avril 2, 2025
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OPINION : La loi d’amnistie au Sénégal : entre réconciliation nationale et controverse judiciaire.

En mars 2024, le Parlement sénégalais a adopté une loi d’amnistie couvrant les infractions criminelles ou correctionnelles liées aux manifestations politiques ou ayant des motivations politiques, commises entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024. Cette loi, qui vise à tourner la page des tensions politiques récentes, a provoqué un vif débat au sein de la société sénégalaise, ainsi qu’au niveau international. La question reste posée : faut-il privilégier la stabilité politique au détriment de la justice, ou est-il indispensable de faire la lumière sur les violences pour garantir une paix durable ?

Il est compréhensible de penser qu’il est essentiel de juger les criminels, surtout lorsque des actes graves ont été commis, tels que des violences ou des violations des droits humains. La justice est un pilier fondamental de la démocratie et de l’État de droit. L’impunité peut affaiblir la confiance des citoyens dans les institutions et envoyer le mauvais message que certaines personnes sont au-dessus des lois. Juger les responsables permet de rendre justice aux victimes, de reconnaître les torts subis et de décourager de futurs abus de pouvoir.

Les critiques contre la loi d’amnistie reposent justement sur ce principe : le fait que des personnalités politiques ou certains hommes influents échappent aux poursuites risque de créer un sentiment d’injustice. C’est pourquoi la proposition de loi visant à abroger l’amnistie gagne en popularité auprès de ceux qui estiment que justice doit être faite, peu importe le contexte politique.

D’ailleurs, cette décision a suscité une vague d’indignation parmi les organisations de défense des droits humains et de nombreux citoyens sénégalais. Des ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International ont dénoncé cette loi qui, selon elles, « favorise l’impunité » et « prive les victimes de justice ». Elles ont rappelé que plusieurs manifestations entre 2021 et 2024 ont été violemment réprimées, entraînant des décès, des blessés et des arrestations arbitraires.

En janvier 2025, un rapport de l’Université de Stanford a mis en lumière les violations du droit international que constitue cette loi d’amnistie. Selon les experts, le texte contrevient aux principes de justice et de responsabilité en matière de droits humains. Le rapport affirme que l’amnistie des crimes graves est incompatible avec les engagements internationaux du Sénégal en matière de justice.

On peut dire aussi qu’en mars 2025, le groupe parlementaire Pastef-Les Patriotes a déposé une proposition visant à exclure du champ d’application de l’amnistie les crimes graves, tels que la torture, les assassinats et les disparitions forcées. Cette initiative vise à garantir que les responsables de violations graves des droits de l’homme ne puissent échapper à la justice. La proposition est actuellement en examen devant la commission des lois.

En tout cas cette loi d’amnistie au Sénégal représente une question fondamentale de justice et de respect des droits des victimes. La mobilisation des acteurs politiques et de la société civile pour exclure les crimes les plus graves de l’amnistie montre la volonté de rétablir la confiance dans les institutions judiciaires et de garantir la reddition de comptes. Notamment, Les prochaines étapes avec la plénière à l’assemblée nationale prévue au début du mois d’avril seront décisives pour déterminer l’avenir de ce projet de loi.

Moussa Ba

   Parcelles Assainies

2-OPINON : Hamidou Anne : «365 jours de nuances de vide»

La vitalité de notre démocratie ainsi que la solidité des fondements de l’Etat ont permis de faire face au projet insurrectionnel de Ousmane Sonko et de sa troupe. Les vaincus ont été absous grâce à l’esprit du pardon qui constitue un des socles des sociétés humaines.

Pour la première fois, depuis le 24 mars 2024, un parti fasciste gouverne le Sénégal ; un parti sans idées dont les responsables n’ont que l’injure, la calomnie, la médisance comme armes, allant à rebours de notre culture politique et de notre tradition historique.
Le parti Pastef au pouvoir, c’est le règne de la désacralisation des institutions républicaines que ce parti n’a eu de cesse, dix ans durant, de fragiliser pour instaurer une culture de la brutalité et de la division des Sénégalais. Le parti Pastef est à l’estuaire des cours d’eau de l’intégrisme, du populisme et du fascisme.

365 jours de vide plus tard, le pays n’a pas seulement stagné : il a reculé du fait de l’incompétence technique, l’impréparation politique et l’immaturité sociale. Au sommet de l’Etat, sont parvenus des stagiaires sans arrimage idéologique, sans vécu, sans parcours et sans fait d’armes autre que la calomnie et la promotion de la violence et du désordre.

Il serait tout de même bien curieux que ceux-là qui n’ont jamais assumé la plus infime responsabilité, propulsés par miracle dans les palais, soient des embrayeurs d’un récit d’espérance. Le parti Pastef n’est pas seulement dans le reniement, il est dans la continuation de son œuvre qui a duré une décennie : le non-respect de la parole donnée, la culture de la violence et l’incompétence faits projet.

Les trahisons faites à leurs électeurs concernent notamment les appels à candidatures, la sortie du Conseil supérieur de la Magistrature, le refus de sacrifier à la tradition républicaine de la Déclaration de politique générale dans les délais, la dissolution de confort pour entériner un caprice du chef du… chef.
Le Sénégal vient de clore une année douloureuse pour tout esprit soucieux de la République, de ses us et coutumes, et de notre belle trajectoire historico-politique. Partout le vacarme prend la place du travail acharné pour continuer l’œuvre de transformation entamée en 1960 et accélérée entre 2012 et 2024.
Le Sénégal, qui a incarné en Afrique la tradition des hommes d’Etat soucieux du sens de l’Histoire, se retrouve désormais pris en étau par des dirigeants aux méthodes aussi curieuses qu’étranges. Nous sommes en face de gens qui prennent dans leurs propos comme dans leurs actions, les airs vulgaires d’agités à la solde de leur inanité.

Qui aurait pu croire qu’au pays de Kéba Mbaye, un Premier ministre traiterait publiquement le président du Conseil constitutionnel de «corrompu» ? Qui oserait croire qu’au pays du Général Mansour Seck, un chef du gouvernement accuserait un Général respectable de putschiste ? Au pays de Cheikh Anta Diop, opposant irréductible à Senghor, un chef de parti, parachuté par hasard Premier ministre, a traité ses compatriotes de l’opposition de «tapettes» dans un… live, sur Facebook.

La clochardisation des institutions est une pratique naturelle attachée aux «valeurs» du fascisme. Des directeurs généraux contestent publiquement des nominations du chef de l’Exécutif et usent même du vocable «Dégage» vis-à-vis d’un homme nommé par décret… Un complotiste notoire, islamiste assumé, est élevé à la dignité de ministre pendant que son collègue use du vocable ordurier de «chef de gang» à l’encontre d’un ancien président de la République. Le même ministre vient de dire publiquement que l’Etat du Sénégal cache le meurtre d’un ancien ministre des Finances avec la complicité tacite de l’Etat français…

Les manifestations sont systématiquement interdites pendant qu’opposants politiques, activistes et journalistes sont trainés dans les couloirs de la police ou jetés dans les geôles du régime. Le pouvoir s’arroge le droit, dans une illégalité totale, d’interdire à des citoyens d’exercer leur droit constitutionnel de voyager, de circuler librement, devant le silence des objecteurs de conscience de la Société civile et des pétitionnaires jadis peu avares de leurs leçons de morale et désormais si aphones…

Sur l’économie, le Sénégal traverse une année difficile et rien ne laisse présager une amélioration sans un changement radical de cap. En un an, le bilan du régime est une moins-value de 839 milliards de F Cfa sur les recettes et un déficit qui passe de 840 milliards de F Cfa à 2362 milliards de F Cfa.
Au minimum, 3000 emplois publics ont été détruits en une année d’exercice sans qu’aucun investissement structurant ne soit visible. La note du Sénégal a été abaissée à deux reprises en 12 mois ; le Fmi a suspendu sa coopération avec le Sénégal et les marchés désormais nous prêtent à des taux exorbitants. Conformément à ses actions d’hier, Ousmane Sonko a sciemment mis en danger la souveraineté nationale en accusant son administration de maquillage de chiffres sans aucun début de preuve. Le rapport de la Cour des comptes que le régime voulait instrumentaliser pour salir l’Alliance pour la République et les hauts fonctionnaires s’est révélé une farce. Le consensus national recherché autour du rapport avec la complicité de pans de la Société civile, notamment les éternels rentiers de la tension, n’a pu aboutir, car les Sénégalais sont désormais avertis de l’affinité naturelle de Ousmane Sonko avec le faux.

Au plan diplomatique, le Sénégal s’efface progressivement de la scène internationale et africaine. La cheffe de la diplomatie, par ses initiatives et sorties douteuses, a fini de faire consensus contre elle dans le pays. Mais ce n’est nullement la seule raison ; Mme Fall ne fait qu’exécuter -certes péniblement- une politique étrangère dont la vacuité tranche d’avec notre tradition en la matière. Le régime fait la danse du ventre devant les putschistes de l’Aes et s’honore désormais de voir un Premier ministre juger utile à chaque sortie publique de tenir des propos outranciers et outrageants vis-à-vis de la France, pourtant notre alliée historique et première partenaire bilatérale.
Le périmètre de prestige de la diplomatie se rétrécit malgré le talent et la loyauté des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères. Même le mandat confié au Sénégal pour négocier avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui ont fait sécession de la Cedeao, a été diplomatiquement retiré pour échoir au Ghana dont le Président vient à peine d’être élu.

Le Sénégal ne parvient plus à défendre avec succès les candidatures de ses citoyens dans les organisations internationales. Les échecs de Augustin Senghor, de Faouzou Dème et de Seydina Diagne, respectivement à la Fifa, à l’Omt et à l’Acnoa, prouvent que nous ne sommes plus attractifs et que nous devenons, en seulement un an, un pays banal.

Notre pays était sur une belle trajectoire. En douze ans de mise en œuvre du Plan Sénégal émergent, le Sénégal est sorti du cercle des pays les moins avancés pour rejoindre celui des pays à revenu intermédiaire. Au lieu d’accélérer la cadence de notre économie, le parti Pastef replonge le Sénégal dans les abîmes des politiques d’ajustement structurel, avec des menaces graves sur l’emploi des jeunes, le pouvoir d’achat des ménages et la pérennité des entreprises, notamment les Pme.

Le parti Pastef, qui se voulait champion de la rupture et de la modernité, se révèle chantre de l’incurie politique, de la régression économique et de l’affaissement moral. Mentir dans toutes les langues, ruminer la colère d’un rendez-vous électoral manqué et accuser avec une persistance qui frise la pathologie psychiatrique le Président Macky Sall, ne transformeront pas qualitativement la vie des Sénégalais.

Au lieu du travail acharné qui jamais ne se départit du silence créateur, le parti Pastef en 365 jours n’a abreuvé les Sénégalais que de paroles creuses qui enlacent le vide.
Hamidou ANNE

3-OPINION : La chute d’une Nation, le déclin de l’excellence à la sénégalaise

Le porte-parole du gouvernement sénégalais, Moustapha Njekk Sarré, vient de laisser à la postérité une des déclarations les plus ignobles et infâmantes de l’histoire politique de ce pays. Il aura suffi de quelques mots, prononcés lors d’une rencontre avec des jeunes militants de son parti, pour faire un mal dont on ne saurait mesurer l’impact sur la famille éplorée, leurs proches et amis. Revenant sur les circonstances du décès de l’ancien ministre des Finances, M. Sarré dira, sans gêne et dans une désinvolture sidérante, que Moustapha Ba a été tué en France et cela, «dans des conditions troubles». L’insulte et l’irrévérence au disparu sont davantage plus choquantes qu’il lui prête des mots à la bouche. Moustapha Ba aurait révélé au duo présidentiel que les chiffres de nos finances publiques «n’étaient pas exacts». En cavalier du pire, il demandera à ce qu’on élucide les circonstances de la mort de Moustapha Ba, après que le procureur de la République a autorisé l’inhumation du défunt suite aux rumeurs des plus folles. On peut se demander pour quelle raison un porte-parole du gouvernement peut balancer un propos aussi insensible et irresponsable à une audience, la semaine même où une délégation du Fonds monétaire international (Fmi) rencontre les autorités sénégalaises pour s’enquérir de tout ce qui est dit sur nos finances publiques et la falsification supposée de chiffres.

D’aucuns pourraient se dire que les écarts, dérapages et incartades sont nombreux avec le nouveau pouvoir sénégalais. Le Sénégal paie encore les conséquences de la sortie du chef du gouvernement sur les «chiffres maquillés» de notre économie, avec la chute de nos diverses notations et un effritement des obligations marquées «Sénégal». Le ministre de l’Environnement, Daouda Ngom, avait juste après sa nomination, balancé un obus au Maroc, en disant que Macky Sall a fait pire que le souverain du royaume chérifien. La ministre de la Femme, Maïmouna Dièye, signera un chèque en blanc d’insolence et d’impunité au profit de son collègue Abass Fall dans la polémique qui découlera d’un marché de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser). A ce fameux «Ya Téy», les sorties violentes et peu nécessaires du directeur du Port de Dakar, Waly Diouf Bodian, s’ajoutent à un tableau peu reluisant de sorties de piste qui décrédibilisent toute une gouvernance et surtout envoient de mauvais signaux à toute la communauté nationale. Une des promesses de Pastef dans sa jeune existence a été de proposer de faire de la politique autrement. Ce vœu se révèle, au vu de leur pratique actuelle du pouvoir et du jeu politique, un parfait leurre. Cette situation est d’autant plus alarmante et regrettable que ceux qui agissent et parlent en notre nom à tous, par leurs maladresses, excès de zèle et logiques belliqueuses mal pensées, ruinent à chaque intervention l’image du pays.

Tout citoyen est en droit d’exiger pour son pays, une représentation des plus commodes et policées de la part de ceux qui incarnent les charges publiques. Voir un parler gras et maladroit, des discours conspirationnistes et une négation des fondements de notre Etat être portés par des gens qui sont supposés montrer la meilleure image du Sénégal, impulser un développement et se faire les promoteurs de progrès socio-économique, a de quoi fendre le cœur. La grossièreté du propos du ministre Sarré devrait appeler à une présentation d’excuses publiques à la famille éplorée avant toute chose. Ce sont des gens dans le deuil à qui on rajoute des peines indescriptibles et du tourment. C’est également la mémoire d’un digne fils du Sénégal que l’on salit, même après son repos éternel. De la Justice, ce propos doit pousser à une communication claire de la part des services compétents pour lever tout voile sur le décès de Moustapha Ba et couper court à toutes les rumeurs des plus indignes collées à sa tragique disparition.

La fâcheuse conséquence de toutes ces sorties maladroites et cette logique va-t-en-guerre portée par nos hautes autorités est la détérioration de l’image et de l’aura de notre pays avant tout auprès des citoyens que nous sommes. La parole d’Etat est ainsi fragilisée et l’arène politique relègue le débat d’idées pour des querelles de gladiateurs aux arguments loufoques. Le Sénégal, pour tout ce qu’il a eu à représenter, ne mérite guère ce nivellement par le bas. C’est un pays d’idées et un pays de débats dans l’ouverture, la tolérance et le partage dont nous avons hérité. Il est inacceptable que le climat politique y soit si nauséabond que tout acteur ne pourrait souhaiter à ses contradicteurs et opposants de seul bien que la mort. Quel naufrage !

Jour après jour, un idéal du Sénégal se perd et l’atteinte d’un point de non-retour, où les clivages seront plus prégnants que toutes les passerelles de communion, est à craindre. Il va de soi que redresser cette dynamique est un effort qui sera demandé à tous. L’exemple venant toujours d’en haut, il est temps de faire comprendre à ceux qui nous servent d’autorités qu’il leur faut mettre beaucoup d’eau dans leur bissap, faire preuve d’humilité, de conciliation et de réserve. Il leur est aussi obligatoire de se départir du manteau de justicier, tout en s’éloignant des élucubrations de militants avides d’une revanche sociale et d’une spirale de règlements de comptes dont le pays pâtira énormément. Sans ce changement de paradigme, il sera triste pour nous tous d’être aux premières loges pour constater la chute d’une Nation que de sérieux sacrifices ont aidé à bâtir.

Pour les générations de Sénégalaises et Sénégalais à venir, nous devons être acteurs et comptables de l’excellence qui fait et a toujours fait le Sénégal. Se repentir est preuve de grandeur, de lucidité et de maturité. Le ministre Sarré, par une contrition sincère, peut absoudre une dynamique malheureuse de tout un régime et surtout apporter un souffle nouveau sur la représentation et l’honorabilité qui sont attendues d’autorités de son rang. Ce n’est pas trop demander pour quelqu’un qui dit vouloir bâtir un «Sénégal nouveau, sur la base de la vérité, de la rigueur et du développement pour tous».
Par Serigne Saliou DIAGNE – saliou.diagne@lequotidien.sn

4-OPINION : Le Sénégal à l’heure des urgences économiques

L’Eurobond émis en 2018 par l’Etat du Sénégal, avec une échéance prévue pour 2048, aurait subi une importante décote de 35%. Une baisse substantielle qui illustre plus que jamais, la perte de confiance internationale dans la capacité de notre pays à honorer ses obligations et à redresser rapidement sa situation financière.

Ce tournant économique, qui n’a pas de précédent connu, résulte d’une communication maladroite et politicienne du gouvernement du Sénégal concernant l’état réel de nos finances publiques et d’une polémique hasardeuse et excessive du débat économique national entretenue par une partie de l’opposition.

Quelles conséquences pour le Sénégal ?
Tous ces événements ont essentiellement suscité une inquiétude palpable sur les marchés. Ils ont poussé les investisseurs à désormais exiger une décote de 35% avant d’acquérir les titres émis par le Sénégal. Dans le même temps, les vendeurs se retrouvent contraints, au point d’accepter des moins-values lors de la cession de ces actifs sénégalais devenus à hauts risques.

Ensuite, se pose la question de la possibilité ou de la difficulté pour notre pays d’émettre de nouveaux titres. Dans un cas comme dans l’autre, le Sénégal pourrait être acculé à proposer un rendement supérieur à 10%, s’alignant ainsi sur le taux actuariel des obligations déjà émises.

Alors quelles voies de solutions ?
Dans ce contexte exceptionnel de dégradation de notre signature souveraine, l’érection d’un Front national pour la défense économique (Fnde) constituerait un premier instrument pour affronter les incertitudes économiques et financières qui pèsent sur notre Nation et qui ne risquent pas de disparaître du jour au lendemain.

Les fortes secousses qui minent les fondements de notre économie doivent nous pousser à tempérer les querelles et spéculations politiques.

Aujourd’hui, ce qui est véritablement en jeu, c’est notre capacité, en tant que Nation, à faire face à l’ampleur considérable de la crise que nous traversons et qui devrait être l’occasion, pour chaque Sénégalais, de réfléchir à la recherche de solutions efficaces. D’où l’urgence, malgré les clivages partisans, d’établir tout d’abord, un consensus politique national fort sur la méthode de calcul du taux effectif d’endettement réel du Sénégal.

La solution que je propose nécessitera d’actualiser l’encours de la dette à la fin de l’année 2024, en lui soustrayant notamment les crédits relais courts termes de l’Etat central contractés auprès des banques locales pour lesquels les conventions de financements extérieurs ont déjà été signées. Il faudra aussi déduire les dettes contingentes des structures parapubliques garanties par l’Etat et qui ne présentent pas de risques financiers pour l’Etat puisqu’elles sont souvent remboursées à travers des taxes parafiscales ou par des ressources propres desdites entités autonomes.

En plus de la nécessité d’actualiser l’encours effectif de la dette publique de l’Etat central en fin 2024 en s’appuyant sur l’encours théorique fourni par la Cour des comptes en fin 2023, le nouveau gouvernement du Sénégal devrait finaliser dans les meilleurs délais, le rebasing du Pib. Ce projet de changement d’année de base des comptes nationaux du Sénégal (Rebasing), entamé en avril 2023 par les services du ministère de l’Economie, du Plan et de la coopération pour une durée de 24 mois, permettra d’obtenir le nouveau Pib actualisé qu’il faudrait prendre en compte dans le calcul du taux d’endettement effectif réel du Sénégal. Ces mesures pourraient permettre au Sénégal de reprendre le contrôle de sa dette et d’accélérer la réduction de son taux d’endettement dans des proportions significatives.

En outre, il paraît impératif d’entamer une réforme en profondeur de la gouvernance de la dette publique en centralisant tous les emprunts de l’Etat.

Quelle posture pour les républicains ?
Notre pays ne parviendra pas à surmonter cette situation d’exception sans une véritable communion républicaine à travers un Front national pour la défense économique. Nous en sommes capables si nous sommes unis face aux grands défis économiques sénégalais.

Dans ce contexte, toutes les voix doivent être entendues. Seule notre capacité à faire front, en plaçant les intérêts supérieurs de notre pays au-dessus de tout, nous permettra de surmonter la crise économique, budgétaire et sociale que traverse notre Nation et que subissent nos concitoyens.

Dans cette situation périlleuse pour le futur de notre Nation, ma loyauté envers la République me conduit à rester constructif malgré mon opposition politique sans concession au régime actuel et les injustices qu’il fait subir à mes proches. L’union nationale ne doit pas être confondue avec l’union politique. Personne ne devrait gager sa réussite politique personnelle sur l’échec du gouvernement de Ousmane Sonko ou sur une campagne de règlement de comptes envers les anciens tenants du pouvoir. Le rayonnement du Sénégal ne se bâtira pas sur le désespoir collectif des Sénégalais et l’écroulement économique de notre pays.
Mettons un terme aux attaques politiques visant l’héritage commun et indélébile de l’ancien régime. Ceux qui gouvernent aujourd’hui et ceux qui aspirent à le faire demain devraient, au nom de l’intérêt national, se concentrer sur les actions, fédérer leurs propositions et idées pour l’amélioration de la notation souveraine du Sénégal. Redresser l’économie, c’est redonner espoir aux sénégalais et inspirer la confiance internationale.

Et c’est exactement ce que les Sénégalais, premières victimes de cette crise économique et sociale, attendent de leur élite politique.
Doudou KA
Ancien Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération

 

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