mai 9, 2025
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Politique

SECURITE ALIMENTAIRE : Comment la Banque mondiale réagit

 Les dernières données mensuelles disponibles pour la période comprise entre janvier et avril 2023 font état d’une forte inflation alimentaire dans la plupart des pays à revenu faible et intermédiaire : 70,6 % des économies à faible revenu, 81,4 % des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et 84 % des économies à revenu intermédiaire supérieur ont enregistré des taux d’inflation supérieurs à 5 %, un grand nombre d’entre elles affichant même une inflation à deux chiffres. En outre, 80,4 % des pays à revenu élevé connaissent une forte inflation alimentaire. Les pays les plus touchés se situent en Afrique, en Amérique du Nord, en Amérique latine, en Asie du Sud, en Europe et en Asie centrale. En termes réels, l’inflation des prix alimentaires a dépassé l’inflation globale dans 84,5 % des 161 pays pour lesquels des données sont disponibles.

Les indices des prix agricoles, des céréales et des exportations ont clôturé à moins 4 %, 3 % et 3 % respectivement par rapport aux niveaux enregistrés il y a deux semaines. Les prix du blé ont enregistré une baisse sensible de 11 %, tandis que ceux du riz et du maïs étaient relativement stables. En glissement annuel, les prix affichent une baisse de 25 % et 55 % respectivement pour le maïs et le blé, et une hausse de 13 % pour le riz. Par rapport aux prix enregistrés en janvier 2021, les cours du maïs affichent une hausse de 15 %, tandis que ceux du blé et du riz ont cédé 11 % et 1 % respectivement. (Se reporter aux fiches de données actualisées tous les mois pour suivre l’évolution des indices des prix des produits de base agricoles et alimentaires.)

Le 17 mai 2023, la Russie a accepté une prorogation de deux mois de l’Initiative céréalière de la mer Noire (a), un accord qui permet à l’Ukraine d’expédier des céréales par la mer Noire vers des régions du monde confrontées à la faim, renforçant ainsi la sécurité alimentaire mondiale. Cette initiative a déjà permis d’exporter plus de 30 millions de tonnes de nourriture, au profit de populations et de territoires qui comptent parmi les plus vulnérables au monde ; 30 000 tonnes de blé ukrainien ont notamment été exportées récemment vers le Soudan. L’extension de l’initiative vient principalement en aide aux pays d’Afrique, du Moyen-Orient et de certaines régions d’Asie qui dépendent du blé, de l’orge, de l’huile végétale et autres produits alimentaires d’un coût abordable en provenance d’Ukraine, et ce d’autant plus qu’ils subissent les effets de la sécheresse. Au cours de l’année écoulée, l’initiative a contribué à abaisser les prix de denrées de base comme le blé, même si l’inflation des prix alimentaires intérieurs reste élevée dans de nombreux pays.

Dans un nouveau rapport, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) alertent sur un risque d’aggravation de l’insécurité alimentaire, entre juin et novembre 2023, dans 18 « foyers de famine » (a) situés dans 22 pays.

·       L’Afghanistan, le Nigéria, la Somalie, le Soudan du Sud et le Yémen restent au niveau d’alerte le plus élevé. Haïti, le Soudan et la région du Sahel (Burkina Faso et Mali) sont désormais également placés au plus haut niveau d’alerte, tandis que la situation est jugée très préoccupante en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, en Éthiopie, au Kenya, au Myanmar, au Pakistan et en Syrie.

·       Dans toutes ces zones critiques, un grand nombre de personnes sont en situation d’urgence (phase 4 de la classification de l’insécurité alimentaire aiguë) et risquent d’être de plus en plus en danger dans les mois qui viennent du fait de l’intensification des facteurs qui agissent sur l’insécurité alimentaire.

·       La situation reste très préoccupante au Guatemala, au Honduras et au Malawi, avec un risque probable d’intensification de l’insécurité alimentaire aiguë au cours de la période de prévision. Depuis la précédente édition du rapport, en septembre 2022, l’alerte a également été étendue à El Salvador, au Liban et au Nicaragua.

Dans bon nombre de ces pays, la violence organisée et les conflits armés continuent de jouer un rôle prépondérant dans la montée de l’insécurité alimentaire aiguë. Les risques économiques y contribuent aussi, alors que l’économie mondiale devrait marquer le pas en 2023, dans un contexte marqué par un resserrement monétaire dans les économies avancées, la persistance de prix internationaux élevés pour les produits de base et la réduction globale de l’aide des bailleurs de fonds pour les efforts de lutte contre la faim dans le monde. Dans un certain nombre de pays et de régions, les phénomènes météorologiques extrêmes continuent en outre d’être des facteurs importants d’insécurité alimentaire.

L’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) examine trois facteurs qui affecteront les marchés mondiaux du riz dans les prochains mois : la disponibilité d’engrais, El Niño et son impact probable sur la production, et les politiques commerciales des grands pays exportateurs. Les pays d’Asie du Sud et du Sud-Est, qui représentent près de 60 % de la production de riz dans le monde et plus de 80 % des exportations, dépendent fortement des importations d’engrais. À la suite des sanctions imposées aux principaux exportateurs de fertilisants, les producteurs de riz se sont réorientés vers d’autres fournisseurs. Si les pénuries de composants essentiels à la fabrication des engrais persistent jusqu’à la nouvelle campagne, les rendements agricoles pourraient être affectés. L’arrivée prochaine d’El Niño et la présence d’un dipôle positif dans l’océan Indien pourraient en outre entraîner un climat chaud et sec nuisible à la production de riz. En plus de ces risques, les restrictions commerciales constituent une menace majeure pour les prix du riz. Selon une récente étude (à paraître), une augmentation de 5,5 points de pourcentage de l’inflation des denrées alimentaires accroît de 37,8 % la probabilité qu’un pays impose des restrictions à l’exportation de produits de base. Ainsi, la conjonction du phénomène El Niño et du manque d’engrais risque d’entraîner une hausse des prix, qui pourrait encore s’accentuer si les pays restreignent leurs exportations.

On assiste, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, à une vague de mesures sur les exportations et les importations de denrées. La crise alimentaire mondiale a été en partie aggravée par l’intensification des restrictions commerciales mises en place par les pays dans le but d’accroître l’offre intérieure et de faire baisser les prix. Au 13 mars 2023, 20 pays avaient imposé 26 interdictions d’exportation sur certains produits agricoles et 10 pays avaient adopté 14 mesures limitant les exportations.


L’action de la Banque mondiale

Afin de lutter contre la crise qui touche la sécurité alimentaire, la Banque mondiale a annoncé en avril 2022 qu’elle allait déployer une réponse de grande envergure comprenant notamment une enveloppe de 30 milliards de dollars sur une période de 15 mois, dont 12 milliards en faveur de nouveaux projets. Il s’agit de financer des interventions de court et long terme qui permettront d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, réduire les risques et renforcer les systèmes alimentaires, en s’articulant autour de quatre axes d’action : i) soutenir la production et les producteurs ; ii) faciliter une hausse du commerce des denrées et des intrants ; iii) soutenir les ménages vulnérables et iv) investir dans une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable.

Entre les mois d’avril et de décembre 2022, les engagements de la Banque en faveur de nouveaux prêts en faveur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle avaient passé la barre des 12 milliards de dollars, ce soutien étant principalement dirigé vers l’Afrique, l’une des régions les plus durement touchées par la crise alimentaire. Et, un an après son annonce, la Banque a atteint son objectif de 30 milliards d’engagements. En voici quelques exemples :

1. Le programme de résilience des systèmes alimentaires en Afrique de l’Ouest (766 millions de dollars) vise à mieux anticiper les risques d’insécurité alimentaire et à améliorer la résilience des systèmes agricoles. Il s’emploie notamment à développer les services de conseil numérique pour la prévention et la gestion des crises agricoles et alimentaires, renforcer les capacités d’adaptation des acteurs des filières agricoles et investir dans l’intégration des marchés et les échanges régionaux afin d’accroître la sécurité alimentaire. Un financement additionnel de 345 millions de dollars est actuellement en préparation pour le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo. 
2. La deuxième phase du projet pour la sécurité alimentaire et la résilience au Yémen a bénéficié d’un don supplémentaire de 150 millions de dollars (a), qui aidera à faire face à l’insécurité alimentaire, à renforcer la résilience à protéger les moyens de subsistance.
3. Au Tadjikistan, une aide supplémentaire de 50 millions de dollars (a) contribuera à atténuer les effets de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle sur les ménages et à renforcer la résilience de l’agriculture.
4. En Jordanie, un projet d’un montant de 125 millions de dollars (a) a pour objectif de renforcer le développement du secteur agricole tout en améliorant la résilience climatique, en accroissant la compétitivité et l’inclusion et en assurant la sécurité alimentaire à moyen et long terme.
5. En Bolivie, un projet d’un montant de 300 millions de dollars permettra d’améliorer la sécurité alimentaire, l’accès aux marchés et l’adoption de pratiques agricoles climato-intelligentes.
6. Un prêt de 315 millions de dollars aidera le Tchad, le Ghana et la Sierra Leone à mieux faire face à l’insécurité alimentaire et à améliorer la résilience de leurs systèmes agricoles.
7. Le projet d’appui d’urgence pour la sécurité alimentaire et la résilience, d’un montant de 500 millions de dollars, va accompagner les efforts déployés par l’Égypte en vue d’assurer la continuité de l’approvisionnement en pain des ménages pauvres et vulnérables, renforcer la résilience du pays aux crises alimentaires et soutenir des réformes nécessaires pour améliorer les résultats en matière de nutrition.
8. Un prêt de 130 millions de dollars en faveur de la Tunisie vise à atténuer les répercussions de la guerre en Ukraine en finançant des importations de blé tendre qui sont vitales pour le pays et en fournissant un soutien d’urgence pour couvrir les importations d’orge pour la production laitière et les besoins en semences des petits exploitants agricoles pour la prochaine campagne céréalière.
9. Le programme de résilience des systèmes alimentaires pour l’Afrique de l’Est et australe, doté de 2,3 milliards de dollars, aide les pays de la région à accroître la résilience de leurs systèmes alimentaires et leur capacité à agir contre la montée de l’insécurité alimentaire. Il permettra d’améliorer les stratégies interorganisations de riposte aux crises alimentaires, d’intensifier les efforts à moyen et long terme en faveur d’une production agricole résiliente, d’un développement durable des ressources naturelles et d’un accès élargi au marché, et de mettre davantage l’accent sur la résilience des systèmes alimentaires dans l’élaboration des politiques.

Au mois de mai, le Groupe de la Banque mondiale et la présidence du G7 ont officialisé le lancement de l’Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire (a), une initiative conjointe qui vise à mobiliser une action immédiate et concertée face à cette crise. Cette Alliance a mis au point un tableau de bord sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le monde (a), qui est accessible au grand public et fournit des informations actualisées aux décideurs mondiaux et locaux pour aider à améliorer la coordination des moyens financiers et des mesures mises en œuvre en réponse à la crise alimentaire.

Les dirigeants de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Fonds monétaire international (FMI), du Groupe de la Banque mondiale, du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont publié une troisième déclaration conjointe le 8 février 2023. Pour éviter l’aggravation de la crise de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ils appellent à l’adoption d’autres mesures d’urgence pour « i) éteindre les foyers de famine, ii) faciliter les échanges, améliorer le fonctionnement des marchés et renforcer le rôle du secteur privé, et iii) réformer et réaffecter des subventions aux effets douteux grâce à un ciblage minutieux et une démarche efficiente ». Dans leur réponse à la crise, les pays devraient concilier les interventions urgentes à court terme et les efforts de résilience à plus long terme. SOURCE : BANQUE MONDIALE

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