Le pouvoir incarné par la transition militaire a cloué le bec à beaucoup de médias privés. Ces médias dont les agréments ont été retirés sont : FIM FM, Djoma medias (Djoma TV, Djoma Fm et stations en région) et Hadafo Médias (Espace TV, Espace FM, stations en région et Sweet FM). Cette décision vient donner raison à ceux qui estiment que le régime Mamadi Doumbouya, viole la liberté d’expression en étouffant une partie de la presse.
Le motif de cette décision est juste laconique. Car dans cet arrêté signé le 21 mai par le ministre de l’Information et de la Communication, Fana Soumah, il est juste indiqué, pour justifier cette « violation » que c’est « Pour non-respect du contenu des cahiers de charge, conformément à la réglementation en vigueur en République de Guinée. »
Cette décision intervient dans un contexte de restrictions accrues sur la liberté de la presse en Guinée, où plusieurs médias audiovisuels subissent des brouillages de leurs signaux depuis plus de six mois.
Le directeur de FIM FM, Talibé Barry, a déclaré que la radio a reçu la visite de l’Autorité de régulation des postes et télécoms (ARPT), accompagnée d’un huissier de justice et d’un gendarme, le mercredi matin 22 mai. Ils ont été informés par arrêté du ministère de l’Information et de la Communication, daté du mardi 21 mai, de la révocation de leur licence.
Aucun motif précis n’a été communiqué aux médias concernés, selon Talibé Barry, qui souligne que cette décision semble être l’aboutissement du processus de répression des médias jugés gênants par les autorités de la transition.
Il ajoute : « Nous n’avons reçu aucune explication sur les raisons ayant conduit le ministre de l’Information et de la Communication à prendre cette mesure. Nous devons nous résigner au constat que cette décision marque en quelque sorte le coup final dans le processus de musèlement de nos médias qui semblent insupporter les autorités de transition. »
Le président de l’Union des Radios et Télévisions Libres de Guinée (URTELGUI) a appris la tristesse nouvelle, alors que les patrons de presse se réunissaient à la maison commune des journalistes, pour annoncer la mise en place d’un organe d’autorégulation.
Pour Aboubacar Camara, président du Conseil d’administration de la maison de la presse de Guinée, ce retrait d’agrément n’est pas du vœu des associations professionnelles de médias.
« Ça veut dire qu’on pensait qu’on avait fini une partie avec la mise en place de cet observatoire, mais il va falloir retrousser les manches pour repartir sur le terrain, pour comprendre d’abord ce qui s’est passé ou ce qui est en train de se passer. C’est pourquoi, aujourd’hui, il est important que les journalistes comprennent qu’il ne saurait y avoir de journalistes sans médias, ni de travailleurs sans travail. Il faut donc sortir de ces considérations. Aujourd’hui, nous voulons avoir une presse unie. Vous avez vu l’élan qui a été donné, même la presse privée est représentée pour qu’enfin, on parle d’une presse nationale en Guinée et non d’une presse privée et publique », a fait savoir le patron de l’URTELGUI.
Face à cette situation, il annoncé que les associations de presse sont en train de s’organiser pour faire face à cette nouvelle épreuve. Selon Aboubacar Camara, dans les situations de transition, partout dans le monde, ce sont des périodes où la presse est appelée à jouer un grand rôle.
« C’est ce que nous essayons de faire. Nous allons entamer des négociations avec les autorités pour comprendre et avancer. Notre objectif est que tous les médias se sentent libres d’exercer », dira-t-il, avant de mettre en évidence, l’importance d’une réponse mesurée et stratégique face à cette crise.
« Nous sommes en train de nous organiser. Dans les situations de transition partout dans le monde, ce sont des périodes où la presse est appelée à jouer un grand rôle. C’est ce que nous essayons de faire. Comme nous l’avons déjà dit et nous le dirons encore au besoin, nous nous retirons dans le sens des négociations avec les autorités pour comprendre et avancer. Notre objectif, c’est que tous les médias se sentent libres en termes d’exercice », a-t-il mentionné.
« Si nous essayons de mettre un organe entre les journalistes et la HAC à l’effet de récupérer la balle au rebond dans l’exercice de notre profession, il ne faudrait pas que la faille vienne des médias, encore moins des journalistes ou d’un syndicat. Et là, il y a péril en la demeure, parce qu’on nous annonce le retrait durement, ce qui rend caduque l’exercice de l’ensemble de ces médias. Vous pensez que c’est en allant insulter ou jeter des cailloux qu’on va résoudre ce problème ? Ceux qui ont investi leur argent pour créer ces médias, vous pensez être plus royalistes que ces gens ? Ce n’est pas possible, il faut que les gens le comprennent. Si on ne recule pas, la situation va aller crescendo. On n’a pas intérêt à se bomber le torse. On va aller négocier et on fera en sorte que la presse vive et elle vivra », a déclaré Aboubacar Camara.
Alimatou SARR