mai 1, 2024
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CRISE AU NIGER : La France est-elle membre de la CEDEAO ?

Point d’apologie du coup d’État ! En revanche, un
dur réquisitoire s’impose contre les agissements
et les arguments de la France. Propos et gestes de
Paris très hostiles à la Junte du Niger qui, en
principe et au regard de son manque de légitimité,
est aussi affreuse ou vilaine que ses copies
conformes ou lithographies du Burkina et de
Birmanie.

L’Élysée et le Quai d’Orsay sont tellement ulcérés
par le putsch de Niamey que Macron et Colonna

ne se satisfont plus de tirer les ficelles grosses
comme des câbles. Le Président français et son
Ministre des Affaires Étrangères actionnent, sans
gêne, les catapultes (comme sur un porte-avions)
qui projettent les contingents de la CEDEAO en
territoire nigérien.

Le mur de l’hérésie est allègrement franchi avec
les manœuvres qui ont abouti à l’invitation du
Général Mahamat Déby au sommet d’Abuja. Si
l’humour convenait dans l’antichambre de l’enfer
imminent et au seuil du chaos certain, on pourrait
insinuer et même dire que la France et le Tchad
sont respectivement les seizième et dix-septième
États membres de la CEDEAO.

Hélas, l’impact fâcheux et l’effet désastreux des
influences de la France sont d’ores et déjà
perceptibles dans les craquements et les fractures
sonores au sein de la CEDEAO. Le Mali, le Burkina
et la Guinée- Conakry se cabrent contre l’option
militaire et s’apprêtent à rompre les amarres avec
le bloc ouest-africain. A contrario, l’Union
Européenne (UE) accorde solidement ses violons à
propos du Niger. Dommage pour les Africains :
éternels divisés et éternels dominés !

Au chapitre des arguments relatifs au coup d’État
du Général Tchani, la France nage dans un bassin
d’incohérences et d’inconséquences. En avril
2021, le Président Emmanuel Macron se déplace à
Ndjaména, pour assister et/ou installer le Général
Mahamat Idriss Déby, chef de la DGSSIE (Garde
présidentielle), à la tête de l’État et de la
Transition du Tchad. En août 2023, l’Élysée
mobilise la CEDEAO et la communauté
internationale contre le Commandant de la Garde
présidentielle du Niger.

Pourtant, l’un et l’autre – Déby comme Tchani, ont
enjambé le Président de l’Assemblée nationale,
enjambé le Premier ministre, enjambé le Ministre
de la Défense et contourné le chef d’État-major,
pour prendre le contrôle du pays. Dans quel pays
normal, le chef de la Garde présidentielle
remplace automatiquement le chef de l’État après
la mort ou l’empêchement de ce dernier ?
Réponse : le Tchad. Avec le soutien actif de la
France. Le Général Diendéré, chef du défunt RSP
de Blaise Compaoré n’a pas eu cette chance. Il est
en prison.

En Afrique de l’Ouest, le « deux poids, deux
mesures » de Paris est davantage illustré par le
putsch du Colonel Doumbouya. La France
condamne mollement mais coopère
fructueusement. En Guinée, la Première Dame est
une gendarme française. Ah, si le Général Tchani
avait une conjointe française ! Le 14 juillet dernier,
l’Ambassadeur de France à Conakry, Son
Excellence Marc Fonbaustier, a prononcé un
discours lyrique devant le Premier ministre
guinéen. Même feu Sékou Touré qui humilia
Charles de Gaulle en septembre 1958, y a reçu
une dose d’éloges. Bref l’ordre constitutionnel et
la légitimité sont les cadets des soucis de la France
en Afrique.

Cependant, ce qui inquiète au sujet de la crise
nigérienne, ce sont les arguments juridico-
agressifs exprimés par des voix autorisées dans
l’Hexagone. En effet, le gouvernement français
trouve que la Junte du Général Tchani est
illégitime pour exiger la fin de la coopération
militaire et le départ des 1 500 soldats français.

L’argument est très faible quand on sait que
l’Opération SERVAL (mère de l’opération

BARKHANE) a été déclenchée en 2013, à la
demande et sur la base d’un document signé par
un Président non élu, en l’occurrence, Dioncounda
Traoré, installé à la tête d’une Transition elle-
même issue des entrailles du coup d’État du
Capitaine Sanogo, tombeur du Président légitime
ATT en mars 2012. À cette époque, l’Ambassadeur
de France au Mali, Christian Rouyer, se rendait
souvent à Kati pour discuter avec le Capitaine et
non moins putschiste Sanogo

Un document au demeurant antidaté et trafiqué
par les conseillers de François Hollande, d’après le
journal français « Le Monde ». Il s’y ajoute que
c’est un autre Président malien (non encore élu),
le Colonel Assimi Goïta qui a exigé et obtenu les
départs successifs de BARKHANE et de la
MINUSMA. Sans accrocs. La leçon de Mirabeau est
encore fixée dans nos têtes d’anciens élèves de
l’École coloniale : « On peut tout soutenir, sauf
l’inconséquence ».

Si l’armée française refuse de quitter le Niger, elle
se transformera de facto en une force
d’occupation voire de colonisation. Ce qui va
réveiller le sinistre souvenir du Général Gallieni à

Madagascar ou celui du Colonel Dodds au
Dahomey. Le Niger aura alors les allures et les
couleurs d’une Nouvelle Calédonie du Sahel. Et
Macron pourra y nommer le Général De Saint-
Quentin ou le Général Gomart comme Proconsul
de la France . À l’instar de ce que fut le Général
américain Mac Arthur dans le Pacifique-Japon.

En vérité, la France veut, à fois, pousser le Général
Tchani à la faute et trouver le prétexte pour entrer
en guerre, en apportant une logistique décisive
aux soldats de la CEDEAO. Car, tant que l’armée
nigérienne n’est pas balayée de l’Aéroport de
Niamey, les troupes de la CEDEAO seront
sérieusement confrontées à l’immensité du
territoire du Niger et aux obstacles de
l’atterrissage ou du posé d’assaut. Du reste, les
axes terrestres les plus proches et les plus
rectilignes en direction de la capitale passent par
le Burkina et le Mali, deux pays solidaires de la
Junte.

En conclusion, les observateurs, analystes et
journalistes des pays membres de la CEDEAO sont
tristes d’entendre les radios étrangères

s’appesantir joyeusement sur le mandat robuste
octroyé aux contingents ouest-africains mobilisés.

Encore hélas ! Rappelons qu’en trente ans de
déploiement, la MONUC/MONUSCO n’a jamais
reçu de mandats robustes de l’ONU ; car les
soldats péruviens, pakistanais et népalais ne sont
pas prêts à mourir pour la paix au Congo. Même
chose pour la MINUSMA dépourvue de mandats
robustes durant ses dix ans de présence au Mali.
Mais pour aller abattre des camarades nigériens
issus des mêmes promotions, des militaires
africains sont vite munis de mandats robustes.
Par Babacar Justin Ndiaye

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