Les attaques de drones et de roquettes des Houthis contre des cargos en mer Rouge ont incité les forces armées américaines et britanniques à mener des frappes aériennes sur des cibles dans la région.
Les forces occidentales sont intervenues après que des navires ont été attaqués par les Houthis, un groupe rebelle soutenu par l’Iran qui contrôle une grande partie du Yémen.
Le président des États-Unis, Joe Biden, a déclaré que les forces armées américaines et britanniques avaient réussi à lancer des frappes tôt dans la journée de vendredi contre des cibles des Houthis, avec le soutien de l’Australie, de Bahreïn, du Canada et des Pays-Bas.
Plus de douze sites ont été touchés, notamment dans la capitale, Sanaa, et à Hudaydah, le bastion portuaire des Houthis sur la mer Rouge. Les cibles des Houthis au Yémen comprenaient des centres logistiques, des systèmes de défense aérienne et des dépôts d’armes.
Les Houthis soutiennent le Hamas dans la guerre qui a éclaté le 7 octobre après que la milice palestinienne a lancé une attaque contre Israël qui a fait 1 200 morts du côté israélien.
Les rebelles, qui cherchent depuis 2015 à prendre le contrôle du Yémen – un pays situé aux portes de la mer Rouge – ont lancé des missiles et des drones contre les cargos qui traversent le canal de Suez de l’est vers l’ouest et vice-versa.
Ces attaques ont contraint cinq grandes entreprises, dont la compagnie pétrolière British Petroleum (BP) et les compagnies maritimes MSC, CMA CGM, Maersk et Hapag-Lloyd, à emprunter des itinéraires commerciaux beaucoup plus longs pour protéger leurs équipages, leurs navires et leurs cargaisons.
Comment les Houthis ont-ils attaqué des cibles israéliennes ?
Après le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, les rebelles houthis ont tiré plusieurs missiles et drones sur le territoire israélien.
Les États-Unis ont déclaré que leurs navires de guerre en mer Rouge ont intercepté certains d’entre eux, tandis que d’autres sont tombés en mer Rouge ou en territoire égyptien.
En novembre 2023, les rebelles houthis se sont emparés en mer Rouge d’un cargo qu’ils disaient être israélien et l’ont emmené au large des côtes du Yémen.
Israël a déclaré que le navire ne lui appartenait pas et qu’il n’y avait pas d’Israéliens parmi les membres de l’équipage, mais des rapports non confirmés ont suggéré que le navire aurait pu avoir un propriétaire israélien.
Depuis le 3 décembre, les Houthis ont attaqué plusieurs navires commerciaux en mer Rouge à l’aide de drones et de missiles balistiques tirés depuis la côte du Yémen, qu’ils occupent.
Les navires de guerre américains, britanniques et français ont intercepté un grand nombre de ces projectiles, mais plusieurs navires ont été touchés.
La Mediterranean Shipping Company, la plus grande compagnie maritime du monde, a déclaré qu’elle détournait ses navires de la mer Rouge. Il en va de même pour la compagnie française CMA CGM, la compagnie danoise Maersk, la compagnie allemande Hapag-Lloyd et la compagnie pétrolière BP.
Le commandement central de l’armée américaine a déclaré : “Ces attaques, bien que lancées par les Houthis au Yémen, sont entièrement rendues possibles par l’Iran”.
Les États-Unis ont proposé la mise en place d’une force navale pour protéger la navigation commerciale contre de nouvelles attaques des Houthis.
Qui sont les rebelles houthis et quel est leur objectif ?
Les Houthis sont un groupe armé du Yémen issu de la minorité musulmane chiite du pays, les Zaidi.
Le groupe a été formé dans les années 1990 pour lutter contre ce qu’ils considéraient comme la corruption du président de l’époque, Ali Abdullah Saleh.
Il tire son nom du fondateur du mouvement, Hussein al-Houthi. Ils se désignent également sous le nom d’Ansarollah, ou “partisans de Dieu”.
Après l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003, les Houthis ont adopté le slogan suivant : “Dieu est grand. Mort à l’Amérique, mort à Israël. Malédiction des Juifs et victoire de l’Islam”.
Ils déclarent faire partie de “l’axe de résistance” dirigé par l’Iran contre Israël, les États-Unis et l’Occident en général, aux côtés du Hamas et du Hezbollah.
Cela explique pourquoi les Houthis attaquent désormais les navires en partance pour Israël dans le Golfe, explique Hisham al-Omeisy, spécialiste du Yémen à l’Institut européen de la paix.
“Ils se battent désormais contre les impérialistes, contre les ennemis de la nation islamique”, explique-t-il. “Cela a trouvé un écho favorable auprès de leur base”, ajoute-t-il.
Comment les Houthis ont-ils pris le contrôle d’une grande partie du Yémen ?
Les Houthis ont acquis une grande force politique au Yémen au début de l’année 2014, lorsqu’ils se sont soulevés contre le successeur d’Ali Abdullah Saleh à la présidence, Abd-Rabbu Mansur Hadi.
Ayant conclu un accord avec Salé, leur ancien ennemi, ils ont cherché à le rétablir au pouvoir.
Ils ont pris le contrôle de la province de Saada, dans le nord du Yémen, et, début 2015, se sont emparés de la capitale, Sanaa, obligeant Hadi à fuir à l’étranger.
L’Arabie saoudite, voisine du Yémen, est intervenue militairement pour tenter de renverser les Houthis et de rétablir le président Hadi au pouvoir. Elle a été soutenue par les Émirats arabes unis et Bahreïn.
Les Houthis ont repoussé ses attaques et ont continué à contrôler de grandes parties du Yémen.
Ils ont tué Ali Abdullah Saleh en 2017 lorsque celui-ci a tenté de changer de camp pour rejoindre les Saoudiens.
Qui soutient les rebelles houthis ?
Les rebelles houthis s’inspirent du Hezbollah, le groupe armé chiite libanais.
Selon le Combating Terrorism Center, un institut de recherche militaire américain, le Hezbollah leur a fourni une expérience et un entraînement militaires approfondis depuis 2014.
Les Houthis considèrent également l’Iran comme un allié, car l’Arabie saoudite est leur ennemi commun.
L’Iran est soupçonné de fournir des armes aux rebelles houthis.
Les États-Unis et l’Arabie saoudite affirment que l’Iran a fourni les missiles balistiques que les Houthis ont tirés sur Riyad, la capitale saoudienne, en 2017 et qui ont été abattus.
L’Arabie saoudite a également accusé l’Iran d’avoir fourni des missiles de croisière et des drones que les Houthis ont utilisés pour attaquer des installations pétrolières saoudiennes en 2019.
Les Houthis ont tiré des dizaines de milliers de missiles à courte portée sur l’Arabie saoudite et ont également attaqué des cibles aux Émirats arabes unis.
La fourniture de ces armes constituerait une violation de l’embargo sur les armes décrété par les Nations unies. L’Iran a nié avoir agi de la sorte.
Quelle est la puissance des rebelles houthis et quelle est la superficie du Yémen qu’ils contrôlent ?
Le gouvernement officiel est le Conseil présidentiel de direction, auquel le président Abd-Rabbu Mansur Hadi a transféré ses pouvoirs en avril 2022. Il est basé à Riyad.
Toutefois, la majeure partie de la population du Yémen vit dans des zones contrôlées par les Houthis, et l’organisation perçoit des impôts dans le nord du pays et imprime également de la monnaie.
Le Conseil de sécurité de l’ONU cite un expert du mouvement Houthi, Ahmed al-Bahri, qui a déclaré qu’en 2010, les Houthis avaient entre 100 000 et 120 000 partisans, composés de troupes armées et de partisans non armés.
L’ONU a également indiqué que près de 1 500 enfants recrutés par les rebelles houthis du Yémen ont été tués dans les combats en 2020, et des centaines d’autres l’année suivante.
Les rebelles houthis contrôlent une grande partie de la côte de la mer Rouge, d’où ils lancent leurs attaques contre les navires.
Selon M. Al Omeisy, ces attaques les ont aidés dans leurs négociations de paix avec l’Arabie saoudite.
“En montrant qu’ils peuvent effectivement fermer le détroit de Mandeb en mer Rouge, ils renforcent la pression sur les Saoudiens lorsqu’ils demandent des concessions”, explique-t-il. De BBC
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