre en question la légitimité de l’implantation de ses ces bases militaires étrangères ». Selon le Centre, «les uns y voient des vestiges du néocolonialisme, les autres dénoncent leur rôle dans l’aggravation des tensions régionales et certains pensent qu’elles constituent un effet aubaine pour les pays qui abritent, en ce qu’elles participent de la dissuasion contre d’éventuelles attaques ennemies ou extrémistes violents ».
En outre, les TDR ajoutent «qu’indépendamment de toutes ces interrogations auxquelles nos panélistes vont tenter de répondre, pour nombres d’analystes et experts confirmés sur ces sujets, les bases militaires étrangères, outils puissants de projection stratégique, sont le reflet des ambitions géopolitiques des grandes puissances ». Ils ajoutent que «si elles sont parfois perçues comme des garants de sécurité et de stabilité, elles incarnent aussi, pour beaucoup, une forme d’ingérence qui soulève des interrogations sur la souveraineté nationale et l’équilibre des relations internationales ».
Par ailleurs, les TRD soulignent «qu’en Afrique, plus qu’ailleurs, ces bases militaires rappellent un passé marqué par la domination coloniale et les relations asymétriques. Elles s’inscrivent dans une dynamique où , la protection des intérêts économiques et stratégiques des puissances étrangères semble primer sur les priorités locales de développement et d’autodétermination ». Ainsi, «ces dernières années, ces bases, qu’elles soient temporaires pour combattre le terrorisme ou permanentes dans le sillage de l’avènement des « États importés », comme c’est le cas dans la quasi-totalité des pays à qui, pour l’essentiel, l’accession à la souveraineté nationale a été octroyée, sont l’objet d’une vague de contestation en Afrique de l’Ouest et du Centre notamment au Mali, au Niger, au Burkina Faso, en Côte-d’Ivoire, au Tchad…) » rappellent-ils.
«Le cas du Sénégal, et plus particulièrement de la base militaire française de Dakar, illustre cette tension entre coopération militaire stratégique et affirmation de la souveraineté nationale. La décision du Sénégal de demander, en toute légitimité et avec sérénité, la fermeture de cette base marque un tournant dans les relations entre l’Afrique et ses anciens partenaires coloniaux » poursuivent les Termes de référence.
«Au demeurant, par rapports à ses relation séculaires avec la France, certains se posent en permanence, la question de savoir si le Sénégal, tout en affirmant et réaffirmant sa pleine souveraineté nationale, ne devrait pas trouver un « modus operandi » pour maintenir les acquis de la coopération militaire avec les français. Le Sénégal a déjà pris sa décision, la France l’a respectée et acceptée. L’expression de la souveraineté nationale du Sénégal est sans équivoque » lit-on sur le document.
«Sénégalais et français ne devraient-ils pas mettre à profit cette occurrence pour créer un partenariat alternatif de coopération stratégique dont la vocation, outre les formations et les renforcements de capacité, serait de prévenir et d’anticiper tout ce qui pourrait impacter négativement, du point de vue et la paix et de la stabilité, l’environnement géostratégique et sécuritaire du Sénégal, de la Mauritanie et la Guinée qui sont tous membres de l’OMVS » expliquent le Termes de référence.
Ainsi, dans ce contexte que le CEDS de Dakar, qui demeure «un creuset d’excellence pour la pensée stratégique et géopolitique au service de la paix et du développement en Afrique, s’est proposé de consacrer la 4ème édition de ses vespérales géopolitiques sur la portée des bases militaires étrangères dans le monde et les implications de leur fermeture ou de leur maintien en Afrique ».
Il faut rappeler que l’objectif de cette rencontre est «d’apporter un éclairage sur la problématique suivante : la présence des bases militaires étrangères peut-elle encore être justifiée à l’ère où la souveraineté nationale et l’autodétermination des peuples sont des principes fondamentaux ?».
En plus, «en croisant les enjeux historiques, économiques et géopolitiques liées à ses bases militaires, le panel d’experts du CEDS et les participants essayeront d’y répondre en examinant les motivations des grandes puissances à maintenir ces infrastructures stratégiques tout en explorant les impacts variés qu’elles engendrent pour les pays hôtes » indiquent les Termes de référence. Synthèse Cheikh GUEYE
Liste des Intervenants
- Monsieur Babacar Socrate DIALLO, Directeur Général du CEDS de Dakar, Président du Conseil de Gouvernance de Dakar Science Po
- Pr Charles MOUMOUNI, Professeur Titulaire à l’Université LAVAL du Québec, Professeur associé au CEDS de Dakar
- Pr Papa Samba NDIAYE, Agrégé de Science Politique, Directeur de l’UFR Sciences
Politiques et juridiques de l’UGB de Saint-Louis, Professeur associé au CEDS de Dakar
- Pr Samba Buri MBOUP, Ancien Ambassadeur, Professeur associé au CEDS de Dakar
- Colonel Moctar SOW , Ancien Officier Supérieur des Forces armées du Sénégal, Expert Conférencier au CEDS de Dakar
- Colonel (er) ADJE, Ancien Officier Supérieur des Forces armées du Sénégal, Expert
Conférencier au CEDS de Dakar
- Introduction du sujet :
- Pr Charles MOUMOUNI, Professeur Titulaire à l’Université LAVAL du Québec, Professeur associé au CEDS de Dakar
Modérateur
- Dr Timothée AMOUSSOU, Directeur Exécutif de l’Ecole Panafricaine d’Intelligence Économique et de Stratégie (EPIES), Directeur des Etudes et de la Programmation du
CEDS de Dakar
PARTICIPANTS
- Outre les auditeurs et chercheurs du CEDS de Dakar, les officiels, les représentants du corps diplomatiques, des organisations internationales, des forces de défense et de sécurité, les enseignants/chercheurs des universités et des centres de recherches, les représentants du secteur privé et de la société civile, les journalistes de la presse nationale et internationale…