mai 9, 2024
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APRES LE SEISME : Les chemins de résilience du Maroc

Le tremblement de terre n’empêchera pas la tenue des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Marrakech. Le Maroc plie, mais ne rompt pas.

C’est par voie de communiqué que le FMI a annoncé, ce lundi 18 septembre, le maintien des assemblées annuelles 2023 à Marrakech. « Au terme d’un examen minutieux des conclusions, les directions de la Banque mondiale et du FMI ont convenu, en accord avec les autorités marocaines, de maintenir l’organisation des assemblées annuelles à Marrakech du 9 au 15 octobre, tout en adaptant la teneur de l’événement aux circonstances », indique la déclaration conjointe d’Ajay Banga, président de la Banque mondiale, de Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, et de Nadia Fettah Alaoui, ministre marocaine de l’Économie et des Finances.

Le maintien de ce grand raout donnera aussi l’occasion, selon la même source, à la communauté internationale de « manifester son soutien au Maroc et à ses habitants, qui font une fois de plus preuve de résilience face à une tragédie ». Moins de deux semaines après le séisme dévastateur qui a frappé le royaume chérifien la nuit du vendredi 8 septembre, le Maroc choisit, malgré les pertes humaines et les dégâts matériels, de se tourner vers l’avenir et de construire sa résilience.

Des assemblées annuelles sous le signe de la solidarité

Ainsi, malgré le séisme, le Maroc respecte son agenda international. Le pays, avec ces assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, va en effet servir de « carrefour », selon le FMI, pour discuter d’enjeux mondiaux à un moment où la coopération est plus vitale que jamais, l’accent étant mis sur les défis ainsi que sur les opportunités, notamment en Afrique et au Moyen-Orient.

Dans la foulée, la directrice générale du FMI s’est dite « très reconnaissante au Maroc pour son hospitalité », dans des propos rapportés par l’Agence marocaine de presse (MAP). La tenue de cet événement mondial qui devrait rassembler plus de 14 000 participants venus de 190 pays sera « un message de solidarité avec le royaume et avec tous les pays confrontés à des chocs, car nous vivons dans un monde davantage exposé aux chocs et nous devons y faire face ensemble », selon Kristalina Georgieva.

Érigée en priorité pour le royaume chérifien qui s’est fixé des objectifs ambitieux en matière de transition énergétique, la lutte contre les effets du changement climatique fera l’objet d’un prêt de 1,3 milliard de dollars accordé par le FMI au royaume. Objectif : renforcer la résilience du Maroc face aux risques climatiques.

« J’ai été pendant cinq ans commissaire humanitaire en charge de la réponse aux crises et j’ai constaté à maintes reprises que lorsqu’une nation s’unit, elle peut surmonter les défis les plus dramatiques », a affirmé Kristalina Georgieva, qui a poursuivi en ces termes : « Et c’est ce que fait le Maroc sous le leadership de Sa Majesté le Roi. »

Et de qualifier de « remarquable » l’élan de solidarité qu’a connu le royaume pendant cette crise. « Je sais que lorsque nous viendrons, nous serons accueillis avec la même générosité », a-t-elle ajouté. De quoi mettre du baume au cœur de l’exécutif marocain, pour qui cette décision de maintenir la tenue des assemblées annuelles témoigne de la confiance dont bénéficie le royaume auprès des institutions multilatérales. En attendant, où en est-on quant à l’ampleur des dégâts humains et matériels plus de dix jours après le tremblement de terre d’Al Haouz ?

Face à un impact économique certain, la résilience marocaine

Près de 3 000 morts et plus de 5 600 blessés ont été recensés, selon le dernier bilan du département marocain de l’Intérieur datant du 13 septembre. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime pour sa part que plus de 300 000 personnes sont affectées par ce désastre, dont le tiers constitué d’enfants. Cependant, la situation sanitaire dans les régions touchées par le tremblement de terre demeure « sous contrôle », selon l’agence onusienne, même si le choc principal a été suivi par plus de 1 000 répliques, si l’on en croit le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST).

En plus des pertes humaines, ce séisme, le plus meurtrier au Maroc depuis celui qui avait détruit Agadir en 1960, a également provoqué d’importants dégâts matériels. Ainsi, 50 000 logements totalement ou partiellement effondrés ont laissé de nombreux douars complètement détruits.

Le patrimoine architectural de la région n’a pas été épargné non plus. Le support d’information marocain Médias24 évoque 27 sites historiques endommagés, principalement à Marrakech, Taroudant et Ouarzazate.

S’il est encore trop tôt pour chiffrer l’impact économique causé par ce drame, les premiers constats laissent d’ores et déjà présager des factures très lourdes.

L’institut d’études géologiques des États-Unis (United States Geological Survey) estime quant à lui que les pertes économiques potentielles associées à ce séisme pourraient atteindre jusqu’à 8 % du PIB du Maroc. Cela représenterait environ 10,7 milliards de dollars, en se basant sur l’estimation du PIB en 2022, qui s’élevait à 134,18 milliards de dollars, selon les données de la Banque mondiale. En attendant les premières estimations officielles, il faut savoir que la région de Marrakech-Safi, dont relève la province d’Al Haouz, épicentre du séisme, crée près de 8 % de la richesse nationale.

Marrakech essentiel sur le chemin de la résilience

Composante fondamentale du tourisme au Maroc, Marrakech, première destination du royaume chérifien, totalise à elle seule plus de 40 % de l’offre touristique nationale. Ce secteur, qui génère globalement plus de 11 % du PIB, venait tout juste de renaître de ses cendres après les années de la pandémie de Covid-19. Aujourd’hui, il se trouve à nouveau face à un enjeu de taille : sauver la haute saison hivernale. Mais pas de quoi s’affoler jusque-là.

Sur place, certains touristes qui étaient en séjour dans la cité ocre ont préféré y rester, tandis que d’autres ont commencé à annuler leurs réservations. En tout cas, sauf les dégâts dans les établissements touristiques situés au niveau de l’Atlas, tous les hôtels, notamment dans les villes touristiques, sont opérationnels, comme le confirment les membres de la Confédération nationale du tourisme (CNT) dans leurs différentes déclarations accordées à la presse marocaine. Ces derniers ne cessent d’ailleurs de lancer des appels aux touristes étrangers à soutenir le Maroc en maintenant leurs voyages, notamment pour le mois d’octobre, qui est crucial pour ce secteur. Pour l’instant, les vols arrivent pleins de l’aéroport. Près de 457 vols étaient programmés la semaine dernière, comportant environ 12 000 passagers, selon Médias24.

Il faut dire que les autorités marocaines continuent de s’accrocher à leur objectif ambitieux d’accueillir 13,5 millions de touristes, comme le rappelle l’Office national marocain du tourisme (ONMT). Celui-ci s’est adressé, par voie de communiqué, aux tour-opérateurs, aux compagnies aériennes et aux associations nationales de voyage.

À noter que les acteurs du tourisme à Marrakech confirment que la majorité des établissements hôteliers sont construits selon des normes antisismiques. Sur des images circulant sur les réseaux sociaux, on voit bien que la mythique place de Jemaa el-Fna commence déjà à recevoir des visiteurs.

Une question essentielle demeure cependant dans l’esprit des Marocains : celle du défi que va représenter le chantier colossal de la reconstruction.

Relogement des familles sinistrées et protection des enfants en tête des priorités

À l’approche de l’hiver glacial dans les montagnes de l’Atlas, une autre préoccupation émerge en effet. Dans une poignée de semaines, un climat plus froid va s’installer, notamment au niveau des cinq provinces touchées par le séisme. Dans cette perspective, un plan d’urgence a été lancé par le roi Mohammed VI pour « le relogement des sinistrés et la prise en charge des catégories les plus affectées par le tremblement de terre », a affirmé le Palais royal de Rabat le jeudi 14 septembre.

Dans les détails, ce programme massif porte sur environ 50 000 logements totalement ou partiellement effondrés. Dans un premier temps, des formules d’hébergement adaptées seront mises en place dans des structures résistantes au froid et aux intempéries, ainsi que dans des sites d’accueil aménagés avec toutes les commodités nécessaires. Tout cela sera déployé dans les plus brefs délais. Objectif : aucun sinistré ne restera sans abri.

Dans cette période difficile et éprouvante que traversent les populations locales, le pays se mobilise pour soutenir les familles sinistrées. Une aide d’urgence de 30 000 dirhams sera ainsi accordée par l’État marocain aux ménages touchés par la catastrophe.

Le lancement du chantier de la reconstruction suivra, en vue de restaurer les régions touchées. Cette deuxième étape du programme consiste en des actions immédiates de reconstruction, qui seront entreprises après les opérations d’expertise et les travaux de préparation et de stabilisation des terrains.

Pour encourager la reconstruction rapide des logements endommagés, une aide financière directe de 140 000 dirhams sera accordée aux propriétaires de logements totalement effondrés, tandis que les habitations qui ont été partiellement endommagées recevront 80 000 dirhams.

Les nouvelles constructions devront respecter des caractéristiques spécifiques, notamment le patrimoine architectural unique de la région. Autre défi majeur : le financement de cette opération d’envergure, qui mobilisera en partie les moyens propres de l’État et des organismes publics, ainsi que des contributions potentielles des acteurs privés, des organisations associatives, et des pays frères et amis du Maroc, qui le souhaiteraient.

Au vu du caractère « extrêmement » prioritaire de l’opération de relogement, les autorités marocaines ont d’ores et déjà commencé l’opération de recensement des populations touchées par le séisme.

Les dégâts concernent également 530 établissements scolaires et 55 internats, qui ont été endommagés, selon le département marocain de l’Éducation. Dans ce sillage, les élèves des établissements scolaires gravement touchés par le séisme ont été transférés vers des internats de Marrakech, afin de leur permettre de reprendre leurs cours le plus tôt possible.

Alors que 100 000 enfants avaient été affectés par les effets du séisme, d’après l’Unicef, le souverain chérifien a demandé que les enfants orphelins, qui se retrouvent sans famille ni ressources, soient recensés et se voient octroyer le statut de pupille de la nation. Ces enfants « ont droit à la protection morale et à l’aide matérielle jusqu’à leur majorité ou la cessation de leurs études », selon la loi n° 33-97 relative à ce statut. Le pays se mobilise aussi pour protéger les mineurs de tous les risques et de toutes les formes de fragilité auxquels ils peuvent être exposés, mettant en place un projet de loi nécessaire pour le circuit d’adoption. Autant de décisions et d’initiatives qui illustrent que malgré la bourrasque de ce tremblement de terre, l’arbre Maroc plie mais ne rompt pas.

Par notre correspondante à Rabat, Yasmine Tijani (Le Point Afrique)

 

 

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