octobre 13, 2025
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Politique

Des fronts atones : les raisons du silence de l’« Axe de la résistance » pendant la guerre entre l’Iran et Israël

La réaction modérée du Hezbollah, des groupes armés irakiens et des Houthis à l’attaque israélienne contre l’Iran en juin 2025 reflétait d’abord leurs propres enjeux internes. Chacun de son côté était contraint par des considérations politiques, économiques et sécuritaires au niveau national, ce qui limitait tout intérêt à provoquer une escalade du conflit.

Il s’agissait également d’une décision consciente de Téhéran de gérer seul ce conflit. Les dirigeants iraniens estimaient pouvoir riposter directement contre Israël out en évitant de franchir les lignes rouges susceptibles de déclencher une intervention américaine.

En démontrant sa capacité à absorber les frappes israéliennes et à riposter de manière indépendante, l’Iran voulait faire de sa retenue un message stratégique. Cet épisode a mis en évidence un nouveau mode opératoire au sein de l’Axe de la résistance, qui consiste à dissuader l’adversaire en passant par des actions calibrées et une retenue contrôlée, plutôt que par une escalade mécanique sur plusieurs fronts.

La guerre qui ne s’est pas propagée

Le matin du 13 juin 2025, le monde s’est réveillé avec, à la une, des gros titres annonçant un nouveau chapitre dangereux au Moyen-Orient. Pendant la nuit, Israël a lancé ses raids les plus profonds et les plus sévères à ce jour contre l’Iran. Des vagues d’avions de combat ont pénétré loin dans le ciel iranien, visant des sites militaires et nucléaires critiques. Simultanément, des équipes clandestines ont assassiné des scientifiques de premier plan dans le nucléaire et des commandants militaires de haut rang. Des explosions ont secoué Ispahan, Natanz et Parchin. Des vidéos montrant des infrastructures en feu et des défenses aériennes paralysées ont inondé les médias internationaux. Pour la première fois depuis des décennies, l’Iran paraissait vulnérable, non seulement vu du ciel, mais jusque dans ses bastions de sécurité qu’on pensait les mieux protégés – une démonstration de l’étendue de l’espionnage israélien en leur sein.

Dans la région, on anticipait une contre‑attaque inévitable. Pendant plus de deux décennies, l’Iran avait construit un réseau d’alliés militants, l’« Axe de la résistance », précisément destiné à dissuader ce type d’agression. Le Hezbollah libanais et son vaste arsenal de roquettes, les Houthis yéménites et leurs missiles et leurs drones, les groupes armés irakiens dont les capacités de frappe s’étendent de Bagdad au golfe Persique et à travers le Levant, tous contribuaient à ce bouclier asymétrique iranien. Dans toute la région et au-delà, on supposait que toute attaque israélienne directe sur le sol iranien déclencherait une riposte immédiate et multiforme de la part de ces groupes, étendant rapidement le conflit au-delà des frontières iraniennes.

Mais… rien.

De Beyrouth à Bagdad, les partenaires de Téhéran sont restés ostensiblement en retrait. Il n’y a pas eu de barrages du Hezbollah à la frontière libanaise, pas de vagues de drones en provenance d’Irak, pas de salves de missiles houthis au-dessus de la mer Rouge. En lieu et place de la chorégraphie traditionnelle de l’escalade, calcul, ambiguïté et retenue.

Ce que ce silence révèle

Pour de nombreux observateurs, ce calme a démontré que l’Axe de la résistance avait été efficacement neutralisé. Après des années d’usure face à Israël, de frappes américaines et de crises internes au Liban, en Irak et au Yémen, on a supposé que ces groupes étaient tout simplement incapables de riposter. Cette analyse est en partie vraie. Les capacités ne sont plus ce qu’elles étaient il y a encore un an. Mais s’arrêter là, c’est passer à côté d’une partie de l’histoire. La guerre de juin 2025 a révélé non seulement l’épuisement temporaire de l’Axe, mais aussi l’évolution de ses priorités et le calcul stratégique de l’Iran. Le silence était non seulement lié à ce que ces membres ne pouvaient pas faire, mais surtout à ce qu’ils avaient choisi de ne pas faire.

Dans les faits, deux facteurs interdépendants ont façonné le comportement des alliés de l’Iran. Premièrement, l’Axe de la résistance ne se définit pas uniquement par l’idéologie ou la confrontation commune avec Israël ; il est soumis à des réalités locales. Le Hezbollah, Hachd al-Chaabi (les Forces de mobilisation populaire ou PMF) en Irak et les Houthis doivent tous composer avec les pressions auxquelles ils font face en interne, les défis liés à leur survie politique et les limites de leur influence.

Deuxièmement, l’Iran lui-même a choisi de maintenir son réseau en veille. Malgré une rhétorique enflammée, des sources ont confirmé que Téhéran avait pris la décision de gérer l’escalade selon ses propres conditions, résistant à la tentation de mobiliser ses partenaires régionaux. Il ne s’agissait donc pas d’un échec de l’alliance, mais bien d’un calcul stratégique.

Il faut reconnaître un point d’inflexion : si l’architecture de dissuasion transnationale de l’Iran est plus ou moins intacte, elle est en tout cas en pleine adaptation. Le principal changement ne réside pas uniquement dans l’incapacité de l’Axe à répondre à une agression, mais dans la manière dont les intérêts (concurrents) de chaque groupe et les calculs propres à Téhéran déterminent désormais quand et comment les proxies de l’Iran réagissent. À une époque où la dynamique régionale est en pleine mutation, la cohésion et la crédibilité de l’Axe de la résistance dépendent de plus en plus d’intérêts communs et non d’un alignement automatique.

Penser local : les acteurs régionaux ont donné la priorité aux préoccupations nationales

Le Hezbollah a longtemps représenté le joyau incontesté de dissuasion iranienne. Mais les événements qui ont suivi le 7 octobre 2023 et les guerres israéliennes contre Gaza et le Liban l’ont contraint à une réorientation stratégique profonde. Selon les estimations, le Hezbollah aurait perdu entre 3 800 et 4 000 combattants, soit plus que lors de la guerre de 2006, et la plupart de ses hauts dirigeants ont été tués par Israël. Ce coût humain a coïncidé avec, d’une part, l’effondrement économique prolongé du Liban et, d’autre part, la paralysie politique du pays, réduisant les ressources financières du Hezbollah et affaiblissant sa capacité à fournir des services sociaux, pilier essentiel de sa légitimité nationale. L’effondrement du régime de Bachar el-Assad en Syrie a également fragilisé son soutien logistique, limitant ses capacités à se réarmer et se réorganiser.

Parallèlement, un débat interne est en train de redéfinir l’identité du Hezbollah. Des rapports suggèrent qu’une faction au sein du groupe prône une « identité libanaise plus forte », ce qui pourrait signaler un possible recentrage stratégique vis‑à‑vis de Téhéran. Cette réflexion interne traduit la prise de conscience que l’alignement strict sur la doctrine du wilayat al‑faqih (« gouvernement du docte », ndlr) et la dépendance continue à la force armée risquent d’éroder sa légitimité au Liban.

À ces défis s’ajoutent les pressions locales et étrangères en faveur du désarmement. Le président libanais a proposé une feuille de route soutenue par les États-Unis pour le désarmement du Hezbollah en échange du retrait des troupes israéliennes et d’une aide à la reconstruction. Ces pressions combinées expliquent pourquoi, pour le Hezbollah, un autre conflit à grande échelle, en particulier un conflit mené pour Téhéran, est devenu intenable. Le groupe préfère renforcer son influence politique à l’intérieur du pays, comme en témoignent ses récents succès aux élections locales et ses manœuvres en vue des élections législatives de l’année prochaine.

Les groupes irakiens PMF ont également évolué de manière pragmatique. Ne se limitant plus à des milices, beaucoup sont désormais intégrés à l’État irakien : ils emploient environ 20 000 membres dans des fonctions officielles de sécurité, occupent des positions ministérielles et dirigent des entreprises publiques. Une escalade contre Israël ou les États-Unis mettrait en péril leur autorité politique et leurs sources de revenus, qui ont augmenté de manière exponentielle ces dernières années. En termes simples : la guerre est mauvaise pour les affaires. Ces acteurs sont désormais intégrés dans les réseaux de patronage irakiens et voient plus d’intérêt à préserver le statu quo qu’à risquer une confrontation sans gain direct au niveau national.

Même les groupes moins intégrés – les fasayil – ont été activement contenus. Leurs déviances ont en effet coûté cher par le passé : après l’attaque de la milice Kata’ib Hezbollah contre la Tour 22 (un avant-poste américain isolé à la frontière jordano-syrienne) en 2024, les États-Unis avaient répliqué par d’importantes frappes à Bagdad et ailleurs, montrant le prix élevé d’une escalade non maîtrisée. Ces groupes sont également très conscients du danger qu’implique leur infériorité militaire, en particulier l’absence de puissance aérienne. Le souvenir des assassinats par les États-Unis du général iranien Qasem Soleimani et du chef des PMF Abou Mehdi al-Mouhandis en janvier 2020 sert de piqure de rappel concernant le coût d’une escalade. Cette leçon a depuis influencé le comportement des autres proxies iraniens au sein de l’Axe.

Les Houthis au Yémen ont été les seuls à imiter l’Iran en lançant directement une offensive. Le 15 juin, ils ont tiré plusieurs missiles balistiques sur le centre d’Israël, qualifiant ces attaques de soutien aux Palestiniens, et non pas simplement à Téhéran. Il convient de noter que leur cessez-le-feu du 6 mai avec les États-Unis avait permis de suspendre les attaques contre les navires dans la mer Rouge, mais excluait explicitement Israël. Lorsque les États-Unis se sont joints à ce dernier pour frapper des sites nucléaires souterrains iraniens le 22 juin, les Houthis ont annoncé qu’ils n’étaient plus liés par la trêve – avant de préciser quelques heures plus tard qu’ils coordonneraient toute action avec Téhéran. Ils ont ainsi joué un rôle de soutien, signalant leur alignement sans pour autant s’engager dans une escalade plus large. Leurs tirs, bien que limités, constituaient un message politique habile – une solidarité avec Gaza et l’Iran, sans déclencher une guerre totale. Cela reflète le choix iranien d’une frappe calibrée contre une base américaine au Qatar – conçue par l’Iran pour signaler sa détermination sans pour autant franchir les seuils d’escalade susceptibles de déclencher une intervention américaine majeure.

En résumé, le Hezbollah, les PMF et les Houthis ont chacun exprimé leur solidarité de façon rhétorique lors des frappes de juin, dénonçant Israël et, dans le cas des Houthis, signalant leur état de préparation. Pourtant, leur comportement concret révèle un alignement stratégique sobre, leurs intérêts se chevauchent voire se concurrencent (consolidation interne, préservation politique et escalade contrôlée). Leurs engagements idéologiques ont été balancés par leur prudence stratégique, soulignant la fragmentation de l’Axe et le glissement de ses membres d’un alignement automatique à un engagement conditionnel.

Pourquoi l’Iran n’a-t-il pas appuyé sur la gâchette ?

L’inaction des alliés régionaux de l’Iran pendant la guerre de Douze jours ne s’explique pas seulement par leur prudence. Selon des sources iraniennes au courant des délibérations internes, elle reflétait également un choix stratégique délibéré de Téhéran. Malgré sa rhétorique, l’Iran a choisi de ne pas activer l’ensemble de ses alliés pendant la crise. Cette décision reposait sur trois considérations interdépendantes.

Tout d’abord, pour les décideurs iraniens, l’objectif principal des premiers jours de la guerre était certes de confronter Israël, mais aussi d’éviter de déclencher une intervention militaire américaine. Si Téhéran pensait pouvoir résister et riposter aux frappes israéliennes, les hauts responsables étaient parfaitement conscients qu’une confrontation directe avec les États-Unis dégénérerait au-delà de ce que l’Iran pouvait contenir.

Traditionnellement, les groupes alliés iraniens opéraient selon la stratégie de « défense avancée » de Téhéran. Le Hezbollah, positionné le long de la frontière nord d’Israël, était chargé de la dissuasion et des représailles contre Israël. Les milices irakiennes, en revanche, s’inscrivaient dans une architecture conçue pour défier les forces américaines dans la région, en particulier en Irak et en Syrie. Les activer dans un conflit limité à Israël aurait offert peu d’avantages opérationnels et fourni à Washington un prétexte pour élargir l’affrontement – un scénario que Téhéran tenait à éviter. Dans cet esprit, le rôle le plus pertinent des Houthis était de perturber les voies maritimes de la mer Rouge, et leurs jets de roquettes ou vols de drones en direction d’Israël restaient limités par des contraintes géographiques et de portée.

Par ailleurs, la détermination de Téhéran à éviter une escalade régionale incontrôlable a été influencée par un précédent récent. L’attaque de la Tour 22 a failli déclencher une confrontation à grande échelle entre l’Iran et les États-Unis. Cet incident a mis en évidence le danger d’une violence incontrôlée lorsque des milices peu coordonnées agissent sans supervision centralisée.

Les dirigeants de Téhéran ont donc estimé que l’activation de groupes alliés, en particulier des factions irakiennes, risquait de reproduire ce scénario à une échelle beaucoup plus grande. Même après la décision américaine de frapper les installations nucléaires iraniennes, que Washington a présentée comme une opération ponctuelle, Téhéran est resté modéré. Les responsables iraniens avaient anticipé une telle frappe et avaient probablement déplacé les matériaux sensibles des sites clés. En réponse, l’attaque symbolique de missiles iraniens contre une base américaine au Qatar visait à signaler la détermination de l’Iran sans franchir les seuils d’escalade qui auraient pu provoquer une intervention militaire massive des États-Unis.

Deuxièmement, au-delà de la logique du champ de bataille, la décision iranienne était guidée par la gestion des perceptions. Les responsables de Téhéran estimaient que démontrer leur capacité à riposter seuls, malgré des pertes, renforcerait leur image de résilience, tant pour leur population que pour leurs alliés régionaux.

Lorsque des hauts responsables militaires iraniens ont été tués au début de la campagne israélienne, Téhéran les a rapidement remplacés et a lancé des frappes de missiles sur Israël dans les 24 heures. Le message était clair : l’Iran restait opérationnel, capable et maître de la situation.

En revanche, les assassinats ciblés par Israël de figures clés coordonnant l’Axe de la résistance, telles que Mohammad Reza Zahedi, Abbas Nilforoushan et Hassan Nasrallah, ont paralysé la « salle des opérations conjointes » de l’Axe. Sans supervision centrale efficace, le risque pour l’Iran était que ses milices alliées agissent de manière autonome et désordonnée, provoquant une escalade non contrôlée, exactement ce que Téhéran cherchait à éviter.

Enfin, malgré la gravité de l’attaque israélienne, les responsables iraniens ont estimé que le régime n’était pas en péril imminent. Le Corps des Gardiens de la révolution, bien que touché, restait opérationnel ; les infrastructures militaires essentielles, même endommagées, conservent une capacité résiduelle ; et l’économie, bien que sous tension, n’était pas en train de s’effondrer.

En d’autres termes, l’Iran avait encore beaucoup à perdre. L’extension de la guerre, en particulier en impliquant les États-Unis, risquait de causer des dommages catastrophiques aux infrastructures essentielles et à la cohésion interne. En contenant le conflit et en évitant une escalade indisciplinée qui aurait pu dégénérer en une guerre régionale impossible à gagner, Téhéran a pu présenter sa retenue comme une habileté stratégique à ses alliés et à son opinion publique. En somme : mieux vaut survivre dans des conditions favorables que d’escalader sans certitude de succès.

Malgré ces considérations, selon des sources iraniennes, les groupes de l’Axe dans toute la région avaient élevé leur niveau d’alerte et se tenaient prêts en cas de signal de Téhéran. Les communications entre l’Iran et ces acteurs sont restées actives tout au long du conflit. Mais pour les raisons exposées, ce signal n’est jamais venu. Ce calcul explique aussi la position ambivalente des Houthis après les frappes américaines sur l’Iran : d’abord déclarer qu’ils n’étaient plus liés par la trêve avec Washington, puis préciser qu’ils coordonneraient toute action avec Téhéran. En effet, le réseau était en veille, mais la retenue, et non l’activation automatique, restait le principe directeur de l’Iran.

Une retenue calculée, pour l’instant

La position réservée des alliés régionaux de l’Iran pendant le conflit de juin n’était ni un échec de l’alliance ni un signe de désintégration. Elle était le résultat de décisions calculées à plusieurs niveaux. Les dirigeants de Téhéran ont pesé les risques, évalué les contraintes de leurs groupes alliés et choisi de gérer l’escalade selon leurs propres conditions. Cela reflète non seulement les pressions internes auxquelles sont confrontés des acteurs tels que le Hezbollah, les groupes armés irakiens et les Houthis, mais aussi une évolution dans le fonctionnement pratique de l’Axe de la résistance.

Les événements de juin 2025 ont mis en évidence une réalité structurelle : l’Iran conserve une influence, mais ne garantit plus une synchronisation absolue entre ses partenaires. La coordination reste possible, mais elle est conditionnelle, façonnée par des priorités locales divergentes, des contraintes opérationnelles et les coûts d’une escalade incontrôlée. Le modèle qui émerge est moins un axe rigide, dirigé par un commandement, qu’un système décentralisé d’acteurs parallèles dont l’alignement dépend du timing, de la perception des menaces et des calculs stratégiques, tant les leurs que ceux de Téhéran.

Pour les dirigeants iraniens, cette évolution du paysage n’est pas une source de friction. Elle reflète plutôt une adaptation du mode opératoire de l’Axe. La retenue n’est pas seulement l’absence de capacité, c’est un instrument de dissuasion à part entière. En démontrant sa capacité à riposter de manière indépendante, Téhéran a équilibré son propre calcul des coûts et des gains avec une compréhension de la manière dont ses alliés procédaient à des évaluations similaires. La tâche ne consistait pas simplement à les libérer ou à les restreindre, mais de faire apparaître l’escalade comme contraire à l’intérêt de tous. Cependant, cette approche comporte des risques inhérents. À mesure que le réseau iranien se décentralise et que ses partenaires deviennent plus autonomes, la capacité de Téhéran à imposer une cohérence lors de la prochaine confrontation ne sera ni automatique ni garantie. Dans un Moyen‑Orient où les cessez‑le-feu sont de plus en plus fragiles et où la violence future est souvent anticipée, cette architecture en mutation restera soumise à d’importantes tensions.

Par Renad Mansour, Hamidreza Azizi (LeRubicon)

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