juin 26, 2024
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Economie

PROMOUVOIR L’ÉGALITÉ DE GENRE EN AFRIQUE DE L’OUEST ET CENTRALE (AFW) : Plan d’action régional 2023-2027 de la BM

Dans le but d’apporter des changements profonds que les femmes et les filles de la région de l’Afrique de l’Ouest et Centrale sont en droit d’attendre, le Groupe de la Banque mondiale doit intensifier son soutien pour aider ses clients à accélérer ces progrès dans les années à venir. Le Plan d’action régional sur l’égalité de genre en Afrique de l’Ouest et centrale définit une approche stratégique à cet effet, en identifiant les priorités thématiques et les questions émergentes les plus importantes pour la région, les principes organisationnels permettant une planification opérationnelle fondée sur des données probantes et pilotée par les pays, ainsi qu’un cadre de responsabilité pour mesurer les progrès vers la réduction des disparités liées au genre. Grâce aux engagements décrits dans le Plan d’action, l’AFW cherche à mieux soutenir ses pays clients afin d’autonomiser les femmes et les filles, ce qui sera essentiel pour atteindre une croissance économique inclusive et réduire la pauvreté dans la région.  

Selon la Banque mondiale, son nouveau Plan d’action régional sur l’égalité de genre pour la région Afrique de l’Ouest et centrale (AFW) qu’elle définit une approche pour combler les disparités critiques liées au genre, laquelle contribuera également à la réalisation de nos objectifs de développement élargis, définis dans le document sur les priorités régionales de l’AFW : Soutenir une reprise résiliente. Stratégie de la Banque mondiale pour la Région de l’Afrique de l’Ouest et centrale 2021-2025. Le Plan d’action repose sur la Stratégie du Groupe de la Banque mondiale en matière de genre pour les exercices pour les années 16-23 et fournit aux équipes de l’institution un ensemble commun de priorités et de programmes dans ce domaine, ainsi qu’un cadre organisationnel et de responsabilité clair autour duquel se coordonner. Il aidera ainsi la Banque mondiale à soutenir plus efficacement ses pays clients afin d’autonomiser les femmes et les filles, de stimuler la croissance économique et de réduire la pauvreté.

Au cours de la dernière décennie, les pays de l’AFW ont fait des progrès sur les questions de genre, notamment dans les principaux domaines de résultats que sont le capital humain, les perspectives économiques, la possibilité de se faire entendre et les moyens d’agir. La fécondité continue de baisser, l’accès des filles à l’éducation s’améliore, et la place des femmes dans l’économie et les organes de décision augmente. Et surtout, l’approche du Groupe de la Banque mondiale en matière de genre, y compris dans la région AFW, est de plus en plus stratégique et fondée sur des preuves. Malgré ces récents progrès, de fortes disparités liées au genre subsistent, et la pandémie de COVID-19 a probablement inversé certains de ces progrès, en limitant les possibilités d’éducation et d’emploi et en augmentant l’incidence des mariages et des grossesses précoces et de la violence basée sur le genre. Une femme ou une fille de la région AFW a 58 % de chances de ne pas aller à l’école secondaire, 20  % de chances d’avoir une première grossesse dès l’adolescence et 46  % de chances d’affirmer qu’un mari est en droit de battre sa femme. Elle est également susceptible de gagner beaucoup moins qu’un homme, qu’elle soit agricultrice, salariée ou entrepreneure. Elle est encore plus mal lotie si elle vit dans une zone rurale ou touchée par la fragilité ou les conflits (FCV) ou si elle est pauvre, handicapée ou appartient à une minorité ethnique.

Les interactions entre ces désavantages et les disparités liées au genre sont particulièrement importantes en AFW, où 70 % de la population vit dans un contexte de fragilité ou de conflits et où réside un quart des pauvres de la planète. Le Plan d’action s’attaque à ces désavantages en adoptant une approche stratégique coordonnée pour relever les défis complexes et multisectoriels liés au genre. Il se concentre sur des «  priorités thématiques » bien établies : 1) combler les disparités de revenus ; 2) donner aux adolescentes les moyens d’exercer leur droit au libre choix en matière de procréation  ; 3) accroître la parité de genre dans l’éducation de base ; et 4) s’attaquer aux impacts et réduire les niveaux de violence basée sur le genre. Les « questions émergentes » du Plan d’action — A) outils et compétences numériques, B) réformes d’orientation et C) normes sociales — auront un impact significatif sur les progrès susceptibles d’être réalisés au titre de ces priorités thématiques. Les données disponibles sur les interventions efficaces dans ces domaines sont toutefois relativement moins bien définies. Ces priorités et ces questions ancrent le Plan d’action dans les réalités auxquelles les femmes et les filles des pays de l’AFW sont confrontées et pour lesquelles elles ont besoin d’un soutien critique.

Priorité thématique 1 : Combler les disparités de revenus

Malgré des taux d’activité relativement élevés, les revenus des femmes de l’AFW sont inférieurs à ceux des hommes en raison de leurs perspectives économiques moins favorables. Ce constat est valable dans toute la région AFW, que les femmes travaillent dans l’agriculture, en tant qu’indépendantes ou que salariées. Ces disparités de revenus contribuent à l’augmentation des taux de pauvreté des ménages, à la diminution des investissements des ménages dans la santé et l’éducation des enfants et à la réduction de l’autonomie financière et du pouvoir de décision des femmes.

En tant qu’agricultrices, les femmes obtiennent des rendements inférieurs à ceux des hommes2 et sont moins susceptibles de commercialiser leurs produits. Au Niger, par exemple, on estime que les femmes obtiennent des rendements inférieurs de 66 % à ceux des hommes. Au-delà des rendements, les femmes sont également moins susceptibles que les hommes de transformer leur production agricole (donc moins susceptibles d’y ajouter de la valeur) ou de la vendre sur le marché (plutôt que de la réserver à la consommation du ménage). Ces disparités sont d’autant plus importantes que le secteur agricole de l’AFW emploie 42 % de la population, dont une grande partie parmi les plus pauvres.

Une forte proportion de femmes de la région AFW sont des travailleuses indépendantes, mais l’entrepreneuriat est le plus souvent adopté par nécessité plutôt que par choix. La majorité des entreprises appartenant à des femmes sont des entreprises à faible productivité qui n’ont pas ou peu d’employés. Alors que l’on estime que 87 % des femmes de la région AFW sont des travailleuses indépendantes (contre 74 % des hommes), moins de 1 % d’entre elles ont des employés (contre 1,7 % des hommes). Les travailleuses indépendantes comprennent les membres de coopératives, les travailleuses familiales collaborant à l’entreprise familiale et les personnes travaillant pour leur propre compte. Cela étant, dans de nombreux pays de l’AFW, des disparités liées au genre existent au niveau des résultats des entreprises appartenant à des femmes. Selon le rapport de la Banque mondiale intitulé Les bénéfices de la parité, les disparités de bénéfices entre hommes et femmes s’élèvent à 52  % dans les petites et moyennes entreprises (PME) du Nigéria et à 82  % dans les entreprises manufacturières du Ghana.

Le secteur salarié est généralement peu développé dans les pays de l’AFW et l’accès des femmes aux emplois salariés reste inférieur à celui des hommes. On estime ainsi que 13 % des femmes y ont un emploi salarié, contre 26 % des hommes. Des inégalités de genre existent également au niveau des types d’emplois occupés, avec des variations selon l’ancienneté, le secteur et le nombre d’heures travaillées. Bien que les contraintes pesant sur les revenus des femmes varient, elles peuvent être regroupées en trois grandes catégories : 1) les ressources (terre, capital, éducation/compétences) ; 2) les inégalités juridiques formelles et coutumières ; et 3) les normes de genre concernant le travail domestique, la garde des enfants, le travail approprié pour les femmes et la violence basée sur le genre. L’approche adoptée par la région AFW pour s’attaquer aux disparités de revenus liées au genre repose sur quatre catégories d’interventions :

1) la propriété et le contrôle des actifs et des moyens de production ;

2) les compétences et l’éducation ;

3) la charge de travail domestique des femmes et le temps disponible pour travailler ;

et 4) l’accès à l’information. 1) Le premier type d’intervention se concentre sur la terre, le crédit/financement et les intrants agricoles. L’amélioration de la sécurité foncière des femmes a trois avantages potentiels  : elle augmente les aides financières devant inciter les femmes à réaliser des investissements productifs dans leurs terres  ; elle fournit une importante source de garantie pour l’obtention de crédits ; et elle peut permettre aux femmes d’arrêter de garder leurs terres et de se tourner vers des activités plus productives en dehors de l’agriculture. Les interventions connexes comprennent l’amélioration de l’accès des femmes au crédit/financement, nécessaire pour que les agricultrices puissent acheter des intrants agricoles en plus grande quantité et de meilleure qualité. 2) Les interventions axées sur les compétences et l’éducation comprennent l’enseignement de compétences non cognitives  ; des services de vulgarisation agricole adaptés aux besoins des agricultrices  ; et des bourses d’études, un dialogue autour des normes de genre et des outils visant à améliorer l’environnement de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP) pour les femmes et à les encourager à travailler dans des secteurs mieux rémunérés, souvent dominés par les hommes. 3) Les interventions axées sur la charge de travail domestique des femmes et le temps disponible pour travailler comprennent la fourniture de services de garde d’enfants par le biais de programmes publics de protection sociale et d’organisations d’employeurs, ainsi que le soutien de l’accès des femmes à la main-d’œuvre agricole et aux technologies économisant le travail. 4) Les interventions axées sur l’information consistent notamment à donner aux femmes l’accès à des outils numériques pour se connecter aux données du marché, à partager des informations destinées aux femmes et aux filles sur les secteurs les plus rémunérateurs, et à aider les femmes à étendre leurs réseaux professionnels.

Priorité thématique 2 : Donner aux adolescentes les moyens d’exercer leur droit au libre choix en matière de procréation

La région AFW a le taux de fécondité des adolescentes le plus élevé de toutes les régions du monde, ce qui entame le capital humain d’un grand nombre de jeunes femmes et de leurs enfants et réduit les chances pour les pays de bénéficier d’un dividende démographique. À l’échelle de la région, le taux de fécondité moyen des adolescentes s’élève à 107 naissances pour 1 000 femmes de 15 à 19 ans, soit le taux le plus élevé de toutes les régions du monde. Ces taux sont encore plus élevés dans les zones rurales et les régions infranationales en retard des pays de l’AFW.

Cette situation a de graves conséquences. Premièrement, les naissances chez les jeunes femmes sont physiquement plus risquées, ce qui contribue à des résultats inférieurs en matière de santé maternelle et infantile. Deuxièmement, la procréation précoce est associée à une augmentation du taux d’abandon scolaire chez les filles. Troisièmement, les effets négatifs sur l’éducation des jeunes mères sont susceptibles de se répercuter sur leurs enfants, contribuant ainsi à la transmission intergénérationnelle de la pauvreté. Enfin, pour bénéficier du dividende démographique que représente une importante population jeune, les pays de l’AFW doivent réduire rapidement les taux de fécondité. Cela aurait pour effet d’augmenter la taille de la population d’âge actif par rapport à la population ayant des enfants à charge, ce qui entraînerait l’augmentation des revenus par habitant et la capacité des ménages (plus petits) à investir davantage dans le capital humain de chaque enfant. Or, pour réduire rapidement la fécondité, les jeunes femmes doivent avoir un plus grand contrôle sur leurs choix en matière de procréation.

Les décisions des jeunes femmes en matière de procréation sont entravées par des facteurs liés à la demande et à l’offre. Du côté de la demande, la fécondité des adolescentes dépend de facteurs tels que des taux élevés de mariage précoce, un faible niveau d’éducation, des possibilités d’emploi moindres et des normes et lois sociales restrictives. Du côté de l’offre, le manque d’accès à l’information et aux services en matière de planification familiale constitue un obstacle. Pour s’attaquer simultanément à ces contraintes interdépendantes, la Banque mondiale soutient des interventions et des politiques dans tous les domaines définis dans le cadre des quatre axes du Plan pour le capital humain en Afrique  : l’éducation, l’amélioration de l’accès aux services de santé, l’emploi et l’autonomisation des femmes grâce à un environnement favorable reposant sur des normes sociales et des lois. Par exemple, les interventions dans le secteur de la santé sont notamment axées sur l’amélioration de l’accès des filles aux services et aux informations dans les lieux traditionnels et autres, tels que les « espaces sûrs » dans les clubs de filles, et par le biais de campagnes de communication sur le changement social et comportemental.

Priorité thématique 3 : Accroître la parité de genre dans l’éducation de base

Malgré les importants progrès récemment réalisés, des disparités liées au genre subsistent au niveau de l’accès à l’éducation de base dans la région AFW. Ces disparités existent essentiellement dans le secondaire, bien qu’elles persistent dans le primaire dans certains des pays les plus fragiles. Dans l’ensemble des pays de l’AFW, l’indice moyen de parité entre les sexes6 concernant la scolarisation dans le secondaire est de 88 % ; il n’est toutefois que de 53 % au Tchad. À l’intérieur des pays, ces disparités sont beaucoup plus importantes dans les régions rurales et retardataires. L’abandon scolaire des filles est surtout un problème au niveau secondaire, lorsqu’elles atteignent l’adolescence et sont confrontées aux obstacles liés aux normes relatives à leur rôle domestique. On observe également des disparités liées au genre dans le choix des matières, les filles étant moins susceptibles de s’orienter vers les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques (STIM) à mesure qu’elles progressent dans leur scolarité. Dans l’ensemble, seulement environ 40 % des filles de la région AFW sont scolarisées dans le secondaire et seulement la moitié d’entre elles terminent le premier cycle du secondaire.

Les facteurs qui sous-tendent les disparités liées au genre dans l’éducation comprennent ceux qui affectent presque exclusivement les filles, ceux qui affectent les filles plus que les garçons, et ceux qui affectent les filles autant que les garçons. Le Plan d’action se concentre sur les deux premières catégories, qui justifient des interventions et des politiques fondées sur le genre. Les facteurs qui affectent presque exclusivement les filles comprennent les normes sociales qui sous-estiment l’importance de leur éducation et encouragent les mariages et les grossesses précoces (et les obstacles juridiques associés qui empêchent les filles enceintes ou les nouvelles mères de rester ou de retourner à l’école après l’accouchement). Les facteurs qui affectent les filles plus que les garçons sont les dépenses à la charge des ménages, les distances excessives, le manque de transports sûrs entre leur domicile et les écoles les plus proches, et la violence dans les écoles. Les interventions visant à s’attaquer à ces obstacles comprennent les transferts monétaires conditionnels et le dialogue avec divers acteurs (femmes, filles, hommes, garçons et chefs communautaires/religieux) sur l’importance de l’éducation des filles.

Priorité thématique 4 : S’attaquer aux impacts et réduire les niveaux de violence basée sur le genre

Les taux de violence basée sur le genre et son acceptation sociale restent élevés dans la région AFW, et les progrès limités réalisés ces dernières années ont probablement été en partie annulés par les effets de la pandémie. En moyenne, dans les pays de l’AFW, près de la moitié (42  %) des femmes déclarent avoir subi des violences physiques, sexuelles ou émotionnelles de la part de leur partenaire intime — une forme de violence basée sur le genre. Au cours de l’année écoulée, près d’une femme sur cinq (19 %) a été victime de violences physiques et sexuelles. La prévalence de la violence basée sur le genre est exacerbée par la fragilité, les conflits et la violence (FCV), ce qui est particulièrement pertinent compte tenu des niveaux historiques de FCV dans la région et du fait que neuf pays de l’AFW figurent actuellement sur la liste des situations de fragilité et de conflits dressée par la Banque mondiale pour l’exercice 23.

Parmi les autres pratiques préjudiciables courantes, on peut citer le mariage des enfants9 et les mutilations génitales féminines et l’excision (MGF/E). Le taux moyen de mariage des enfants dans l’ensemble des pays de l’AFW est de 36 %. Les MGF/E sont également largement pratiquées dans la région, avec d’importantes variations selon les pays. Ainsi, la proportion de femmes âgées de 15 à 49 ans qui en sont victimes varie de 2-3 % au Ghana, au Niger et au Togo à 20-30 % en Côte d’Ivoire, au Libéria, au Nigéria, en République centrafricaine et au Tchad et à plus de 80 % en Guinée, au Mali et en Sierra Leone. Les coûts physiques et psychosociaux sont importants pour les survivantes, 42 % faisant état de blessures physiques graves ainsi que de taux plus élevés d’anxiété, de dépression, de toxicomanie et de suicide. Les impacts économiques directs sur les ménages comprennent les pertes de salaire et de productivité, les problèmes de logement et les dépenses directes de santé.

Outre le fait d’entraver le développement, la violence basée sur le genre représente un important problème de gestion des risques dans le cadre des projets financés par la Banque mondiale. Ainsi, des affaires survenues dans d’autres régions de la Banque mondiale, comme l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, ont attiré l’attention sur le risque que les opérations soutenues par la Banque contribuent à l’exploitation, aux atteintes et au harcèlement sexuels. Cela vaut particulièrement pour les projets qui nécessitent de grands travaux et un afflux de main-d’œuvre dans les communautés. L’AFW abordera la question de la violence basée sur le genre à la fois comme un important obstacle au développement et comme un risque spécifique aux projets dans le cadre des opérations soutenues par la Banque. La région abordera la violence basée sur le genre comme une importante question de développement, en partie par le biais de composantes axées sur ce problème dans les opérations sectorielles. Des projets autonomes de lutte contre la violence basée sur le genre seront envisagés lorsque le contexte le justifiera clairement ou lorsque les clients en feront la demande.

L’amélioration et le développement des services d’intervention — en renforçant la prestation de services, par exemple, en s’attaquant à l’acceptation et à l’utilisation de la violence et en augmentant le soutien aux survivantes — aideront l’AFW à faire face à la violence basée sur le genre. Sa prise en compte en tant que risque critique dans le cadre des projets nécessite des efforts accrus pour identifier et atténuer les risques d’exploitation, d’atteintes et de harcèlement sexuels et d’autres formes de violence basée sur le genre au niveau des projets, conformément aux notes sur les bonnes pratiques en matière de lutte contre l’exploitation et les atteintes sexuelles et le harcèlement sexuel dans les projets d’investissements de travaux de génie civil (Good Practice Note for Addressing SEA/SH in Major Civil Works) et dans les opérations relatives au développement humain (ESF Good Practice Note for Addressing SEA/SH in Human Development Operations).

Question émergente A : Outils et compétences numériques

En AFW, les femmes ont plus de difficultés à accéder aux outils numériques et à les utiliser efficacement, ce qui a un impact sur la recherche d’un emploi dans une économie de plus en plus numérique, sur l’équilibre entre le travail domestique et la production de revenus, et sur l’accès aux services de base et à l’information. Alors que les taux de pénétration des téléphones portables augmentent rapidement au sein des ménages de la région, les femmes semblent encore avoir un contrôle limité sur ces appareils. Ainsi, selon Afrobarometer, la part des femmes rapportée à celle des hommes qui déclarent utiliser un téléphone portable tous les jours n’est encore que de 83  %. En outre, les disparités de genre dans l’utilisation de ces outils à des fins productives semblent encore plus importantes, le rapport entre la proportion de femmes et d’hommes déclarant avoir effectué ou reçu des paiements numériques au cours de l’année écoulée n’étant que de 65 %.

Peu de données ventilées par sexe sont disponibles sur les compétences numériques dans la région, mais elles laissent entrevoir des lacunes dans les compétences numériques de base et plus avancées. Les données existantes mettent en évidence quelques obstacles à l’accès des femmes aux outils et compétences numériques. Ces obstacles sont les suivants : accessibilité financière  ; exposition à la violence en ligne  ; niveaux d’alphabétisation et de connaissances et compétences numériques ; manque de contenus, d’applications et de services destinés aux femmes ; et obstacles à l’obtention des pièces d’identité qui sont parfois nécessaires pour utiliser les services numériques. Pour aider les femmes et les filles à tirer parti des compétences et des outils numériques, la région AFW se concentrera sur les obstacles étayés par des preuves solides, tout en soutenant l’élargissement de la collecte et la ventilation par sexe des données afin d’améliorer l’élaboration des politiques et des interventions liées au numérique en tenant compte du genre. Six domaines d’intervention, étayés par des preuves solides, permettent de surmonter ces obstacles :

  • Infrastructure  : soutenir un accès abordable à l’internet et des centres d’accès publics sûrs pour les femmes

2) Accès  : éliminer les obstacles (coût, normes sociales, temps) rencontrés par les femmes pour obtenir les pièces d’identité qui peuvent être nécessaires pour accéder aux services numériques ;

3) Entrepreneuriat numérique  : soutenir les entreprises utilisant le numérique en leur fournissant des financements, un accès aux réseaux/marchés et des compétences adaptées aux femmes ;

4) Services financiers  : accroître l’accès à la finance numérique et mettre en place des infrastructures de paiement régionales ;

5) Compétences  : développer des compétences numériques de base et avancées grâce à des cours destinés aux femmes et faciliter leur entrée sur le marché du travail grâce à des relations professionnelles ;

et 6) Politique  : intégrer le genre dans les cadres réglementaires et politiques des technologies de l’information et de la communication (TIC) et élaborer des politiques d’achat tenant compte de la dimension de genre.

Question émergente B : Réformes d’orientation

Malgré les importants progrès réalisés depuis 10  ans pour protéger l’égalité de genre dans les cadres juridiques de la région AFW, des améliorations restent possibles. Des disparités juridiques liées au genre persistent dans les domaines de la parentalité, de la rémunération, des actifs et de l’entrepreneuriat. Même lorsque le droit législatif est égalitaire, des disparités subsistent au niveau de la mise en œuvre et de l’application des lois. Ces difficultés découlent à la fois de la faiblesse des capacités institutionnelles et des contradictions fondamentales entre le droit législatif et le droit coutumier, lequel est généralement moins égalitaire.

Pour favoriser une protection législative et politique accrue en matière d’égalité de genre, la région AFW adoptera de plus en plus une approche proactive et stratégique. Ces dernières années, l’accent a été mis sur le soutien direct à l’autonomisation des femmes et des filles par le biais des prêts à l’appui des politiques de développement. À l’avenir, l’accent sera également mis sur les actions stratégiques en : 1) identifiant les réformes d’orientation dans les produits de mobilisation des pays en amont et dans le travail analytique de base ; 2) renforçant les partenariats locaux avec les clients, la société civile et d’autres partenaires susceptibles de plaider en faveur de réformes ; et 3) s’assurant que les réformes sont élaborées en tenant compte du financement des projets d’investissement, afin de garantir une complémentarité maximale.

Question émergente C : Normes sociales

Les normes sociales peuvent être considérées comme les règles informelles qui régissent le comportement des groupes et des sociétés10. Alors que les normes ont un impact (positif et négatif) sur chaque aspect du comportement humain, le Plan d’action se concentre sur les normes de genre qui sont préjudiciables aux femmes et aux filles et au développement en général. En AFW, elles comprennent les normes régissant la participation des femmes à la prise de décisions (dans les ménages, la communauté ou la vie politique), les activités rémunératrices par rapport aux rôles domestiques, le contrôle des terres et la propriété foncière, la valeur relative de l’éducation des filles par rapport à celle des garçons, et l’acceptation de diverses formes de violence, dont la violence du partenaire intime, les MGF/E et le mariage des enfants.

Dans tous ces domaines, force est de constater que les normes et les attitudes individuelles en AFW comptent parmi les plus restrictives au monde. Par exemple, dans toute l’AFW, les attitudes préjudiciables transparaissent dans les données sur l’acceptation de la violence du partenaire intime. Selon les données de la dernière EDS, en moyenne, 46 % des femmes vivant en AFW estiment acceptable qu’un homme frappe son épouse. Les données de l’EDS indiquent également que, dans les pays de l’AFW, en moyenne, 35 % des femmes déclarent ne pas avoir le pouvoir de prendre (seules ou non) des décisions dans les trois grands domaines que sont leurs soins de santé, les gros achats et les visites à la famille et aux proches.

La région AFW de la Banque mondiale collaborera avec ses homologues locaux pour faire évoluer les normes sociales dans tous les secteurs, lorsque cela est pertinent, notamment en abordant les incitations économiques, l’information et les aspects institutionnels/légaux. Par exemple, le recours aux incitations économiques — telles que la subvention des titres fonciers des ménages incluant le nom de l’épouse ou l’octroi de transferts monétaires conditionnels pour encourager la scolarisation des filles — est étayé par une quantité croissante de données illustrant le lien existant entre la pauvreté et l’adhésion à certaines normes (telles que le mariage des filles à un jeune âge).

La région AFW collaborera également avec les champions de l’égalité de genre au niveau national afin de faire évoluer les normes de genre et d’autonomiser les femmes et les filles. Par exemple, dans le cadre du Projet pour l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel (SWEDD), les chefs communautaires et religieux sensibilisent leurs communautés aux risques associés au mariage des enfants et aux grossesses précoces, en réponse à la forte demande des clients de s’attaquer à ces normes dans les pays participant au projet.

Compte tenu du manque de données et d’analyses existantes sur les normes sociales spécifiques à la région AFW, l’accent sera également mis sur la  constitution d’une base factuelle afin d’éclairer  la conception des politiques et des interventions. Les équipes de projet joueront un rôle à cet égard en collectant des données sur les normes et les attitudes individuelles, dans le cadre de leurs travaux préparatoires et de mise en œuvre. Le Laboratoire d’innovation sur le genre et l’égalité des sexes a déjà collecté des données sur les normes et les attitudes dans le cadre de l’établissement des niveaux de référence des évaluations d’impact dans cinq pays de l’AFW. Ces données comprennent des informations sur les normes et les attitudes dans cinq domaines liés aux perspectives économiques des femmes  : 1) la division sexuée des rôles  ; 2) le travail des femmes en dehors du foyer ; 3) le contrôle des revenus et des biens ; 4) la mobilité des femmes ; et 5) la violence basée sur le genre.

Passer à l’acte : Mise en œuvre du Plan d’action

Pour optimiser les résultats sur le terrain, le Plan d’action sera mis en œuvre selon quatre principes, à savoir qu’il sera  : 1) dirigé par les clients et les unités de gestion-pays  ; 2) pris en charge par les Pôles mondiaux d’expertise de la Banque mondiale, qui fournissent un savoir-faire technique et supervisent la mise en œuvre dans les pays ; 3) mis en œuvre à grande échelle  ; et 4) fondé sur de solides données, analyses et preuves concernant les politiques et les programmes. Ces principes orientent le nouveau plan d’action en mettant l’accent sur les besoins spécifiques de chaque pays, l’utilisation efficace du savoir-faire de la Banque mondiale, la responsabilisation et les activités fondées sur les données, ainsi que l’amélioration de certains aspects du précédent Plan d’action régional pour la parité hommes-femmes en Afrique.

En ce qui concerne le premier principe, chaque approche doit être fondée et centrée sur les besoins spécifiques du pays client, car l’impact des disparités liées au genre et la meilleure façon de les combler varient d’un pays à l’autre. Les unités de gestion-pays de la Banque mondiale intégreront la dimension de genre dans les principales activités des diagnostics-pays et dans le dialogue sur le genre avec le client. Elles définiront dans leurs cadres de partenariat-pays les disparités prioritaires pour leur pays et énonceront clairement les mesures à prendre pour y remédier.

En ce qui concerne le deuxième principe, une forte appropriation par les Pôles mondiaux d’expertise concernés est essentielle, car ils fournissent le savoir-faire technique et supervisent la mise en œuvre sur le terrain. À cette fin, les Pôles mondiaux d’expertise ont également fixé des objectifs concernant leurs contributions à la réduction des disparités liées au genre et feront rapport à cet égard. En ce qui concerne le troisième principe, la mise en œuvre à grande échelle est essentielle pour obtenir des résultats tangibles pour les populations de l’AFW. Par exemple, on estime à 21,6 millions le nombre d’adolescentes et de jeunes femmes (âgées de 10 à 24 ans) dans la région AFW qui sont vulnérables face au mariage précoce, à la maternité précoce et/ou à l’abandon scolaire avant la fin du cycle secondaire11. Pour se concentrer sur la mise en œuvre à grande échelle, il sera important de poursuivre l’évolution vers de plus grandes synergies interopérationnelles, des prêts à l’appui de réformes et de vastes opérations indépendantes d’autonomisation des femmes et des filles, lorsque les clients le demandent.

En ce qui concerne le quatrième principe, la mise en œuvre du Plan d’action nécessitera l’utilisation des meilleures données et analyses disponibles, tout en contribuant à leur amélioration. La collaboration avec les offices nationaux de statistique (ONS) permettra de réduire les déficits de données sur le genre. Outre les efforts nécessaires pour produire et diffuser de meilleures données sur le genre, le Plan d’action contribuera également à développer l’analyse de la question du genre pour orienter les politiques et les opérations. Dans la région AFW, les principaux produits analytiques de la Banque mondiale, tels que les mémorandums économiques par pays et les évaluations de la pauvreté, intégreront systématiquement l’analyse des questions de genre afin de garantir l’examen approfondi des liens entre l’(in)égalité de genre et la croissance et l’(in)égalité de genre et la pauvreté et d’éclairer les décisions des équipes et des clients de la Banque. Enfin, le Laboratoire d’innovation sur le genre et l’égalité des sexes continuera d’investir dans les évaluations d’impact et la recherche inférentielle pour examiner une nouvelle génération de questions émergentes sur les mesures efficaces afin de réduire les disparités liées au genre.

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