Le président du Parti Social-Démocrate (PSD / Jant Bi) s’est entretenu avec la rédaction de Dakartimes pour évoquer l’actualité socio-politique du pays. El Mamour Cissé n’a pas porté de gants pour dire tout haut ce que beaucoup d’hommes politiques murmurent tout bas. De la question du report de la présidentielle au choix de Amadou BA comme candidat de BBY, en passant par l’affaire de la DGE, les annonces de l’opposition qui prépare d’autres plans de lutte, entre autres, l’ancien ministre d’Etat a donné son point de vue. Entretien…
DakarTimes : Monsieur Cissé, la question du report de la Présidentielle a été agitée. Qu’en pensez-vous ?
Mamour Cissé : Je crois qu’il faut être ferme avec ceux qui veulent donner de notre pays, une image de bateau ivre, avec un leadership indécis, qui tâtonne, et ne cesse de tergiverser dans l’irresponsabilité la plus totale. Jamais de toute l’histoire de notre pays, l’on a reporté une Présidentielle, et d’ailleurs, le train de notre histoire ne peut, perpétuellement attendre les retardataires, les frileux et les aventuriers. Le prochain Président de la République du Sénégal, sera confronté à des urgences irrépressibles telles que la prise en charge de la question de l’émigration clandestine, de l’emploi des jeunes comme y invite déjà le Président de la République dans un prochain Conseil présidentiel dédié ; la question aussi de nos ressources énergétiques, le développement de l’agriculture et de l’éducation entre autres. La question centrale, (sans jeu de mots) de l’électricité, à cause de son cout exorbitant est un facteur non négligeable de stabilité socio-économique. La baisse du cout de l’électricité ne peut être que bénéfique et peut largement contribuer en soulageant les ménages à lutter contre l’émigration clandestine ; c’est une forte attente des populations et des entreprises et un défi majeur pour le prochain Président du Sénégal. Peut-on seulement reporter, aux calendes grecques de telles priorités ? La vérité c’est que la vocation d’un candidat à la candidature ne doit pas être de se préparer perpétuellement mais d’être prêt à affronter les joutes électorales à date échue ; c’est cela le sens de la responsabilité. Au demeurant, l’éminent constitutionnaliste, et actuel ministre des Affaires étrangères, a déconstruit avec brio et expertise, l’argumentaire du report. Selon lui tout report le serait, en violation de la loi fondamentale et j’ajoute que serait aussi une offense manifeste, faite à la volonté de la majorité des Sénégalais, qui se sont inscrits en masse sur les listes électorales et qui ne cessent d’appeler au respect scrupuleux du calendrier républicain. En définitive, on ne s’apprête pas pour une Présidentielle ; on est plutôt prêt ou on se terre, un point c’est tout.
L’ancienne équipe de la CENA a été virée avec son président, une nouvelle équipe vient de prêter serment. Etait-il opportun, à quelques encablures de la Présidentielle, d’opérer un tel changement ?
Il est toujours opportun de respecter la loi ; et le Président de la République, dans le cas d’espèces, n’a fait que respecter, strictement, la loi ; puisque le mandat de l’ancienne équipe avait expiré il fallait en tirer les conséquences, conformément à la loi. C’est ce que le Président a fait, en toute légalité. Maintenant, si quelqu’un ne se reconnait pas dans cette décision présidentielle, des voies de recourt lui sont offertes.
- Cissé le tollé contre la DGE ne s’est pas encore estompé, au contraire…
(il coupe) ! C’est une très mauvaise querelle ! Une querelle mesquine, dans la plus totale mauvaise foi, contre un fonctionnaire émérite, dont la très haute expertise, le dévouement admirable à sa Patrie, et sa rigueur morale ne souffrent pas l’ombre d’un seul doute ! Tous ceux qui ont participé aux différents Dialogues politiques, dans les locaux de la DGE, connaissent l’impartialité, l’objectivité et le profond respect des textes de loi, qui habitent le Directeur Général des Elections M. Thiendella FALL.
S’il (Thiendella FALL) n’a pas le pouvoir de radier ou peut-il donc trouver et puiser le pouvoir de réintégrer qui que ce soit dans le fichier ?
C’est dans le strict respect des textes et des limites de ses compétences qu’il a refusé de donner suite à la requête des émissaires de Sonko. En effet, s’il n’a pas le pouvoir de radier ou peut-il donc trouver et puiser le pouvoir de réintégrer qui que ce soit dans le fichier ? On le voit, c’est de la pure mauvaise foi et une totale inconséquence ! C’est justement par manque de « fit » que ces gens-là qui cherchent un bouc-émissaire se tournent vers la DGE en sachant parfaitement qu’à ce stade, Mr Thiendella FALL n’est pas leur interlocuteur pertinent.
Oui mais la nouvelle CENA, qui a prêté serment a promis de se pencher sur la question ?
A Dieu ne plaise ! A chacun son rôle. Mais je le rappelle avec force, quelque soient les injonctions, la DGE ne peut outrepasser ses prérogatives, car n’ayant aucun pouvoir de radier, elle n’a non plus, aucun pouvoir de réintégrer qui que ce soit dans les listes. C’est aussi simple que cela.
La campagne de parrainage bat son plein mais certains caciques de l’APR ou de la majorité attaquent déjà le candidat proposé par leur propre chef le Président Macky SALL. Ils disent de Amadou BA : qu’il n’assure ni ne rassure !
C’est de la pure malhonnêteté intellectuelle ! Tous ceux qui aujourd’hui, poussent ces cris d’orfraie avaient pourtant promis de se ranger derrière le choix du Président tels qu’il soit. Leur OUI du bout des lèvres, se révèle désormais comme un NON refoulé parce qu’ils ont trahit le Président, qui leur a pourtant tout donné. En réalité, partout où il est passé, le candidat choisi par le Président, a fait foule et a fait mouche ; voilà la réalité qui dérange. Ces porteurs du NON au choix du Président ont baissé le masque, et doivent désormais s’assumer et être conséquents avec eux-mêmes : ils doivent quitter le camp du Président puisqu’ils ont choisi de voguer à contre courant des directives du Président ; c’est cela le vrai courage politique.
Il y a aussi de l’autre côté ceux qui accusent le candidat Amadou BA de profiter des moyens de l’Etat et qui dénoncent les tracasseries qu’ils subissent ; et l’ancien Ministre de l’Intérieur Aly Ndiaye parle même de « purge aux relents régionalistes » avec le récent chamboulement dans l’administration territoriale ?
Comme si c’était la première fois qu’il y a de pareils changements dans l’administration territoriale ! Nous savons tous que c’est faux, et que c’est un pur procès d’intention ! En réalité, à ce stade du processus électoral, le dur réveil qu’inflige le défi du parrainage, la claire conscience des atouts décisifs du candidat de la majorité, tous ces facteurs, ne peuvent que créer le désarrois et l’affolement dans l’autre camp ; c’est cela qui favorise aussi l’émergence de ce discours de perdant, que les sénégalais rejettent, avec vigueur, à chaque fois qu’ils émergent. Tout ce qui est exagérer est insignifiant, et c’est la raison pour laquelle je considère pour ma part qu’il ne s’agit là, que d’un discours de campagne ; certes dangereux, mais qu’on peut comprendre. En tout état de cause il faut que les acteurs se ressaisissent, et mettent, plutôt en avant des propositions programmatiques. Cela vaut mieux pour tous et pour la Démocratie.
Amadou Ba est-il un bon candidat ?
Son cursus académique, son parcours professionnel dans les sphères de la haute administration, sa maitrise tout à fait exceptionnelle de tous les ressorts du Plan Sénégal Emergent, sa loyauté, son humilité et sa chaleur humaine, dans la totale confiance du Président de la République, tous cela, en fait à mes yeux le meilleur candidat possible.
L’opposition affute ses armes et demande la libération et la participation de Sonko à la Présidentielle de 2024. Pour ce faire, ils viennent même de créer le FIT et projette des manifestations d’envergures ?
Libres à eux de vouloir ressusciter le porteur des discours de haine, de divisions, de « Mortal Kombat, de chaos indescriptibles, de vagues destructrices » et toutti quanti ; je ne parle même pas des appels incroyables au lynchage d’un Président démocratiquement élu ! Mais, les donnes ont changé : il faudra désormais qu’ils prennent leur « FIT » à deux mains, pour affronter la volonté de paix et de concorde manifestée par le peuple, réconcilié à lui-même dans un environnement totalement pacifié aujourd’hui. Il faut que ces gens-là sachent que le peuple sénégalais mure et responsable porte plus que jamais avec conviction et panache son fameux mot d’ordre fédérateur : empêcher le chaos, vaille que vaille ! Et ensuite, dans un climat serein, veillez à des élections libres et transparentes dans l’esprit constructif d’un « Loyal Kombat », ou le meilleur, sortira vainqueur élu par le peuple souverain, avec les félicitations du vaincu ! C’est le seul Sénégal que nous méritons.
Propos recueillis par Abdou Karim MBAYE
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