Afin que nos fruits ne pourrissent pas entre des mains inexpertes
« Nos fruits sont murs », disait Abdou Diouf, dans son ambition de continuer à servir le Sénégal qu’il a dirigé deux décennies durant. Une longue traversée du désert avec dévaluation, plans d’ajustements, etc. Il voulait certainement aider notre peuple à récolter, conserver et consommer avec intelligence les produits de son labeur, comme le lui a enseigné Senghor. « Accordez-moi le temps de terminer mes chantiers » suppliera Ablaye Wade, une douzaine d’années plus tard, en vain. Le chantre du Sopi, dont le rêve était de résorber le gap infrastructurel et mettre ce pays à niveau, voulait s’assurer la pérennisation de son œuvre. Peut-être aussi, y apporter quelques embellissements, comme font les créateurs. Macky Sall, quant à lui, a choisi de partir. Volontairement ? Sous la pression de la rue ? Je ne saurais dire. Ce dont je suis sûr, par contre, c’est qu’il a atteint le sommet de l’art de la gouvernance, semblablement à ses prédécesseurs. Et aujourd’hui plus qu’hier, le Sénégal a besoin de lui, de son expertise, de son expérience. Et il nous serait d’une grande utilité, en ces lendemains décisifs qui s’annoncent à notre pays. Hélas, les peuples sont versatiles et la démocratie implacable.
Il faut le dire, le Sénégal est à la croisée des chemins. L’odeur du pétrole et du gaz se fait déjà sentir, au moment même où la terre où se couche le soleil se trouve cernée par une ceinture de feu de voisins sous domination djihadiste ou militaire et que le populisme et le laisser-aller règnent en maître dans notre espace politique et public. La dérive des valeurs s’accélère. Il ne s’agit plus d’incivisme et de manque de citoyenneté, mais de régression intellectuelle et morale. Les médiocres occupent les devants de scène. Le mensonge, la délation et la calomnie sont érigés en code de conduite. Et le Pastef, adepte de la caricature, de la manipulation et de la dénonciation calomnieuse, de poursuivre sa déconstruction des fondamentaux de notre jeune nation. Après les insulteurs du Net, les députés bagarreurs et autres, il propose à la présidentielle 2024 un novice politique qui, dès l’entame de sa campagne, parle de quitter le franc CFA, de créer une monnaie nationale, de transférer la capitale, de rééquilibrer le pouvoir du président de la République par celui d’un vice-président élu au suffrage universel, etc. Rien que des inepties, cependant que son mentor accuse, accuse et accuse. Gratuitement, et comme par délectation. Et les autres, les seconds couteaux à la petite cervelle et à la sauce pastéfienne de tenir caravanes comme on tient un cirque, brouillant le débat électoral par la fabulation, parfois les jets de pierres. Une façon pour eux de rendre inaudibles les discours raisonnables, comme ils ont tenté de couvrir de poussière les performances du PSE, de ternir l’image des autorités religieuses et coutumières…
Bref, l’heure est grave. Notre pays a beaucoup trop souffert des néo-patriotes. Et la crainte de beaucoup de Sénégalais, aujourd’hui, c’est que les fruits de la présente saison présidentielle ne tombent entre des mains inexpertes et pourrissent. Un ami m’a dit qu’il tremble rien que d’y penser. Mais la bêtise a du bon. Car la bêtise quelquefois révèle l’intelligence, tout comme l’obscurité révèle la lumière, et que la nuit annonce le jour. Se perdre peut aider à mieux connaître sa route, à l’entretenir et à s’y tenir. Avoir connu le mauvais peut aider à reconnaître le bon. Avoir vu le laid peut aider à reconnaître le beau. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le candidat Amadou Ba qui a sonné le réveil des consciences, et dont le profil répond mieux à celui du « président dont je rêve » : « Il ne dénigre pas, ne polémique pas, n’accuse pas gratuitement, il réfléchit, il médite, il prie. Il ne jette pas des pierres, il sème les graines de l’espoir, il ensemence les poitrines de vertus, il travaille, travaille et travaille… »1 J’ai entendu un inspecteur des impôts raconter qu’Amadou Ba lui a confié un jour qu’il préfère être un cœur caché dans une poitrine généreuse qu’une tête bien trop visible ou qu’une langue bien trop bavarde. À Sonko qui l’accuse de tous les noms d’oiseau, comme il a l’habitude de le faire à l’endroit de ses adversaires, et dont il fut le professeur et le directeur, il apporte cette réplique semblable à un trait de lumière projeté dans l’obscurité : « Seuls les mauvais élèves parlent en mal de leur maître. »
C’est peut-être à cause de tout cela que le président de la République lui a fait confiance à plusieurs reprises avant de le désigner comme candidat de Benno. Joxarbi, disent les lébous, c’est-à-dire « pointer de l’index ». Ce qui en soi constitue un signe. Quant à la détermination, l’endurance, la résilience, j’ai vu, comme dit le philosophe2, l’homme Amadou Ba se faire aussi patient qu’un chameau, et se laisser charger de tout ce qu’il y a de lourd, d’infamant, d’impossible, et, une fois parvenu dans les profondeurs de son désert, après avoir montré sa capacité à supporter l’insupportable, devenir un lion conquérant, prêt au commandement… Je ferme les yeux et je prie pour que, une fois la victoire acquise, s’il plait à Dieu, il puisse devenir enfant, innocence, oubli et pardon, et jeu de la création, véhicule sur la route de l’émergence, sainte affirmation pour un Sénégal réconcilié avec lui-même et prospère. Je prie qu’il soit soleil sur nos terreurs, soleil sur notre espoir, comme dit notre hymne national. Quant à la formation, quant au cursus, quant au programme, ce que j’ai lu m’a convaincu.
Bien sûr, il existe parmi les autres candidats d’excellents profils à l’expertise indiscutable, possédant une expérience solide et qui sont dotés d’ambition et de charisme. Il en existe aussi parmi les candidats dits recalés. Je ne citerai pas de noms. Cependant, à cette heure de la campagne électorale où le candidat de Benno est devenu le candidat du peuple, le candidat de l’espoir, le meilleur bouclier pour préserver notre pays des aventuriers, je m’engage à ses côtés, parce que je suis moi-même bouclier3. Je vote Amadou Ba, et je demande à tous Les Citoyens Debout, les acteurs communautaires, les populations organisées dans les quartiers des villages et villes du Sénégal et qui se battent pour les communautés de voter pour lui. Car il s’agit de sauver notre pays.
Je vote et je fais voter Amadou Ba. Non sans lui rappeler que le pouvoir appartient à Dieu, qui le donne à qui il veut et le retire à qui il veut, qui fait monter pour ensuite faire descendre, qui fait croître pour ensuite faire décroître. Car, en vérité, nous tomberons tous dans la tombe. Je vote et je fais voter Amadou Ba. Et je prie que le pouvoir jamais ne l’enivre. Que les flatteurs jamais ne le détournent de ses promesses et engagements ni de la souffrance des populations. « Que l’humain soit toujours au cœur de sa préoccupation. L’éducation, la formation, l’emploi, la santé et la sécurité, ses priorités. L’agriculture, l’élevage et la pêche, ses urgences. L’artisanat, l’art, la culture et le sport le levain de l’émergence dont il est porteur. Qu’il songe aux hommes qui sont la force du peuple, aux femmes qui en sont la tendresse, aux jeunes qui en sont l’avenir, aux anciens qui en sont la mémoire. Qu’il sauve les enfants de la rue, les forces vives de l’inertie, les familles de la précarité et débarrasse à jamais ce pays des haillons de l’indignité… »4
Abdou Khadre Gaye, AKG
1/ Ma contribution intitulée « Élection présidentielle 2024 au Sénégal : le président dont je rêve »
2/ Il s’agit de Friedrich Nietzsche : « Les trois métamorphoses », dans « Ainsi parlait Zarathoustra »
3/ Voir mes critiques citoyennes « Yewwi askan wi ou Yeew askan wi » et « Ousmane Sonko et la logique pastéfienne »
4/ Ma contribution intitulée « Élection présidentielle 2024 au Sénégal : le président dont je rêve »
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